search-form-close
Madjer : la bourde de trop ?

Madjer : la bourde de trop ?

Comme le destin est parfois cruel. Un véritable maestro qui régalait ses fans par ses beaux gestes techniques (dribles déroutants, la fameuse talonnade…), l’actuel sélectionneur national, Rabah Madjer, est décidément passé en collectionneur invétéré de bourdes.

La dernière en date a été commise hier à Lisbonne à l’occasion d’une conférence de presse à la veille de la confrontation amicale qui mettra aux prises l’équipe nationale et le Portugal de Cristiano Ronaldo.

Prendre les Portugais à témoin

« Mes amis portugais ne connaissent pas la vraie version de ce qui se passe en équipe nationale. Il faut qu’ils le sachent aussi et qu’ils le transmettent dans le monde entier, parce que je suis victime d’une machination, alors qu’on fait du bon travail », a-t-il lâché. Avant d’enfoncer le clou : « Ça existe chez vous un entraîneur qui perd un match contre une équipe africaine puis se fait limoger de son poste alors qu’il n’a même pas joué de match officiel ? (…). Malheureusement, il y a des choses qui ne marchent pas vraiment dans notre football ».

Ahurissant ! Jamais dans les annales du football, un coach d’une sélection n’a pris à témoin l’opinion internationale, dans un pays étranger, sur sa mésaventure, vraie ou non, avec son employeur, c’est-à-dire la Fédération de son pays. En outre, il s’est permis de dévoiler une information (son limogeage) qui jusqu’à aujourd’hui n’est pas rendue publique par la Fédération algérienne de Football (FAF) quoiqu’elle est déjà dans l’air.

On connait les limites de Rabah Madjer en matière de communication mais là il a poussé le bouchon un peu trop loin en se rendant coupable d’une insoutenable inconséquence. Il aurait pu se limiter à l’aspect technique de la joute Algérie-Portugal et, une fois rentré au pays, vider son sac dans un média de son choix ou face à toute la presse. Mais voilà, son ego (surdimensionné ?) d’ancienne grande star du football national, voire mondial, a certainement pris un grand coup. Il a très mal accepté qu’il se fasse virer pour la troisième fois du poste de sélectionneur après les tristes mésaventures de 1995 et de 2002. Chose qui fait pourtant partie de la vie d’un entraîneur et que Rabah Madjer n’a pas, apparemment, bien assimilé. À croire qu’il ne s’est toujours pas départi de son costume de joueur et qu’il a du mal à s’y faire à celui d’entraîneur.

Une campagne de dénigrement

Il est vrai que tout au long des sept mois qui ont suivi sa nomination à la tête des Verts, Rabah Madjer a fait l’objet d’une campagne de dénigrement sans précédent – il a eu à la qualifier d’acharnement, qui frise, à bien des égards, le règlement de compte. D’ailleurs, l’homme à la talonnade a eu à accuser certains journalistes qui le prenaient pour cible d’être téléguidés et d’être à la solde des parties tapies dans l’ombre et qui veulent coûte que coûte l’abattre. Tout le monde avait compris qu’il visait l’ancien homme fort de la FAF, Mohamed Raouraoua, qui n’a jamais porté dans son cœur l’ancienne star du FC Porto, et vice-versa.

Il n’y a peut-être pas d’exemple de sélectionneur national qui a été soumis, et de manière soutenue, à un tel feu de critiques comme Rabah Madjer. Mais cela n’excuse en rien ses sauts d’humeur, voire ses dérapages incontrôlés. On s’en souvient de sa surprenante sortie, le 14 novembre de l’année dernière, lors de la conférence de presse suivant le succès contre la Centrafrique (3-0) à Blida, quand il enjoignit, avec une rare violence verbale, au journaliste sportif Maamar Djebour de se taire en lui criant à la figure et à plusieurs reprises : « Taisez-vous ». Un manque criard de self control qui avait alors surpris plus d’un, à commencer par Riyad Mahrez qui animait la conférence avec son sélectionneur.

Quelques mois plus tard, le 22 mars dernier plus exactement, quand son équipe s’est largement défait de la modeste équipe de la Tanzanie avec un score large de 4-1 au stade du 5-juillet à Alger, Rabah Madjer s’est encore distingué par un comportement incompréhensible en zappant complètement la presse. Ce qui laisse penser que le sélectionneur national est un sanguin, un homme qui réagit à l’affect, alors que sa fonction, très sensible, exige pondération, maîtrise de soi et surtout beaucoup de tact. Des qualités qu’il n’en a pas malheureusement ou qu’il n’a pas su les mettre en évidence.

Le costume de sélectionneur est-il trop ample pour Rabah Madjer ? Tout porte à le croire. Comme beaucoup de grands joueurs (Platini, Maradonna, etc.), la reconversion de Madjer n’a pas été malheureusement couronnée de succès. Mais personne ne pourra lui contester son statut de grande icône du football algérien.

  • Les derniers articles

close