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Le Pr Belhadj se défend d’avoir fait l’« apologie du colonialisme français »

Le Pr Belhadj se défend d’avoir fait l’« apologie du colonialisme français »

Pr Rachid Belhadj, président du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu).

L’état du système de santé en Algérie est à nouveau au cœur d’une polémique. Hier, l’éditorialiste d’El Moudjahid a porté de graves accusations contre le Pr Rachid Belhadj, président du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu), après ses critiques du système de santé algérien, lors d’une émission de la radio publique Chaîne III.

L’éditorialiste du quotidien gouvernemental a notamment accusé le Pr Belhadj de verser « dans l’abus et le déni de vérité, à propos du système de santé algérien », et de faire « l’apologie du colonialisme français ».

Dans une déclaration à TSA, le Pr Belhadj se défend d’avoir fait l’apologie du colonialisme, en assurant n’avoir dit que des vérités. « Soit on n’a pas bien écouté l’émission ou bien on est en train de verser dans la démagogie. Cette même démagogie qui a rendu notre système de santé aussi fragile. Moi je n’ai dit que des vérités à savoir les grands CHU d’Algérie et notamment à Alger, ce sont ceux qui ont été laissés durant la période coloniale. Ça je ne l’ai pas inventé », réplique le Pr Belhadj.

À propos de l’accusation  d’ « apologie du colonialisme français » proféré par l’éditorialiste du quotidien gouvernemental, le professeur en médecine légale au CHU Mustapha réplique : « Je suis issu d’une famille révolutionnaire. Vous pouvez le confirmer, mon père et mes oncles sont d’anciens moudjahidine. J’ai participé bénévolement au rapatriement des crânes (des martyrs de la résistance algérienne, rapatriés le 3 juillet dernier, Ndlr) ».

« J’ai relaté des faits réels »

Le Pr Belhadj assure n’avoir fait « que relater des faits réels » lors de son passage à la radio, précisant que le CHU Mustapha où il exerce, a été bâti du temps du colonialisme.

« J’ai soulevé un problème majeur à savoir que depuis l’indépendance, l’État algérien n’a pas investi malheureusement dans les grandes infrastructures hospitalo-universitaires. Et nous l’avions soulevé lorsqu’on a commencé à construire la Grande mosquée (d’Alger). Nous avions dit qu’on aurait dû construire un grand CHU pour la capitale. Je pense que c’est une priorité. La preuve : nous sommes toujours en train d’affronter la pandémie du Covid et on a vraiment besoin d’infrastructures pour la santé des Algériens et surtout pour la santé de nos anciens moudjahidine pour des besoins de soins spécialisés », soutient le Pr Belhadj.

Dans l’édito d’El Moudjahid, il est reproché au président du Snechu de verser « dans l’abus et le déni de vérité, à propos du système de santé algérien » signalant que « plus de 80 % de ces structures de santé ont été réalisées depuis l’indépendance ».

« C’est vrai que l’Algérie a construit des hôpitaux. Nous avons un système de santé généreux mais tout le monde se plaint, le médecin, le citoyen, de la qualité de la prise en charge. On a dépassé  le stade des chiffres. Maintenant il faut aller vers la qualité », lance le médecin-légiste ajoutant qu’ « il y a des villes qui disposent de structures de santé et des lits d’hospitalisation, mais on continue à envoyer les malades, vers le CMPC, les CHU Mustapha et de Bab El Oued… ».

Le chef de service médecine légale du CHU Mustapha et directeur des activités médicales et paramédicales au sein du même établissement, se défend de vouloir assombrir la situation du système de santé algérien.

Il tient à nuancer les propos de l’auteur de l’édito en question sur le fait que le système de santé algérien « a une nouvelle fois montré sa réactivité et sa performance, lors de la crise sanitaire induite par la Covid-19 ».

« La performance réalisée contre la Covid a été rendue possible grâce aux sacrifices des personnels de la santé, ce n’est pas le système de santé. Il y a eu beaucoup de volonté et de sacrifices. D’ailleurs, depuis longtemps la politique (de santé) a été faite sur le dos des professionnels de la santé et de l’enseignement aussi », accuse-t-il.

 « Nos concitoyens doivent être traités loin de la démagogie »

Le Pr Belhadj revient aussi sur le départ massif des médecins algériens vers l’étranger, en affirmant que c’est une « réalité».

« La fuite des cerveaux dont j’ai parlé, c’est une réalité. Et peut-être qu’il y a (parmi les contradicteurs) qui vont demander sûrement une prise en charge à l’étranger quand ils tomberont malades. J’avais dit que nos concitoyens doivent être traités loin de la démagogie », insiste le président du Snechu.

Le Pr Belhadj affirme que  « ce n’est pas avec le tout va bien qu’on va changer l’Algérie. Le jour où l’Algérie changera ce sera grâce à des universitaires qui ne diront que la vérité, bien sûr dans le respect de la loi et des personnes ».

Pour appuyer ses critiques sur les défaillances du système de santé national, le Pr Belhadj cite l’exemple des Algériens qui vont aller se soigner à l’étranger, en Tunisie et en Turquie notamment.

« On ne peut pas tromper tout un peuple avec des slogans tout le temps. Ma honte c’est de voir des Algériens se soigner en Tunisie et en Turquie. J’ai été touché dans mon amour-propre. J’aurais aimé que ce journaliste (El Moudjahid) puisse condamner cela », conclut-t-il.

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