Les relations entre l’Algérie et l’Espagne traversent une période de fortes turbulences. Depuis l’annonce vendredi 18 mars de Madrid de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, rien ne va plus entre les deux pays.
Au lendemain de l’annonce de cette décision surprenante et radicale, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Madrid pour consultations, avec effet immédiat. Une semaine après, le vendredi 25 mars, une source officielle algérienne a dit au journal espagnol El Confidencial que la réponse de l’Algérie sera « globale » et multiforme ».
« Face au reniement par l’Espagne de sa position de neutralité sur la question du Sahara occidental et de son soutien explicite à la perpétuation du fait colonial dans ce territoire occupé qui échappe à la souveraineté marocaine, la réponse de l’Algérie sera globale et elle se déclinera souverainement et de manière multiforme sur de nombreux volets », a déclaré la source algérienne.
L’Espagne s’est interrogée notamment sur un éventuel recours de l’Algérie à l’arme du gaz pour la punir, après son revirement radical dans le dossier du Sahara occidental.
Une semaine après la déclaration de la source officielle algérienne au journal El Confidencial, le PDG de Sonatrach Tewfik Hakkar a évoqué ce vendredi 1er avril la coopération gazière entre l’Algérie et l’Espagne.
L’Algérie « ne peut pas se substituer » au gaz russe
« Depuis le début de la crise en Ukraine, les prix du gaz et du pétrole explosent. L’Algérie a décidé de maintenir, pour l’ensemble de ses clients, des prix contractuels relativement corrects. Cependant, il n’est pas exclu de procéder à un ‘recalcul’ des prix avec notre client espagnol », a dit Tewfik Hakkar dans un entretien à l’agence officielle APS.
Les contrats actuels entre l’Algérie et l’Espagne ont été conclus dans un contexte où les prix du gaz étaient bas. Les Espagnols ont même refusé de reconduire les contrats à long terme, leur préférant des contrats à moyen terme, mais la crise ukrainienne a changé la donne du marché gazier en Europe, trop dépendante du gaz russe.
Depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine le 24 février, l’Union européenne a infligé de lourdes sanctions économiques à la Russie en représailles, et a décidé de réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe. Parmi les pays qui ont été sollicités pour compenser une partie du gaz russe figure l’Algérie qui dispose de gazoducs qui relient directement ses champs gaziers à l’Italie et à l’Espagne, ainsi que de méthaniers capables de transporter du GNL.
Toutefois, l’Algérie ne dispose pas de capacités gazières capables de se substituer au gaz russe, selon le patron de Sonatrach.
« Nous disposons à l’heure actuelle de quelques milliards (de m3 supplémentaires, NDLR) qui ne peuvent se substituer au gaz russe. En revanche, avec la cadence de nos explorations, nos capacités vont doubler d’ici quatre ans, ce qui laisse entrevoir des perspectives prometteuses avec nos clients européens », a dit Tewfik Hakkar.
L’Algérie est l’un des principaux fournisseurs de gaz de l’Espagne. Les deux pays sont reliés directement par le gazoduc Medgaz. Un autre gazoduc, le GME, reliait l’Algérie à l’Espagne via le Maroc, mais il a été fermé par l’Algérie après l’expiration de son contrat le 1er novembre dernier.