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L’hommage de Said Sadi à Izza Bouzekri, la veuve de Abane, décédée mercredi

L’hommage de Said Sadi à Izza Bouzekri, la veuve de Abane, décédée mercredi

Said Sadi a rendu un bel et émouvant hommage à la moudjahida Izza Bouzekri, veuve de Abane Ramdane et épouse de Dehilès, décédée le mercredi 17 mai à Alger. « C’était une belle personne : par sa physionomie comme dans son être intérieur. Les cruautés et les lâchetés des hommes n’ont pas affecté la beauté d’un visage harmonieux et la douceur d’un regard bienveillant », écrit-il dans un long témoignage publié sur sa page Facebook.

« Il n’y avait pas de grands officiels au cimetière d’El Alia, ce jeudi 18 mai 2017, pour accompagner à sa dernière demeure la combattante Saleha dite Izza Bouzekri, veuve Abane et épouse Dehilès. Et c’est certainement très bien ainsi pour celle qui avait tenu à être enterrée dans la tombe de son fils – le seul qu’elle avait eu d’Abane – lui aussi tragiquement disparu en 1990 à la fleur de l’âge », ajoute-t-il.

Said Sadi revient sur sa première rencontre avec la moudjahida, « à sa demande », en 1989 à Alger. « L’entrée en matière fut directe : – je voulais vous voir pour vous dire que je comprends votre combat comme une suite de celui pour lequel nous avons tout donné. Je tenais aussi à vous rencontrer pour vous inviter à la prudence. ‘ Ils ‘ seraient capables de vous faire ce qu’ils ont fait subir à Ramdane », relate-t-il.

« Dda Omar Boudaoud (qui a organisé la rencontre) m’avait en effet expliqué plus tard, qu’elle aussi suivait nos luttes avec une sympathie teintée d’appréhension car, lui avait-elle dit, elle trouvait dans notre engagement une entièreté et une générosité qui faisaient écho au combat conduit par son premier époux, ce qui pouvait engendrer les mêmes réactions car le système, estimait-elle, n’avait pas vraiment changé depuis 1957, année de l’assassinat de son conjoint », poursuit-il.

Depuis cette date, Said Sadi a rencontré la veuve de Abane Ramdane à de nombreuses reprises. « À chaque fois que sa santé le lui permettait, nous nous faisions un devoir et un plaisir de l’inviter à nos congrès et colloques. Elle arrivait avec ce sourire contenu mais jamais résigné et elle se prêtait volontiers aux sollicitations des militants qui se pressaient autour de celle qui deviendra notre icône ».

Said Sadi affirme également lui avoir « souvent rendu visite chez elle où » il retrouvait « son deuxième mari, le colonel Sadek – qu’elle appelait le Colonel ». Ce dernier est « le seul qui eut le cran et la lucidité de se tenir à côté de Ramdane Abane à la réunion du CNRA tenue au Caire en 1957, quand le premier coup d’État de l’Algérie contemporaine avait mis un coup d’arrêt au projet démocratique et social de la Soummam ; projet derrière lequel nous courrons toujours », précise-t-il.

« Cette dame, dont la vie personnelle et le rêve politique avaient été anéantis par les siens, est restée debout et digne dans ses convictions sans jamais se laisser déborder par la colère », assure Saïd Sadi. « Cette femme, secrétaire de son état, était dotée d’une remarquable culture politique. Elle était capable de décrire en quelques phrases une situation de grande complexité et d’esquisser le profil psychologique d’un dirigeant aux multiples facettes », écrit-il.

Saïd Sadi évoque l’enterrement de la moudjahida et la sensation qui l’a traversé quand il s’est retrouvé devant le cercueil : « Il s’est opéré en moi un condensat de souvenirs qui ont soudainement sédimenté ».

« Repose en paix Nna Izza. Nous te vouons un amour et un respect aussi beaux que ceux que tu as donnés. Tu es notre mère car tu as contribué à nous restituer celui qui est notre père intellectuel et le premier des inspirateurs politiques de notre génération. Oui, l’honneur inscrit dans l’éternité est plus fort que tous les abus. La leçon de ta vie est aussi grande que ton âme », conclut-il.

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