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L’Algérie face au casse-tête des réfugiés syriens

L’Algérie face au casse-tête des réfugiés syriens

Entre impératif sécuritaire et souci humanitaire, l’Algérie a choisi la sécurité. Et cela la rend suspecte. En décidant d’expulser vers le Niger par là où ils sont arrivées une centaine de ressortissants de pays arabes, des Syriens notamment, soupçonnés d’appartenance aux organisations terroristes elle se voit accusée de maltraitance de « personnes vulnérables ».

Pour le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), il ne s’agit rien d’autre que de « réfugiés » à qui il demande de rendre visite, se disant « inquiet » pour leur « sécurité ». Ce sont, selon lui, des « personnes vulnérables, venant de Syrie, de Palestine et du Yémen » formant un groupe de 120 personnes désormais bloquées à la frontière .

Le HCR soutient que certaines de ces personnes (une vingtaine) sont connues de lui comme des « réfugiés » fuyant les persécutions et ayant demandé la protection internationale de l’Algérie. Ces personnes sont bloquées à In-Guezzam, à 3 km de la frontière. Il est plus pertinent dans ce cas de parler de « demandeurs d’asile » plutôt que de « réfugiés » puisque ce statut est acquis quand la demande de protection est accordée après avoir été instruite.

Une centaine d’autres personnes, reconduites vers la frontière, ne sont pas enregistrés par ses services, admet le HCR qui demande de pouvoir leur rendre visite afin d’évaluer leurs « besoins humanitaires » et « identifier » celles qui ont besoin de la protection internationale.

Le HCR reconnaît que la sécurité des frontières relève bien des prérogatives de l’État mais considère que celle-ci n’est « pas incompatible » avec la demande de protection. Il demande donc à l’Algérie un effort supplémentaire pour accueillir d’autres personnes « dont la vie est en danger », au côtés des 50.000 Syriens déjà protégés.

L’alerte du HCR est intervenue après celle de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme qui a parlé de « refoulement » d’une cinquantaine de migrants, dont des femmes et des enfants arrivés clandestinement en Algérie.

L’Algérie répond qu’il n s’agit pas d’une mesure arbitraire mais de l’exécution d’une décision de justice devant laquelle ont comparu les personnes arrivées en septembre. Ce serait, explique Hacène Kacimi à TSA Arabi, directeur de la Migration au ministère de l’Intérieur, d’anciens jihadistes venus d’Alep, un des fiefs de Daech et du Front al-Nosra. Il en veut pour preuve leur parcours détourné puisqu’ils vont passer par le Mali, le Niger et même la Mauritanie avant de rejoindre l’Algérie. La présence de familles ne serait que ruse pour tromper la vigilance des autorités, lesquelles suivent avec attention les suites de la débâcle des groupes terroristes en Syrie.

Les jihadistes peuvent être tentés de reconstituer de nouveaux fronts surtout qu’ils sont parfois un instrument de déstabilisation aux mains de puissance étrangères comme cela s’est vu en Syrie justement.

En novembre dernier, le député islamiste Hacene Aribi s’était ému du projet d’expulsion d’un groupe de Syriens vers leur pays. Ces demandeurs d’asile ont créé aussi un moment de tension entre l’Algérie et le Maroc au sujet du lieu de leur passage de la frontière.

Après le « qui tue qui » dans les années 90, la question des réfugiés risque de devenir une vraie pomme de discorde entre les ONG et l’Algérie déjà accusée de maltraiter les migrants africains.

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