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Lutte anti-Covid : et si la stratégie algérienne était la bonne ?

Lutte anti-Covid : et si la stratégie algérienne était la bonne ?

Il y a une année, l’Algérie décidait de fermer totalement ses frontières, dans le cadre des mesures prises pour endiguer la propagation de la pandémie de Covid, qui venait de faire son apparition dans le pays.

Cette mesure extrême, qui a mis en grande difficulté les Algériens se trouvant à l’étranger et provoqué des polémiques, a été prise après la découverte fin février à Blida des premiers cas importés de France du Covid-19. Pour éviter l’importation de nouveaux cas, le président Tebboune a décidé de fermer totalement les frontières et de suspendre les liaisons aériennes, maritimes et terrestres avec l’étranger. Cette  mesure a-t-elle épargné une tragédie sanitaire à l’Algérie qui dispose d’un système de santé peu performant ?

Les spécialistes interrogés par TSA n’ont pas hésité une seconde pour répondre par l’affirmative. Une année après, la situation épidémiologique en Algérie est qualifiée de très stable, par les spécialistes, avec moins de deux cents cas positifs de Covid-19 par jour.

Les spécialistes de la santé publique corroborent l’idée que la mesure prise précocement afin de parer à la propagation du Covid-19 qui fait des ravages dans des pays dotés de systèmes de santé plus performants, était la meilleure chose à faire à cette époque alors que les contaminations et les décès à cause du Covid-19 se comptaient par centaines de milliers à travers le monde.

« Nous étions parmi les premiers pays sinon le premier à fermer nos frontières », rappelle le Dr Mohamed Bekkat Berkani, membre du comité scientifique qui conseille le gouvernement sur l’épidémie de la Covid.

« Nous avions raison et nous avons encore raison »

Il met en exergue la pertinence de la fermeture des frontières, tout en rappelant que l’Algérie a pris en charge les opérations de rapatriement de ses ressortissants bloqués à l’étranger, tant le rapatriement en lui-même que les frais de séjour en quarantaine dans des hôtels parfois luxueux.

 « Aucun pays ne l’a fait, certains ont même fait payer à leurs ressortissants les frais de rapatriement et leurs séjours en quarantaine », relève le président du Conseil de l’ordre des médecins, dans un entretien à TSA.

En raison de la flambée épidémique notamment en Europe avec l’apparition de nouveaux variants du Covid-19 plus contagieux, l’Algérie a suspendu les vols de rapatriement pendant un mois à compter du 1er mars 2021.

« Nous avions raison et nous avons encore raison (de fermer les frontières, ndlr). Aujourd’hui, une année après, des pays parlent de confinement. C’est suicidaire de laisser des lignes aériennes ouvertes alors qu’on est en confinement en raison d’une situation épidémique incontrôlable », critique le Dr Bekkat Berkani, grand partisan du maintien des frontières fermées. Et ce malgré les protestations des concitoyens encore bloqués à l’étranger.

« Nous avions opté pour une politique d’autarcie qui s’est révélée à la limite gagnante »

« Nous avons opté pour une politique d’autarcie qui s’est révélée à la limite gagnante (…) On a réduit considérablement le risque avec le préalable des tests PCR avant l’embarquement et la quarantaine, etc. Actuellement nous avons carrément fermé (les frontières) car le danger est ailleurs », pointe-t-il.

Le pneumologue et chef de service à l’EHU Oran, le Pr Salah Lellou, vante également une stratégie payante. « Nous avons eu cette chance d’avoir été touché un mois ou deux mois après le déclenchement de l’épidémie dans le monde. Ce qui fait qu’elle est arrivée un peu tardivement chez nous. Et nous a donné le temps de réfléchir et de se préparer en vue de faire face au déferlement du virus. Ce temps nous a permis de prendre des dispositions bénéfiques et payantes », développe le Pr Lellou dans une déclaration à TSA.

Des mesures, a-t-il poursuivi, qui ont surtout consisté en la fermeture des frontières « pour éviter que des personnes contaminées propagent davantage le virus chez nous. En sus des gestes barrières ».

« Tout ceci a contribué un tant soit peu à ralentir la propagation du virus, à avoir  la première et la deuxième vagues de l’épidémie un peu moins fortes », développe-t-il.

Le président du Syndicat des praticiens de santé publique (SNPSP), le Dr Lyes Merabet, salue lui aussi « les mesures conjuguées qui ont été prises avec plus ou moins d’anticipation » dont la fermeture des frontières, pour limiter la propagation de la pandémie de Covid.

« En Europe, les frontières n’ont jamais vraiment été hermétiquement fermées entre pays de l’UE. Des pressions ont été exercées sur les gouvernements, ce qui a donné des politiques à l’encontre de la réalité sanitaire », pointe le médecin, allusion aux pays qui ont maintenu leurs frontières ouvertes ou qui les ont rouvertes après une courte période pour des raisons économiques.

 « Malheureusement, ils sont en train de payer la facture jusqu’à aujourd’hui », déplore-t-il. Le Dr Merabet précise par ailleurs que l’Algérie n’avait pas aussi un enjeu économique qui l’aurait contrainte à rouvrir ses frontières, notamment par le fait qu’elle n’est pas une destination touristique comme le sont ses voisins marocains et tunisiens.

L’Algérie compte 115.842 cas positifs de Covid-19 dont 154 nouveaux cas ont été enregistrés ces dernières 24 heures, selon le bilan officiel publié ce jeudi 18 mars. Parmi les personnes infectées, 3051 ont perdu la vie dont trois ces dernières 24 heures.

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