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La saga d’un producteur algérien d’éthanol à base de dattes

La saga d’un producteur algérien d’éthanol à base de dattes

Abdelmadjid Khobzi est un pionnier en matière de fabrication d’éthanol à base de dattes en Algérie.

En 2020, en pleine crise du Covid 19, il est remarqué par les services de la présidence de la République. Aujourd’hui, il approvisionne le marché algérien et exporte vers plusieurs pays africains. Portrait d’un inventeur déterminé.

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C’est à l’occasion des journées portes ouvertes sur l’exportation des dattes et de leurs dérivés organisées cette semaine par l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) qu’Abdelmadjid Khobzi a eu l’occasion de revenir sur le parcours de son entreprise.

Des propos rapportés par DZ News TV. « Pour arriver à ce résultat, ce fut un combat de tous les jours », dit-il souvent à ses interlocuteurs.

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Dans la datte, tout est bon

C’est en 2017 que cet entrepreneur crée à Biskra la Sarl Ametna. L’idée est de transformer les dattes impropres à la commercialisation en dérivés à forte valeur ajoutée.

Bien sûr il pense aux produits tels le « rob » cette confiture de dattes mais voit plus loin. Depuis des années, des universitaires explorent la possibilité de fabrication d’alcool chirurgical à partir de dattes en Algérie.

Dès 2001, des chercheurs du Centre de Développement des Energies Renouvelables à Bouzaréah (Alger) développent un modèle de fermenteur d’une capacité de 500 litres et publient les premiers résultats concernant les possibilités de production locales de bioalcool à partir de déchets de dattes.

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Problème : la législation nationale est très restrictive en la matière, aussi les applications industrielles sont pratiquement impossibles.

En 2020, production de gel hydroalcoolique

L’entreprise se concentre alors sur d’autres dérivés : production de sucre et de charbon actif à partir des noyaux de dattes.

Se confiant au quotidien El Watan, l’industriel déclarait en 2021 : « Il faut savoir qu’une loi interdisait aux investisseurs nationaux de produire de l’alcool chirurgical qui est essentiellement importé depuis 1962. On risquait la prison si on le faisait. »

En 2020, à l’occasion d’un reportage télévisé, il expose l’imbroglio actuel et indique que l’entreprise est capable de produire de l’alcool chirurgical nécessaire à la fabrication de gel hydroalcoolique.

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A l’époque, avec la pandémie liée au Covid 19, la demande est forte. Le Groupe pharmaceutique SAIDAL est le premier à se lancer dans cette production.

C’est alors qu’il est contacté par les services de la présidence de la République. Il expose les possibilités de production locale d’alcool chirurgical. Des modifications législatives sont immédiatement prises au niveau national et notamment mises en œuvre par les services administratifs de la wilaya de Biskra.

Alcool chirurgical : un don aux hôpitaux

Aussitôt, les ateliers se mettent à élaborer le précieux produit dont il enverra à la Présidence un coffret contenant des échantillons.

Les premiers flacons sortis des chaînes de production seront offerts à différents hôpitaux.

A l’occasion, Abdallah Abinouar, le wali de Biskra, visite les chaînes de production et déclare à la presse : « En application des directives du président de la République et des orientations gouvernementales, nous encourageons tous les investisseurs à prendre des initiatives comme celle-ci. »

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L’alcool produit à Biskra répond aux normes internationales et sera homologué par l’Institut Pasteur d’Algérie.

Une production journalière de 3 000 litres

Aussi, quand Abdelmadjid Khobzi est invité à prendre la parole aux récentes journées organisées par Algex, il se présente en tant « que fabricant et exportateur de produits dérivés de dattes » et remercie avant tout le président Abdelmadjid Tebboune et le ministre du Commerce.

Puis, il ajoute que cette réussite constitue « un message d’espoir à tous les jeunes investisseurs qui rencontrent des problèmes. »

Aujourd’hui, l’entreprise utilise jusqu’à 5.000 tonnes de dattes déclassées pour une production journalière de 3.000 litres d’alcool et de charbon actif à partir des noyaux de dattes.

Des produits exportés vers les pays africains. L’entreprise peut compter sur des compétences nationales et la coopération internationale et en particulier celle de l’expérience iranienne. Très rares sont les pays utilisant les dattes pour produire de l’alcool.

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L’entrepreneur se dit fier « d’importer des technologies et pas seulement des machines » saluant à l’occasion l’ambassadeur d’Iran présent dans la salle.

Saisir les aides à l’export

Fort de son expérience, il appelle les investisseurs à exporter, rappelant la fiscalité particulièrement avantageuse destinée aux sociétés exportatrices et les dispositions existantes : réduction de 50 % sur les frais de transports terrestres, maritimes ou par aérien ainsi que l’aide de 80 % accordée pour la participation aux salons internationaux.

Il souhaite délivrer un message à tous les jeunes algériens : « Les portes à l’exportation sont ouvertes », rappelant qu’aujourd’hui, en tant que fabricant algérien, il exporte un produit qui était auparavant importé. Il rappelle l’action du ministère du Commerce pour arrêter l’importation d’alcool et favoriser aujourd’hui son exportation.

Enthousiaste, il ajoute : « Nous espérons, comme l’a indiqué le ministre du Commerce, pouvoir contacter les 150 pays grâce à l’aide du président de la République et du gouvernement. » Il cite également le corps diplomatique : « Des ambassadeurs nous contactent personnellement pour que nous soyons présents au niveau de leur ambassade afin d’étudier les opportunités d’exportation sur les marché dont ils ont la charge. »

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Après l’alcool, le sucre

La production d’alcool chirurgical à Biskra permet aujourd’hui de réduire les importations et permet la création d’une cinquantaine d’emplois dont ceux de techniciens et d’ingénieurs.

Cela, tout en valorisant des rebuts de dattes souvent abandonnés au pied des arbres ou au fond des entrepôts. Des rebuts qui peuvent constituer autant de gîtes d’hiver pour la ré-infestation des palmiers dattiers.

Abdelmadjid Khobzi ne compte pas s’arrêter à la valorisation des dattes. Il rêve de produire du sucre à partir de dattes mais aussi des betteraves qui pourraient être produites localement.

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