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L’Algérie dévoile un plan de développement de l’élevage ovin

L’Algérie dévoile un plan de développement de l’élevage ovin

L’Algérie, qui vient d’opérer un retour massif à l’importation des viandes rouges pour faire face à la demande locale et stopper la spirale de la hausse des prix de ces produits, dévoile un plan de développement de l’élevage ovin.

Un comité sectoriel chargé de l’élevage vient d’être installé au niveau du ministère de l’Agriculture et du développement rural. L’installation de cette instance intervient dans un contexte marqué par une hausse des prix de la viande et le manque de fourrages lié à la sécheresse.

Les services agricoles tentent ainsi de donner une nouvelle impulsion à l’élevage ovin. Cette volonté transparaît à travers le dernier recensement du cheptel ovin qui devrait permettre de vendre l’orge à prix réglementé aux seuls éleveurs.

Ce comité sectoriel regroupe des représentants de l’Union des paysans algériens (Unpa), de la Chambre nationale d’agriculture, des institutions économiques ainsi que des instituts de recherche agricole.

Le comité devrait s’appuyer sur les résultats du dernier recensement du cheptel ovin afin de planifier de futures opérations de développement.

C’est le cas pour l’alimentation des animaux et de la vente d’orge à prix administré. Dorénavant, comme annoncé à la mi-août par le ministre de l’Agriculture, Abdelhafid Henni, lors d’un déplacement à Naâma, ce type de vente devrait se poursuivre tout au long de l’année à un prix ne dépassant pas 3.200 DA le quintal. À cet effet, le montant annuel de 7 milliards DA par an lié à cette opération est pris en charge par l’État.

Le nouveau plan de développement de l’élevage ovin en Algérie se base sur la distribution « plus juste » de l’orge subventionnée aux éleveurs.

Le quota journalier alloué par brebis qui était de 300 g d’orge, est passé dernièrement à 600 g avant d’être porté à un kilo. La définition des futurs quotas de vente devrait inclure les agneaux, béliers et les autres espèces animales, comme le dromadaire.

En contrepartie, la vente ne devrait être accessible qu’aux seuls propriétaires recensés et possédant une carte de fellah délivrée par la Chambre locale d’agriculture.

Comment l’Algérie compte relancer l’élevage ovin

Le comité devrait également suivre les opérations de contrats dits triangulaires entre les éleveurs, l’office national des aliments du bétail (Onab) et l’Algérienne des viandes rouges (Alviar).

Pour le ministère, il s’agit donc de s’appuyer sur la réorganisation de la vente d’orge à prix administré et les importations ponctuelles afin d’arriver à une stabilité des prix de la viande.

Le comité devrait être également suivi les questions de sélection génétique du cheptel ovin et de sa couverture sanitaire. À cet effet, il comprend des vétérinaires et des représentants du Centre national d’insémination artificielle et d’amélioration génétique (Ceniaag).

Au-delà des annonces concernant les priorités du ministère de l’Agriculture en matière d’élevage, il y a lieu de noter la méthode utilisée. Dans ce comité de suivi figure la Chambre nationale d’agriculture représentée par son secrétaire national. À travers cette participation, apparaît une timide volonté de faire participer des organisations professionnelles agricoles.

Une participation d’autant plus nécessaire que les défis sont énormes tant par le nombre d’éleveurs que l’étendue des zones steppiques. Dans ces régions, le manque de fourrage est endémique. L’élevage n’y subsiste que grâce à l’orge importée vendue à prix réglementé aux éleveurs.

Pour de nombreux universitaires, cet apport d’orge a un effet pervers. Il encourage la présence d’un grand nombre d’animaux alors que le milieu steppique n’a pas le temps de renouveler sa végétation. Le surpâturage qui s’ensuit est la cause de la désertification d’une partie de ces territoires, comme en attestent les vents de sable qui peuvent entièrement obscurcir le ciel en plein jour.

Les mesures de recensement des éleveurs devraient permettre de limiter la spéculation sur l’orge. Jusqu’à présent, de faux éleveurs bénéficiaient de vente d’orge à prix administré qu’ils revendaient à des prix prohibitifs sur le marché noir lors des périodes de soudure.

Cependant, cette mesure ne peut à elle seule résoudre le déficit structurel en fourrage. L’attribution de concessions agricoles dès 1983 dans le cadre de l’Accession à la propriété foncière agricole (Apfa) ainsi que de subventions agricoles dans le cadre des différents plans de développement agricoles sont à l’origine de mutations profondes de la steppe en Algérie.

Les plantations d’oliviers et de céréales réduisent les surfaces de parcours, provoquant la colère des éleveurs, mais le développement de forages a permis l’essor des cultures fourragères : orge, foin de vesce avoine, luzerne et maïs ensilage.

Les études universitaires ont permis de dresser une typologie des éleveurs. Des propriétaires de 6.000 têtes côtoient de petits éleveurs disposant de 100 à 200 têtes quand ce n’est pas une vingtaine comme dans le cas de personnes sans emploi.

Co-auteur d’une étude dans la région de Djelfa, le chercheur Mohamed Kanoun fait remarquer dès 2016 la diversité des modes d’élevage. Aux traditionnels éleveurs naisseurs pratiquant l’engraissement occasionnellement, il note la présence d’éleveurs naisseurs engraisseurs durant toute l’année, mais aussi des éleveurs naisseurs engraisseurs durant les périodes religieuses (Ramadhan et Aid El Adha).

Pour améliorer la production de viande ovine en Algérie, les services agricoles tentent de s’adresser à une multitude d’éleveurs dispersés sur un vaste territoire.

En l’absence d’organisations professionnelles d’éleveurs, leur action reste ponctuelle et très limitée. Elle se caractérise par l’attribution de subventions, comme c’est le cas avec l’approvisionnement des éleveurs en orge et en campagnes de vaccination.

Cependant, à part tenter de mieux distribuer des subventions sous forme de quota d’orge, très peu d’actions visent à organiser la profession.

À part les fermes pilotes gérées par Alviar et celles d’importants éleveurs privés s’associant à des vétérinaires, le niveau technique des éleveurs algériens reste très bas.

Au sein des troupeaux, les naissances sont étalées toute l’année alors que le bon sens voudrait qu’elles soient concentrées dans les périodes où l’offre des pâturages est la plus riche, les animaux reçoivent les mêmes rations alimentaires en dépit d’un poids différent, la sélection n’est pas possible en absence de pesée régulière des agneaux, les soins vétérinaires restent insuffisants et chers.

Les distributions d’orge ne sont pas accompagnées d’un encadrement et d’une formation des éleveurs. Non pas dispensés de l’extérieur, mais venant d’associations locales représentatives et recrutant leurs propres techniciens. Des associations participant à la gestion des parcours steppiques et à la production locale de fourrages.

« Nous ne savons faire que cela, élever des moutons », déclarait récemment un éleveur. En Algérie, les zones steppiques manquent également d’emplois hors agriculture. La fragilité du milieu naturel ne peut offrir des revenus à l’ensemble des jeunes qui arrivent chaque année sur le marché de l’emploi. Ce qui pose la question de la diversification de l’activité économique des régions steppiques. Reste à savoir également vers quel secteur sont ré-investis les profits tirés de l’élevage steppique.

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