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L’Algérie face à la menace Omicron : entretien avec le Pr Mahyaoui

L’Algérie face à la menace Omicron : entretien avec le Pr Mahyaoui

Pr Riad Mahyaoui, membre du Comité scientifique de suivi du Covid-19

Le Pr Riad Mahyaoui, membre du Comité scientifique de suivi du Covid-19, répond dans cet entretien aux questions sur la menace du nouveau variant Omicron en Algérie. 

Vous êtes membre du comité scientifique. Quelle lecture faites-vous de la situation épidémiologique en Algérie ?

Ces derniers temps, la situation épidémiologique connaît des pointes de rebond et une tendance haussière des cas enregistrés quotidiennement. Nous enregistrons chaque jour jusqu’à 170 cas et 5 ou 6 morts. Cela témoigne d’une recrudescence du Covid-19 en Algérie après une situation qui était plus ou moins stable.

Tout le monde parle aujourd’hui de ce nouveau variant, l’Omicron. Qu’en est-il en Algérie ?

Ce nouveau variant n’a été déclaré que le 25 novembre par l’OMS. Il a été identifié en Afrique du Sud et a subi de nombreuses mutations alors que le variant Delta n’en compte que deux.

Les spéculations et les inquiétudes quant à sa dangerosité sont en train de faire le tour de la planète. C’est un variant qui a réellement semé un vent de panique à l’échelle mondiale, et notamment au niveau de différents pays européens.

Pour le moment, ce qui est rassurant c’est qu’en France ils n’ont pas encore identifié de cas. Par contre, en Belgique ou en Hollande un ou deux cas de ce variant ont été enregistrés.

Cela ne veut pas dire qu’il ne va pas être identifié, nous devons attendre quelques semaines pour savoir précisément l’impact de ce variant.

Est-ce que le comité scientifique prévoit de nouvelles mesures préventives par rapport au variant ?

Effectivement, on en parle. Même si cela ne fait que deux jours depuis qu’il a été déclaré et neuf jours depuis qu’il a été identifié en Afrique du Sud. On attend la prochaine réunion du comité scientifique pour en parler.

En attendant, il faut rester très prudent et l’Institut Pasteur en Algérie surveille de près les PCR.

Certains pays ont carrément suspendu leurs vols vers la France. Qu’en pensez-vous ?

C’est surtout l’Afrique du Sud qui est touchée. Après avoir déclaré le premier cas du variant sur son territoire, elle a vu le Monde fermer ses frontières avec elle, ce qui est en train de pénaliser économiquement ce pays. Mais elle a le mérite d’avoir été honnête en lançant l’alarme.

Quelles sont vos recommandations pour éviter le scénario catastrophique de la 3e vague qui a touché l’Algérie l’été dernier ?

Au moment où on parle, on ignore toujours les caractéristiques et la dangerosité du variant. Jusqu’à présent, il n’y a que des spéculations et des inquiétudes sur ce dont il est capable.

Ce qui est sûr, c’est que sa contagiosité est élevée. Il faut patienter 12 jours, voire deux semaines, afin que les scientifiques puissent le cerner.

Beaucoup de questions se posent. Les réunions vont se faire à partir d’aujourd’hui au niveau de l’OMS, qui l’a classé « préoccupant ».

Pour le moment, restons prudents. Le contrôle aux frontières de l’Algérie est très rigoureux par rapport à la PCR et aux tests antigéniques afin de prévenir son entrée dans le pays.

L’Algérie doit-elle réduire le nombre de vols avec l’étranger ?

On n’en est pas encore là. Les pays qui l’ont fait sont ceux qui avaient beaucoup de liaisons avec l’Afrique du Sud.

Avez-vous observé un relâchement concernant les mesures sanitaires sur le terrain, notamment lors de la campagne électorale pour les élections locales ?

Il y a 72 heures, l’OMS déclarait que les tendances haussières dans le monde ont été enregistrées dans les pays où les gens ont baissé les bras et ont oublié l’importance des mesures barrières.

Le masque s’impose, en théorie, dans tous les lieux publics mais cette pratique est de moins en moins respectée et de plus en plus contestée.

On ne sait pas ce que va nous réserver l’hiver par rapport à cette pandémie, néanmoins le comité scientifique appelle à la vigilance par rapport à ce relâchement.

Avec l’expérience acquise de la vague du variant Delta, l’Algérie est-elle prête à mieux affronter ce nouveau variant ?

Absolument. On a acquis une expérience considérable dans la gestion du covid-19. Au départ, nous n’avions pas de variant Delta, maintenant il est majoritaire.

Bien entendu, le comité scientifique appelle à l’application des mesures barrières et surtout, à chercher la bonne formule pour accélérer le rythme de la campagne vaccinale.

J’appelle la responsabilité citoyenne pour qu’elle prenne conscience que la situation est grave et qu’il faut réellement se protéger et être rigoureux.

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