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La liberté d’expression en Occident à l’épreuve des lobbies pro-israéliens

La liberté d’expression en Occident à l’épreuve des lobbies pro-israéliens

C’est l’un des fondements de la démocratie occidentale qui vacille. La liberté d’expression a rarement été malmenée en Europe et en Amérique comme elle l’est depuis le début de la guerre à Gaza.

Dans leur obsession de défendre Israël, certains gouvernements et grands médias occidentaux n’hésitent pas à emprunter leurs méthodes aux régimes autoritaires auxquels ils font la leçon à longueur d’année.

L’armée israélienne a mené des bombardements intensifs pendant près de deux mois sur la bande de Gaza, tuant au moins 15.000 civils, dont plus de 6.000 enfants. Un tel bilan n’aurait pas laissé le monde indifférent s’il avait visé un autre peuple, surtout si son auteur n’était pas l’armée israélienne.

En Occident, des politiques et des médias, s’accrochent toujours aux attaques du Hamas samedi 7 octobre, et ne disent presque rien sur les bombardements israéliens qui ont suivi. Ceux qui tentent de tenir un discours équilibré ou contraire sont assaillis de questions, et parfois accuser d’antisémitisme.

Pourquoi ? Dominique de Villepin, l’ancien Premier ministre français qui tente depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas de faire entendre raison au monde, a la réponse : « Sinon les contrats s’arrêtent ».

En lâchant cette phrase qui résume tout, Dominique de Villepin savait à quoi s’attendre. Les inévitables accusations d’antisémitisme, voire de soutien au terrorisme.

Sur le plateau de l’émission Quotidien sur la chaîne française TMC, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac est allé au fond des choses : « On voit en filigrane dans votre reportage à quel point la domination financière sur les médias et sur le monde de l’art, de la musique, pèse lourd ».

Parce que, poursuit-il, « ils ne peuvent pas dire ce qu’ils pensent, tout simplement parce que les contrats s’arrêtent immédiatement ».

Cette règle n’est pas l’apanage que des États-Unis, elle est aussi valable en France, regrette Dominique de Villepin qui, sans les nommer, a visé bien évidemment les lobbies pro-israéliens dont la mainmise sur de nombreux médias en Occident est un secret de polichinelle.

Pour moins que ça, bien des carrières ont été brisées. La moindre réaction à laquelle Dominique de Villepin devait s’attendre c’est d’être accusé d’antisémitisme, comme l’a été Jean-Luc Mélenchon lorsqu’il a tenu dès le premier jour de la guerre à situer le véritable mal qui ronge le Moyen-Orient, c’est-à-dire la colonisation israélienne.

Sans surprise, c’est Meyer Habib, le député français qui passe son temps à défendre son autre pays, Israël, qui s’est chargé de traîner Dominique de Villepin dans la boue l’accusant de suinter « la haine d’Israël dans le moindre pore de sa peau » et de « déshonorer la République ».

Ami du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, Meyer Habib tient là l’occasion de régler son compte à un homme qui a empêché la propagande israélienne et occidentale de tourner rond.

La liberté d’expression en Occident malmenée depuis le début de la guerre Israël – Gaza

Depuis le début de la guerre que mène Israël contre Gaza, l’ancien ministre des Affaires étrangères est l’une des rares voix en France à interpeller le pouvoir politique sur les retombées de l’abandon de l’équilibre historique de la position de la France au Moyen-Orient et sur la nécessité de relancer la solution à deux États au lieu de suivre aveuglément les États-Unis et le gouvernement extrémiste de Tel-Aviv.

Des dirigeants européens en exercice ont appris à leurs dépens qu’on ne critique pas impunément Israël. Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez s’est rendu jeudi au poste frontalier de Rafah, unique passage qui relie encore la bande de Gaza au reste du monde.

Sur place, il a évoqué une « catastrophe humanitaire » et appelé le gouvernement israélien à protéger les civils. Surtout, il a annoncé que son pays était prêt à reconnaître un État palestinien même contre la volonté de l’Union européenne. Il a appelé Israël à reconnaître l’État palestinien et dénoncé la « destruction de Gaza ».

Sans tarder, le gouvernement israélein l’a immédiatement accusé de « soutenir le terrorisme », provoquant une mini-crise avec l’Espagne.

Netanyahou a exprimé le même grief à l’égard du Premier ministre belge Alexander de Croo, présent lui aussi à Rafah au même temps que Pedro Sanchez. Son tort est d’avoir déclaré qu’Israël « ne respecte pas le droit international » en tuant « à l’aveugle des milliers d’enfants ».

Dans les médias, plusieurs cas de censure et de rappel à l’ordre ont été enregistrés, en lien avec la couverture du conflit du Moyen-Orient. En France, la chaîne TV5Monde a désavoué publiquement l’un de ses journalistes, Mohamed Kaci, d’origine algérienne, pour avoir refusé d’être complaisant avec le porte-parole de l’armée israélienne qu’il interviewait en direct.

Sur France Info, un présentateur a interdit, en direct à l’antenne, à une journaliste d’utiliser les mots « boucherie » et « vengeance » dans sa description de ce qui se passe à Gaza.

Quand Dominique de Villepin parle de contrats qui s’arrêtent, ce n’est pas une métaphore. Un cas concret et retentissant est venu des États-Unis la semaine passée lorsque plusieurs firmes mondialement connues (Apple, Disney et IBM notamment) ont annoncé simultanément l’annulation de commandes d’insertions publicitaires sur la plateforme X, ex-Twitter, comme mesure punitive contre son propriétaire Elon Musk, coupable de sympathie pour la population civile palestinienne.

Elon Musk était attendu au tournant depuis qu’il a affiché sa disponibilité à mettre les services de sa plateforme Starlink à la disposition des habitants de Gaza, privés d’Internet par le gouvernement israélien. Il a suffi qu’il commente un tweet sur les lobbies sionistes pour que la machine se mette en branle.

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