Après les dernières pluies les pâturages steppiques en Algérie ont reverdi, ce qui a entraîné la ruée des éleveurs. Le phénomène est tel qu’on assiste à de véritables convois de camions chargés de moutons. Une situation qui tranche après les mois de sécheresse printanière qu’ont connus les régions notamment de l’ouest algérien.
C’est le cas dans la région de Saïda où des troupeaux de moutons broutent les jeunes pousses apparues après la pluie tombée abondance ces derniers jours. Les semences de graminées ont germé les premières recouvrant certaines parties des parcours d’un véritable gazon. Une abondance rarement vue et qui remplit de joie les éleveurs de moutons..
Au printemps dernier à Naama, dans les hauts plateaux de l’ouest algérien, le manque de pluie était tel que les brebis erraient sur des parcours à la végétation desséchée et rare.
Les pluies ont redonné vie aux patûrages
Parcourant ces parcours désolés à l’aspect martien, les brebis s’obstinaient à gratter le sol de leurs sabots autour des rares plantes dont ne subsistait qu’un morceau de tige dépassant du sol.
Les pluies qui se sont abattues et continuent de tomber sur plusieurs régions d’Algérie depuis fin août ont changé la donne. L’abondance actuelle en fourrage pourrait réduire les tensions sur l’orge en grain traditionnellement utilisée en hiver dans les rations animales.
Les camions affluent de partout vers ces pâturages. Aux anciens GAK se mêlent des camions plus récents de marque asiatique. Leurs remorques ont été aménagées par des artisans spécialisés dans la fabrication de bétaillères.
Les ridelles sont enlevées et sont remplacées par des barreaux. Un plancher supplémentaire en bois permet de doubler la surface et ainsi transporter une centaine de bêtes.
Le Haut-Commissariat au Développement de la Steppe (HCDS) organise avec les mairies locales la location saisonnière des parcours sous forme de « Mahmiyates », mais de vastes zones restent en dehors de ce dispositif. Aussi, dans certains cas, cette ruée est l’occasion d’accéder à des fourrages gratuits.
Une situation qui a fait réagir des élus locaux. C’est le cas de ce député de la wilaya de Béni Abbas qui s’inquiète du risque de surpâturage et de dégradation des parcours. Dans un courrier au wali, il demande un meilleur contrôle de l’utilisation de ces parcours.
La question est d’autant plus sensible que la loi portant sur l’Accession à la Propriété Foncière Agricole (APFA) a amené des investisseurs à multiplier les opérations de mise en valeur ce qui a entraîné une réduction de la surface des parcours. Une situation qui se traduit par des conflits entre éleveurs habitués à utiliser les parcours et les nouveaux investisseurs qui en empêchent l’accès.
Petite hydraulique en zone steppique
Depuis plusieurs années, le HCDS a entrepris des aménagements faisant appel à la petite hydraulique afin d’augmenter l’offre fourragère. Il s’agit notamment de « ceds » ou ouvrages installés dans le lit des oueds permettant l’épandage des eaux de crues et donc l’irrigation de parcelles en bordure d’oued.
Dans un premier bilan établi en 2014, l’auteur du blog SaïdaBiida notait que « le HCDS a réalisé des ouvrages de retenues et d’infiltration des eaux des crues. S’il existe 448 ceds, alors il existe une possibilité d’entretenir 206 648 hectares à partir de ces ceds ».
A l’époque, selon la même source, le représentant du HCDS faisait état d’une nette amélioration de l’alimentation des moutons dans les régions steppiques bénéficiant de ces aménagements : « le poids moyen de la carcasse de viande des ovins est passé depuis quelques années (2002, 2003) de 13 kg à 22 kg ». Il ajoutait : « Une telle croissance dans le poids s’explique par le fait que les troupeaux trouvent de quoi manger sur les parcours pastoraux ».
Avec une superficie de 20 millions d’hectares, les parcours steppiques en Algérie représentent un potentiel agricole dont la mise en valeur dépend de la disponibilité en eau comme le montre les conditions climatiques actuelles. Une eau dont les aménagements réalisés dans le cadre de la petite hydraulique permettent de faire durer les effets bénéfiques.