L’Algérie relance le projet du Barrage vert, qui a été lancé au début des années 1970 pour stopper l’avancée du désert et repeupler ses forêts, notamment celles situées dans la région des Hauts plateaux qui séparent le Sahara et le nord du pays.
À Naâma, une wilaya de la steppe algérienne située à la frontière avec le Maroc qui est directement menacée par la désertification, plusieurs initiatives ont été lancées pour reprendre la construction de cette verte. Leur particularité est d’associer les habitants des régions concernées et notamment de jeunes universitaires ainsi que des start-ups.
Selon des services de la Conservation des forêts cités par l’agence APS, des « périmètres totalisant une superficie d’environ 74 hectares situés dans l’espace du Barrage Vert de la wilaya ont été mis en exploitation. » L’originalité de l’opération vient du fait que ces plantations « sont destinées aux jeunes diplômés des universités et des centres de formation professionnelle. »
Algérie : le Barrage vert pour stopper l’avancée du désert à Naâma
En mai 2024, lors de la réunion du Conseil des ministres, le président Abdelmadjid Tebboune, avait « ordonné l’élaboration d’un cahier des charges relatif à la réhabilitation du Barrage vert ».
Par ailleurs, le président avait demandé la création d’entreprises de jeunes dans le domaine du reboisement, de l’irrigation, de l’entretien et du suivi de l’exploitation, selon la même source.
Yahiaoui Laïd, chef du service d’expansion des ressources et de protection des sols a ainsi confié à l’APS que les opérations en cours concernent : « la création d’une réserve pastorale appuyée par des plantations sur une superficie de 400 hectares, la mise en place de ceintures vertes sur 18 hectares, la distribution de 57 unités d’énergie solaire, le forage de deux puits profonds et la réalisation de deux réservoirs d’eau alimentés par énergie solaire. »
Le choix de la plantation sur plus de 400 hectares « d’arbres fruitiers résistants à la sécheresse » vise à préserver les nappes d’eau de Naâma. En effet, certains investisseurs choisissent de planter des pêchers qui demandent 5 000-6 000 m3 d’eau par hectare là où la pluviométrie annuelle n’est que de 300 mm soit 30 m3/hectare. Une situation qui oblige à d’incessants prélèvements dans les nappes d’eau souterraines.
Plantations pastorales
Selon les services de Conservation des forêts, il est prévu « la création d’au moins 1.000 hectares supplémentaires soutenus par des plantations pastorales, avant la fin de l’année en cours. »
En général, ce type de plantations ne concernent pas les arbres, mais des arbustes fourragers. Cela peut être le cas d’opuntia, d’acacia ou d’atriplex. Les services forestiers algériens possèdent une large expérience dans la plantation d’arbustes fourragers.
Il s’agit de plantes qui peuvent être consommées par les moutons, un aspect capital étant donné l’importance de l’élevage dans cette région.
L’atriplex est un arbuste particulièrement apprécié des animaux. La valeur moyenne d’un hectare de parcours steppique qui est de 300 unités fourragères (UF) passe jusqu’à 1 500 UF lorsqu’il planté d’atriplex. Il présente la particularité d’être résistant à la sécheresse et de pousser sur des sols salés. À l’étranger, des chercheurs ont sélectionné des variétés particulièrement productives et des éleveurs ont développé des techniques de semis et de repiquage mécanisé des plants ce qui permet d’accélérer le rythme des plantations.
À Naâma, les services des forêts et le Département des sciences de la nature et de la vie de son centre universitaire développent un partenariat afin de « former des étudiants dans le cadre de la Maison de l’entrepreneuriat pour la création de startups spécialisées dans la reforestation, l’irrigation et le suivi. » Les entreprises mises sur pied et ayant recours aux techniques scientifiques modernes pourraient ainsi « contribuer à la relance du Barrage Vert dans la wilaya » souligne l’APS.
À Naâma, le Barrage Vert s’étend sur une superficie de plus de 173.352 hectares, soit 2,5% de la surface totale de cette wilaya.
Participation des populations rurales, recherches de nouvelles techniques et d’essences résistantes à la sécheresse, la relance du Barrage Vert semble en bonne voie. Ce projet a été lancé dans les années 1970. Il couvre 13 wilayas et une superficie totale de 4,7 millions d’hectares.
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