Sonatrach se lance dans un immense chantier de reboisement en Algérie. Le géant gazier algérien compte planter 420 millions d’arbres sur 560.000 hectares à travers le pays dans le cadre de sa stratégie de décarbonation. Le coût global du projet est de 1 milliard de dollars.
L’Algérie est d’autant plus exposée au réchauffement climatique que le désert avance et risque d’engloutir davantage de surfaces du nord du pays.
Les forêts du pays sont aussi la proie chaque année aux flammes qui réduisent en cendres des milliers d’hectares d’arbres et de couverture végétale.
Des forêts ravagées par les incendies
Selon un rapport de la Banque mondiale publié en novembre dernier, 20.000 hectares de forêts sont détruits chaque année par les incendies en Algérie. En 2021, 103 personnes ont péri dans les feux de forêt qui ont endeuillé l’Algérie. En 2022, 54 autres citoyens ont été tués dans les incendies.
Le secteur énergétique est désigné comme étant celui qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre, c’est logiquement qu’il soit mis à contribution dans la stratégie de lutte contre le changement climatique.
Selon Abdelkrim Ouamer, directeur de la division hygiène, sécurité et environnement du groupe, un premier projet pilote sera bientôt lancé dans le cadre de cette vaste opération, soit la plantation de 10 millions d’arbres couvrant une surface de 10.000 à 13.000 hectares.
Le projet sera mené en partenariat avec la Direction générale des forêts (DGF), a précisé le responsable lors de son passage ce lundi 29 juillet sur les ondes de la Radio algérienne.
C’est la DGF qui mènera l’étude de faisabilité du projet dans laquelle seront définis les sites du domaine forestier à reboiser et les essences d’arbres à planter.
Mais d’ores et déjà, a indiqué le responsable au sein de Sonatrach, il a été décidé qu’une partie de cette opération sera intégrée dans le programme de relance du Barrage vert, la ceinture de forêts qui traverse l’Algérie d’est en ouest sur plus de mille kilomètres créée dans les années 1970 afin de stopper l’avancée du désert.
Sonatrach a intégré la donne climatique dans sa gouvernance et mis en place une stratégie qui vise à réduire les émissions de carbone et de méthane sur toute la chaîne de son activité avec un objectif ferme : arriver à un équilibre entre ses émissions à l’horizon 2050.
Plus de 400 millions d’arbres à travers toute l’Algérie : le projet gigantesque de Sonatrach
« Nous sommes convaincus que le gaz a un avenir dans la transition énergétique, lancée en Algérie, tout en s’assurant que ce gaz est produit dans des conditions garantissant le respect de l’environnement », a expliqué le haut cadre de Sonatrach.
L’Algérie a été saluée par la Banque mondiale dans son dernier rapport pour ses performances dans la réduction du torchage, baissé de 28% depuis 2020.
L’objectif est de ramener le torchage à moins de 1%, conformément aux engagements internationaux de l’Algérie.
Pour contribuer à la baisse des émissions, Sonatrach a identifié des solutions d’ « atténuation » et d’autres de « compensation ».
Il s’agit de décarboner les activités du groupe par l’intégration d’énergies propres et mettre fin aux émissions « fugitives » qui sont des petites fuites sur les canalisations et autres. Les sites « énergivores » ont été audités afin d’arriver à une efficacité énergétique, a fait savoir le même responsable.
La compensation, c’est la contribution au captage des gaz qui sont émis « inévitablement » par les installations du secteur pétrolier et gazier.
C’est dans cette stratégie que s’inscrit la grande opération de reboisement à venir. Pour faire simple, les centaines de millions d’arbres qui seront plantés permettront de capter une partie des émissions qui n’auront pas été récupérées dans la chaîne d’activités du secteur énergétique. « Ça va venir compenser une grande partie de notre auto-consommation », a expliqué M. Ouamer.
Une compensation qui se fera par la « séquestration naturelle » du carbone émis, à travers la plantation d’un très grand nombre d’arbres.
Sonatrach travaille actuellement sur deux aspects. Le premier est physique qui est la plantation elle-même. Le second est l’enregistrement et la certification qui permettent de récupérer des crédits à l’international.
Le programme a un grand intérêt environnemental évidemment mais aussi économique à travers le développement de l’agroforesterie et la création d’emplois, a souligné Abdelkrim Ouamer.