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Le cheval barbe, symbole de l’inconstance des relations algéro-françaises

Le cheval barbe, symbole de l’inconstance des relations algéro-françaises

Les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France connaissent, depuis l’indépendance, des hauts et des bas, des réchauffements et des refroidissements aussi fréquents qu’imprévisibles. Dans ces relations tumultueuses, un cadeau, le cheval barbe, race purement nord-africaine et connue depuis l’antiquité, semble être une constante qui agrémente les visites officielles que s’échangent les chefs des deux États.

Bajolet frustré dans son amour pour un cheval barbe

À plusieurs reprises offerts par les présidents algériens à leurs homologues français, les chevaux barbes, nobles ambassadeurs algériens, ont également été, à quelques reprises, à l’origine de la frustration de certains, voire de polémiques. Ça a notamment été le cas avec Bernard Bajolet, ancien ambassadeur de France en Algérie qui a relaté dans son livre « Le Soleil ne se lève plus à l’Est », l’histoire d’amour qui l’a lié à son cheval barbe tant qu’il vivait en Algérie, une histoire qui s’est terminée par une douloureuse séparation. Pour certains médias algériens, c’est cet épisode qui a poussé l’ancien ambassadeur et ex-patron de la DGSE à tenir des propos virulents sur le pouvoir et le président Bouteflika !

Avant Bajolet, c’est le traitement qu’a réservé à Wassal, la France de Giscard D’Estaing à qui la monture a été offerte en cadeau par Houari Boumediène lors de la première visite officielle d’un président français en Algérie indépendante. L’interdiction faite à l’étalon de se reproduire en France a été, selon Rachid Benaissa, ex-ministre de l’Agriculture, la cause de la mésaventure de l’ancien ambassadeur français.

« Race inconnue »

« En 1974, le président Houari Boumediene a offert un cheval barbe au président français Giscard D’Estaing lors de sa visite d’État dans notre pays », a rappelé, mercredi, l’ancien ministre dans le quotidien d’Oran, expliquant que le cheval, « dès son arrivée en France, et puisqu’il était classé par ce pays « race inconnue » », il a été interdit de reproduction ».

Ce « réflexe colonial », comme l’a décrit Benaissa, est un « refus d’existence de la race barbe » qui a motivé le refus de l’Algérie de délivrer une dérogation à Bernard Bajolet pour lui permettre d’exporter son cheval vers la France lorsqu’il a quitté son poste d’ambassadeur en Algérie.

Race finalement reconnue et promue en France

Heureusement, les chevaux barbes ne sont pas toujours des prétextes pour des tensions entre les deux pays. Actuellement, trois chevaux offerts par Abdelaziz Bouteflika aux présidents Chirac et Hollande coulent des jours heureux en Corrèze, dans le haras national de Pompadour.

Mabrouk, un arabe-barbe offert à Jacques Chirac par le président Bouteflika est un de ces trois chevaux précieux qui vivent dans le haras national. Né en 1994, le cheval n’est plus dans sa première jeunesse mais il est « en bonne santé » et « sort tous les jours », a rassuré Olivier Legouis, directeur du haras de Pompadour, cité ce dimanche par le journal français La Montagne.

Dans le même haras vivent Sajda, une jument barbe et Sami, un étalon de la même race, tous deux originaires du haras de Tiaret et offerts par Bouteflika à François Hollande en décembre 2012.

La paire de chevaux barbes se porte bien et a donné naissance, en 2016, à un poulain nommé Gemme Pompadour, donné par François Hollande aux haras nationaux français, selon La Montagne. Les qualités génétiques reconnues à Sami par le directeur du haras de Pompadour en ont fait un bon reproducteur et l’ancien président français Hollande a consenti à ce que dix saillies de Sami soient données chaque année à l’association nationale de la race barbe (France), rapporte le journal français. Que de chemin parcouru depuis l’époque où la France refusait jusqu’à la reconnaissance de l’existence de la race barbe !

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