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Lutte contre la spéculation : nouvelle mesure pour la vente des légumes secs

Lutte contre la spéculation : nouvelle mesure pour la vente des légumes secs

En février, le monopole de l’importation des légumes secs a été donné à l’Office algérien des céréales (OAIC). Depuis, cet organisme public n’a de cesse d’étoffer son réseau commercial.

Les légumes secs sont des produits de large consommation en Algérie et les pouvoirs publics prennent des mesures pour éviter tout risque de spéculation, notamment pour protéger les ménages à faible revenu.

À Laghouat, comme dans d’autres wilayas, la direction locale du Commerce et de la Promotion des exportations invite les commerçants des différentes communes à se rapprocher de la CCLS locale afin de s’approvisionner en légumes secs et en riz.

Il est précisé que les commerçants doivent disposer d’un registre de commerce. Au communiqué est joint une fiche d’inscription à l’intention des commerçants où est notamment mentionnée l’obligation de respecter les prix de détail arrêté par la CCLS. Le communiqué rappelle également les nouveaux prix de vente au consommateur des légumes secs.

Au risque de spéculation, s’ajoute la jeunesse du réseau commercial de l’OAIC. Avec l’attribution du monopole d’importation des légumes secs, l’office algérien des céréales se doit de mettre sur pied un réseau commercial.

Avec les CCLS et son importante flotte de camions, l’office dispose de moyens considérables. Le défi est dorénavant d’assurer la commercialisation des légumes secs et du riz à travers l’ensemble du territoire. Une mission que l’office accomplit déjà depuis des années, mais concernant les céréales.

Le monopole de l’importation ne signifie pas un monopole sur la commercialisation. Les CCLS assurent l’approvisionnement du commerce de gros et des commerces de détail. À la mi-février à Guelma, la direction de la CCLS locale indiquait à l’agence APS pouvoir assurer mensuellement les besoins des commerces de gros à raison de 200 quintaux et les commerces de détail à raison de 5 quintaux.

L’équipement du commerce de gros en ensacheuses permet le conditionnement en sachet d’un kilo. La seule condition posée par les pouvoirs publics est de respecter les prix fixés par l’Office algérien des céréales.

Afin de contrer la spéculation, les CCLS développent également un réseau de vente au détail avec, comme à Guelma, un volume mensuel de 10 kilos par consommateur. Dans la plupart des cas, il s’agit de vente en vrac. À Annaba, la CCLS a cependant pris l’initiative de développer un conditionnement sous forme de sachets d’un kilo avec un packaging moderne.

Cette mise en place par l’OAIC d’un réseau de distribution couvrant l’ensemble du pays est progressive. Dans les communes encore non desservies, des cas de hausse des prix ont pu être relevés. Ces difficultés de jeunesse sont l’occasion pour certains gros commerçants de critiquer l’attribution de ce monopole à l’Office algérien des céréales.

L’Office n’est pas le seul à ouvrir des points de vente, le groupe public agroalimentaire Agrodiv y participe également. Ainsi, à Djelfa le quotidien El Moudjahid annonce que sur 21 points de vente, 14 dépendent d’Agrodiv.

La filiale Distribution et Conditionnement (Dicopa) d’Agrodiv possède une large expérience dans l’ensachage des produits de large consommation, dont les légumes secs.

Légumes secs : l’Algérie vise l’autosuffisance en 2025

Fin août, lors d’un point de presse dans la wilaya de Boumerdès, le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a indiqué que l’Algérie disposait d’une production de 55.000 tonnes de légumes secs stockés « qui seront injectés sur le marché à partir du mois de septembre ».

Il a également abordé la question de la qualité de la production locale, indiquant que celle-ci « représentait 40 % de nos besoins, mais elle n’était pas exploitée. Elle était utilisée comme aliment de bétail sous prétexte de calibrage ».

Il est vrai que les importateurs avaient l’habitude d’approvisionner le marché local en pois chiche de calibre 7-9 millimètres alors que les agriculteurs livraient aux CCLS des grains de calibre parfois inférieur. Un phénomène lié au manque de pluie en fin de saison en Algérie. Ce type de produit ne trouvant alors comme seul débouché les producteurs de « karantita », ce plat traditionnel à base de farine de pois chiche.

En début d’année, lors d’un entretien à Echorouk News TV, Miloud Terba, cadre au sein du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, chiffrait à 24 mois les stocks de légumes secs invendus au niveau des CCLS.

Le ministre du Commerce a indiqué qu’« à partir de 2025, on atteindra l’autosuffisance ». Il s’agit là d’un programme ambitieux.

Les légumes secs ont la particularité de ne pas nécessiter d’irrigation. Leur culture est particulièrement intéressante en alternance avec les céréales. L’OAIC a récemment relevé le prix d’achat à la production, ce qui rend la culture plus attractive. Le programme de promotion de la filière comprend également un soutien à l’acquisition de semences à raison de 6.000 DA le quintal pour les lentilles et 7.000 DA pour le pois chiche.

Dans certaines wilayas, ce type de culture est particulièrement développé. C’est le cas de la wilaya de Mascara avec une production de plus de 33.000 quintaux en 2022, dont la moitié de pois chiches. La wilaya de Constantine fait figure de leader en matière de production de lentilles avec une production de plus de 10.000 quintaux en 2017 et une expansion des superficies semées.

Il s’agit de surfaces de l’ordre d’une dizaine de milliers d’hectares par wilaya, ce qui reste modeste par rapport au potentiel de culture.

La sécheresse qui a frappé l’Algérie cette année a cependant eu des répercussions négatives sur la production, ce qui milite en faveur du développement de réseaux d’appui technique aux producteurs. Un moyen pour conseiller des variétés les plus résistantes, l’emploi d’herbicides et des techniques de récolte adaptées à la taille réduite des légumes secs.

Face à l’ampleur du défi posé par la nécessaire autosuffisance en légumes secs, la coopération technique avec les pays grands producteurs comme le Canada, l’Australie ou la Turquie pourrait être une option à étudier.

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