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La problématique des libertés et des droits de l’Homme au cœur du Hirak

La problématique des libertés et des droits de l’Homme au cœur du Hirak

La question du respect des droits de l’Homme est remise sur la table à chaque fois qu’une violence est exercée sur les manifestants. La récente vidéo montrant des policiers en train de matraquer un manifestant à terre a indigné la population et les organisations de défense des droits de l’Homme. La justice a annoncé l’ouverture d’une enquête.

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Que penser aussi des récentes détentions de manifestants dont le tort est d’avoir brandi un drapeau, celui de l’amazighité en l’occurrence ? Ces deux cas illustrent peut-être une régression dans la pratique des droits de l’Homme depuis le début du Hirak. Mais est-ce pour autant un fait nouveau ?

« La régression sur le plan des libertés ne date pas d’aujourd’hui. Depuis les réformes de 1990, on n’a pas cessé de régresser sur tous les plans, notamment depuis les réformes politiques (entre guillemets) entamées par Bouteflika en 2012. En fait, au lieu de réformes politiques, on a eu des lois liberticides (loi sur les associations, loi sur le régime électoral, sur les partis et sur l’information…) », pointe le président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADH), Me Noureddine Benissad, précisant que ces lois ne sont pas conformes aux conventions internationales que l’Algérie a ratifiées.

« Quand il s’en trouve des lois qui sont plus ou moins conformes, les pratiques au quotidien sont contraires à tous les principes relatifs aux droits de l’Homme », déplore Me Benissad. « Depuis le commencement du mouvement citoyen, fait-il remarquer, on a vu les mille et une manœuvres du pouvoir pour essayer de casser et diviser le mouvement. Evidemment, tout ceci se fait au détriment des libertés ».

Pour l’avocat, la tendance actuellement va vers « plus de restrictions des libertés, même celles qui étaient relativement tolérées. Finalement, il est illusoire de parler de libertés sous un régime autoritaire. Nous sommes plus dans la résistance que de l’affermissement du respect des libertés ».

« Nous sommes dans une dynamique de résistance. Un pouvoir autoritaire est fondé sur la négation même des libertés dont le respect est perçu comme une menace pour l’existence même d’un Etat autoritaire », fait observer l’avocat et militant des droits de l’Homme.

« Double violence »

Pour le politologue Abdelaziz Djerad, la situation des droits de l’Homme en Algérie est difficile du fait que la Hirak dure dans le temps et que les propositions de sortie de crise n’arrivent pas à se rapprocher.

« L’on se retrouve donc dans ce genre de débordements de part et d’autre », des manifestants et du pouvoir, ajoute-t-il, précisant que la violence peut être aussi verbale.

« Quand vous constatez qu’il y a des slogans qui remettent en cause la direction de l’armée et l’institution militaire ou encore ceux qui essayent d’aborder les problèmes politiques, notamment l’opposition, en tentant de trouver une plateforme de dialogue, etc. Quand on constate la violence extraordinaire qu’il y a sur les réseaux sociaux sans qu’il y ait aucune proposition pour trouver une solution à la crise, tout cela suscite des réactions négatives », observe le politologue.

Selon lui, cette « double violence » ne permet pas d’aborder les problèmes politiques « d’une manière sereine et plus ou moins objective ».

M. Djerad invite à éviter les réactions épidermiques « à partir d’une vidéo, d’une image, d’un slogan ou d’une réaction des services de sécurité sur laquelle on construit une théorie qui pose le problème de la violence et de l’agressivité. »

Et d’enchaîner : « Je pense que d’une manière générale, nous constatons que le Hirak se fait de manière pacifique et que les autorités accompagnent ce mouvement sans dégâts majeurs ».

« Qu’il y ait de temps en temps des réactions, de part et d’autre, cela fait partie de la situation générale, sachant qu’il n’est pas facile de gérer des milliers de personnes par les autorités. L’essentiel pour nous, c’est qu’il y ait un respect mutuel. Nous respectons nos services de sécurité et comprenons la situation dans laquelle ils se trouvent, chaque week-end, face à des marées humaines. Ce n’est pas facile », observe M. Djerad qui dit prendre acte également des tentatives de certains de pousser au pourrissement. « Il ne faut pas être naïf et croire que tout le monde nous veut du bien », met-il en garde.

« L’essentiel, ajoute le politologue, est de ne pas sortir de la démarche de départ, c’est-à-dire une démarche politique et revendicative et laisser petit à petit à la classe politique le temps d’élaborer les scénarios de dialogue pour trouver des solutions qui correspondent à la fois au mouvement du 22 février et aussi à l’intérêt de l’Etat algérien ».

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