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Malgré les sommes injectées et les incitations, le secteur du tourisme peine à décoller en Algérie

Malgré les sommes injectées et les incitations, le secteur du tourisme peine à décoller en Algérie

TSA Algérie

Comme chaque année, à la même période, des millions d’Algériens partent passer leurs vacances à l’étranger. On annonce que la Tunisie en particulier devrait accueillir près de 2 millions de touristes algériens. Principale raison de cet exode annuel, notre pays manque cruellement d’infrastructures touristiques, dû à la faiblesse des investissements dans le secteur.

800 projets dans l’hôtellerie

Pourtant, les responsables du secteur, qui se succèdent à une cadence accélérée ces dernières années, ne manquent aucune occasion de souligner la volonté des pouvoirs publics de développer le tourisme national et de l’insérer dans les circuits commerciaux du tourisme mondial. Le Schéma directeur d’aménagement touristique « SDAT» 2030 constitue le cadre stratégique de référence pour la politique touristique du pays. Ses objectifs sont particulièrement ambitieux et visent une contribution du tourisme à hauteur de 10% du Produit national brut (PNB), un taux proche des normes internationales.

Les bilans des intentions d’investissements rendus publics au cours des dernières années évoquent l’approbation de plus de 800 projets dans l’hôtellerie pour un investissement global prévu supérieur à 3 milliards de dollars .Ces projets, qui ont une capacité cumulée de 100.000 lits, devraient générer 44.000 emplois, selon les prévisions. Le tourisme d’affaires arrive en tête des projets avec 600 hôtels dans les régions urbaines. Les régions côtières devraient bénéficier de plus de 150 nouveaux hôtels. D’autres structures d’hébergement devraient, par ailleurs, être installées dans les régions sahariennes et les stations thermales.

Une enveloppe de plus de 600 millions de dollars  doit servir, d’autre part, à financer la réhabilitation des hôtels publics qui représentent 20% du parc hôtelier national.

Un gros retard à rattraper

Pour la majeure partie des professionnels de l’industrie du tourisme, les choses sont cependant entendues : les banques ne financent que marginalement cette activité. Leur argument principal repose sur le fait que le secteur touristique ne pèse actuellement que de moins de 1% des crédits bancaires à l’économie nationale.

Du côté des banques, publiques comme privées, on souligne, au contraire, que la profession a, au cours des dernières années, signé de nombreuses conventions avec le ministère du Tourisme dans le but de renforcer la contribution du système bancaire national au développement du secteur .

Dans le but de rattraper les retards accumulés par un secteur qui a longtemps fait figure de parent pauvre, les banques adoptent aujourd’hui une attitude plus favorable. « Nous sommes plutôt en quête de bons projets dans le secteur touristique et tous les hôteliers qui ont des dossiers d’investissement bien ficelés avec un business plan et une étude de rentabilité claire bénéficient des concours de notre banque », explique un banquier privé.

Les ressources budgétaires se faisant de plus en plus rares, les responsables gouvernementaux du secteur du tourisme soulignent en chœur que la plupart des investissements relatifs au secteur du tourisme qui seront concrétisés à l’avenir seront pris en charge par le secteur privé.

Le financement des projets touristiques est couvert actuellement à concurrence de 60 à 70 % par les banques. Ce financement s’opère dans le cadre d’une convention signée entre les ministères du Tourisme et des Finances et les banques. C’est Ainsi que la Société Générale Algérie (SGA), Arab Gulf Bank (AGB), Banque El Baraka, Trust Bank et Salama Bank se sont engagées en 2014 à travers ces accords à financer les projets d’investissement dans le secteur touristique pour des montants représentant jusqu’à 70% de chaque projet et cela pour une durée de 12 ans au maximum.

Des mesures fiscales incitatives 

Ces accords viennent soutenir les conventions déjà signées en 2012 avec les six établissements bancaires publics. Ces différentes conventions ont également prévu l’intégration du FGAR (Le Fonds de Garantie des Crédits aux PME) pour la partie garantie de financement des équipements.

Les avantages dont bénéficie le financement des projets touristiques sont très loin d’être négligeables. Depuis la LFC 2009, les investisseurs dans le domaine de l’hôtellerie au niveau des wilayas du Nord et de celles du Sud bénéficient respectivement d’une bonification de 3% et de 4,5% des taux d’intérêt applicables aux prêts bancaires.

Les mesures fiscales destinées à encourager l’investissement dans le domaine touristique se sont également multipliées au cours des dernières années. Parmi les avantages dont bénéficie le secteur, on peut mentionner que les activités touristiques sont soumises à l’IBS au taux de 19% (alors que les autres activités sont soumises aux taux de 25%) avec une exonération pour une période de 10 ans pour les entreprises touristiques à l’exception des agences de tourisme et de voyages.

Le secteur bénéficie également d’une exonération permanente de la TAP ainsi que de l’application, jusqu’au 31 décembre 2019, du taux réduit de 7% de TVA. Le secteur du tourisme est enfin assujetti au taux réduit de droit de douane sur les acquisitions d’équipements et d’ameublement non produits localement.

Une équation complexe

Mais malgré ces mesures, le secteur peine à décoller. Parmi les problèmes qui restent à régler dans le domaine du financement figure, selon des sources bancaires, celui du renforcement des fonds propres des candidats à l’investissement. « L’industrie du tourisme est fortement capitalistique et exige des fonds importants engageant des risques à très long terme. Les fonds propres engagés par l’investisseur lui-même doivent servir d’amortisseur », explique un banquier.

Face à cette équation complexe pour le secteur bancaire, les pouvoirs publics tentent d’associer les sociétés de capital investissement au financement du secteur. Des solutions qui restent encore très insuffisantes au regard des besoins financiers du secteur, selon beaucoup d’analystes qui réclament la création d’un fonds d’investissement spécialisé doté de ressources beaucoup plus importantes. Un tel fonds d’investissement dédié au secteur touristique serait susceptible de « mobiliser des fonds auprès d’organismes collectant de l’épargne longue (caisses de retraite, compagnies d’assurance, etc.), voire auprès d’investisseurs internationaux privés ou des institutions multilatérales », argumentent-ils. Une chose est sûre : il faut changer d’échelle dans le financement du tourisme en Algérie.

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