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Le danger des viandes contenant des résidus d’antibiotiques

Le danger des viandes contenant des résidus d’antibiotiques

Quels sont les risques sur la santé après la consommation des œufs ou des viandes (blanches ou rouges) contenant des résidus d’antibiotiques ? Ces résidus proviennent d’une pratique en vogue dans les élevages en Algérie qui consiste à donner des antibiotiques en prévention aux animaux.

L’alerte a été donnée il y a quelques jours par le président de l’Apoce Mustapha Zebdi. Cette pratique est économiquement rentable pour les éleveurs, mais elle entraîne de la résistance aux antibiotiques chez les consommateurs.

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Un expert algérien diplômé en microbiologie de l’université du New Jersey aux États-Unis tire la sonnette d’alarme : « Quand on consomme un aliment contenant des résidus d’antibiotiques, on risque d’avoir de graves problèmes de santé ».

Cet expert s’exprimait lors d’une communication présentée à l’occasion d’une journée de sensibilisation intitulée : « Les antibiotiques en médecine vétérinaire, l’utilisation anarchique nuit à la santé du consommateur ». Elle a été organisée, jeudi 24 novembre, par l’inspection vétérinaire au siège de la direction des services agricoles de la wilaya d’Oran.

Les risques des résidus d’antibiotiques sur la santé

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« Il y a d’abord un risque immédiat d’avoir une allergie à l’antibiotique, ce qui peut induire un choc anaphylactique et peut conduire à la mort. Il y a aussi le risque de développer une antibiorésistance, c’est-à-dire, la perte de l’efficacité des antibiotiques face à une infection bactérienne. Le traitement des infections bactériennes causées par des germes résistants dure beaucoup plus longtemps ou pourrait se révéler impossible. Si des bactéries résistantes provoquent une maladie, celle-ci ne pourra pas être traitée dans de bonnes conditions, voire impossible. Dans le pire des cas, la maladie pourra entraîner la mort », alerte le Dr Mohamed Ayat, expert au niveau des tribunaux algériens.

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La consommation d’aliments contenant des résidus d’antibiotiques peut aussi provoquer une « intoxication ou encore une perturbation de la flore intestinale qui peut être à l’origine de maladies multiples », avertit le Dr Ayat.

Comment se forme la résistance des bactéries aux antiobiotiques après la consommation d’aliments contenant des résidus d’antibiotiques ?

« La résistance aux antibiotiques signifie que les bactéries deviennent insensibles à l’action de ces médicaments. Les bactéries possèdent la faculté de s’adapter et de s’habituer aux antibiotiques et leur résistent. Les antibiotiques perdent alors leur efficacité médicamenteuse. La résistance aux antibiotiques d’une bactérie peut résulter soit d’une mutation, soit de l’acquisition de gènes de résistance à un ou plusieurs antibiotiques. La résistance peut être aussi possible par échange de gènes de résistance entre les bactéries qui peuvent soit produire une enzyme modifiant ou détruisant l’antibiotique ou en induisant l’imperméabilisation de leur membrane », explique le Dr Ayat, qui gère un laboratoire d’analyse de qualité, à Oran, agréé par le ministère de l’Environnement.

Comment lutter contre l’utilisation anarchique des antibiotiques 

L’écrasante majorité des éleveurs abusent en mettant des antibiotiques dans l’alimentation des volailles à tous les stades de l’élevage à titre préventif ou encore pour aboutir à un engraissement plus rapide.

La pratique est très risquée pour les humains à commencer par les éleveurs eux-mêmes qui consomment les produits issus de l’élevage. « La réduction de l’utilisation des antibiotiques est nécessaire dans les exploitations d’élevage en raison des retombées graves sur la santé humaine », insiste le Dr Ayat.

Lors du débat qui a suivi la communication du Dr Ayat, certains vétérinaires présents dans la salle ont plaidé pour « une réforme de la réglementation pour obliger les éleveurs à obtenir une ordonnance vétérinaire pour tous les antibiotiques qui sont disponibles en vente libre ».

« La lutte contre la résistance bactérienne ne doit plus se limiter uniquement à l’indispensable évolution vertueuse des prescriptions des professionnels de santé », souligne un vétérinaire praticien. Les éleveurs peuvent, en effet, acheter les antibiotiques sans ordonnance vétérinaire.

« Les éleveurs doivent se soumettre à des règles strictes et cesser de donner des antibiotiques aux animaux quelques jours avant de les envoyer à l’abattoir de façon à ne pas retrouver d’antimicrobiens dans la viande », insiste un autre vétérinaire.

Selon la loi, le nombre de jours de retrait des antibiotiques avant l’abattage varie selon les espèces animales de façon à garantir l’absence de résidus excédant les limites maximales permises.

Ce qui est loin d’être souvent le cas dans la pratique, certains proposent l’instauration d’un système où les vétérinaires et les éleveurs doivent être soumis à un contrôle strict de l’État, qui consigne, à l’aide d’un registre central, la consommation de chacun.

Parmi les solutions, le Dr Ayat propose l’instauration de contrôles des animaux destinés à l’abattoir par des tests rapides et simples (des kits de l’antibiogramme) permettant de détecter la présence ou non de résidus d’antibiotiques.

En 2015, le ministère de l’Agriculture a mis en œuvre un plan de surveillance de contaminants dans les résidus alimentaires appelé programme Pascra. Ce dispositif vise notamment la rationalisation de l’utilisation des médicaments chez les animaux.

Toutefois, les résultats ne sont pas encore évalués. La plus grande difficulté sanitaire est le fait que l’écrasante majorité des élevages notamment avicoles activent dans l’informel et sont donc difficilement contrôlables.

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