
Team France Export s’intéresse à la production de pomme de terre en Algérie dans un contexte de crise entre Alger et Paris.
Cet organisme public français, dont le rôle est d’accompagner les entreprises françaises à l’international, pense que celles-ci « peuvent non seulement contribuer au développement de la filière algérienne, mais aussi bénéficier d’un accès privilégié à un marché en pleine croissance. »
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C’est après s’être penchées en juin dernier sur le marché algérien de la pomme de terre que les équipes de Team France Export basées en Algérie ont alerté leurs entreprises adhérentes.
Ce diagnostic se base, entre-autres, sur les travaux du Centre de recherche en économie appliquée au développement (CREAD) qui a récemment organisé une rencontre sur la filière pomme de terre en Algérie sous le thème : « Facteurs de (dé) régulation et stratégie des acteurs ».
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L’objectif est de réussir à « réduire la dépendance excessive à l’égard des semences importées » et comme le fait remarquer dans ses colonnes El Watan « mais surtout à améliorer les performances d’une filière en crises récurrentes ».
La consommation locale de pomme de terre était estimée en 2018 à 110 kg par habitant et par an. Si le couscous aux pois chiches reste le plat national, l’omelette-frites est prisée des jeunes consommateurs.
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Afin de répondre à la demande, lors de la saison 2024-2025, les services agricoles s’attendent à une récolte de 11, 5 millions de quintaux.
Team France Export, le diagnostic
Team France Export s’est d’abord penchée sur la dépendance et les contraintes de la production algérienne de pomme de terre. Sont ainsi énumérés la dépendance de l’Algérie en semences importées ainsi que le coût élevé des engrais et des pesticides.
Team France note les analyses concernant les stratégies d’adaptation des producteurs algériens et les atouts « d’un secteur en pleine mutation ».
Pour réduire le coût important du poste semences, une des stratégies retenues par les agriculteurs consiste en la production de semences de ferme. « Une pratique notable est la réutilisation d’une partie de la récolte de la saison principale comme semence pour l’arrière-saison », note pour sa part le CREAD suite aux enquêtes de terrain menées à El Oued, grand bassin de production de pommes de terre en Algérie.
Cependant, la production de semences ne s’improvise pas, notamment face aux risques des pucerons vecteurs de maladies à virus. Contrairement aux semences de céréales, dans le cas des pommes de terre, ces redoutables virus trouvent un terrain favorable pour se conserver au sein des tubercules-semences. En Algérie, Agrodev, Sodea et Vitroplant utilisent déjà la culture in vitro.
Team France Export insiste sur le fait que le « développement de semences locales performantes est crucial » et de ce fait estime que « le transfert de savoir-faire technique [français] est également essentiel, avec la formation des agriculteurs aux techniques agricoles modernes et durables ».
Pour produire des semences saines de pomme de terre, il est indispensable de réaliser au champ une épuration des plants virosés.
Dans la presse spécialisée, un agriculteur français témoignait fin juin : « L’objectif est de fournir des plants de très bonne qualité sanitaire, exempts de parasites, estime-t-il. Je ne saurai pas produire de pomme de terre de consommation, ce n’est pas le même métier. »
Team France Export, des propositions de partenariats
L’organisme français estime que « la filière pomme de terre en Algérie a besoin d’investissements dans des équipements modernes, tels que des systèmes d’irrigation avancés, des machines de plantation et de récolte efficaces, ainsi que des installations de stockage adéquates pour réduire les pertes post-récolte », aussi suggère-t-il, « des partenariats » en ce sens.
S’adressant aux entreprises françaises spécialisées, Team France note que : « Ce contexte offre des opportunités considérables » notamment concernant « les équipements agricoles et les technologies agroalimentaires. »
La demande en matériel spécialisé est importante en Algérie. Si la plantation des pommes de terre y est le plus souvent mécanisée, ce n’est pas le cas de la récolte. Le déterrage des tubercules est certes réalisé par des arracheuses mécaniques, mais sur tout le territoire national le ramassage est manuel. À genoux au sol et à longueur de journée, les ouvriers agricoles rémunérés à la tâche tentent de remplir le plus grand nombre de caisses de pomme de terre.
Sur les 59 millions de quintaux produits en France, le secteur de la transformation absorbe 21 % de cette production. Deux tiers des tonnages vont vers la fabrication de frites surgelées et de purées en flocons. Un secteur dynamique avec des industriels tels Mccain, Mousline, Vico ou Roquette. Ce qui amène Team France à suggérer aux entreprises françaises « des collaborations et des partenariats stratégiques avec des acteurs locaux ».
Team France Export, mais également les Pays-Bas
Avec son réseau d’aide aux entreprises, Team France Export, permet à celles-ci de prospecter les marchés étrangers dont le marché algérien en « chassant en meute » sur des secteurs précis.
Mais, les entreprises françaises ne sont pas les seules à être intéressées par le marché algérien de la pomme de terre.
Début août, l’ambassadrice des Pays-Bas en Algérie, Anne Elisabeth Luwema, a rencontré le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Youcef Chorfa. Parmi les sujets abordés, les semences de pomme de terre. Quatrième producteur européen de pomme de terre, les Pays-Bas possèdent des entreprises performantes dans ce domaine.
Nul doute que pour les agriculteurs de Mascara, Aïn Defla ou El Oued, spécialisés dans la production de pomme de terre, l’accès à la technologie de leurs homologues européens devrait permettre de trouver des solutions innovantes et durables face aux défis à relever.
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