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Marche contre l’antisémitisme en France : le grand malaise

Marche contre l’antisémitisme en France : le grand malaise

La France va-t-elle franchir un nouveau pas sur la voie périlleuse de la banalisation de l’extrême-droite avec la marche contre l’antisémitisme prévue dimanche prochain à Paris ?

Depuis l’appel à cette manifestation lancé par les présidents des deux chambres du Parlement, l’annonce de la participation de deux figures de ce courant politique, Marine Le Pen et Eric Zemmour, suscite un grand malaise en France, pour deux principales raisons.

La première est que ça sera la première fois dans l’histoire de ce pays que l’extrême-droite va défiler côte-à-côte avec le gouvernement. Cela ne s’est jamais produit, comme le rappelle l’éditorialiste Jean-Michel Aphatie. Ce serait une première depuis 1875, date de la fondation de la République, précise-t-il.

Cela met « terriblement mal à l’aise », a souligné le journaliste sur Quotidien de TMC qui rappelle, comme beaucoup en France, que le Rassemblement national, ex-Front national, a été fondé par un homme « antisémite ».

Jean-Marie Le Pen a été condamné pour cette raison et ses successeurs refusent de reconnaître qu’il est antisémite. « Voir Marine Le Pen dans une manifestation contre l’antisémitisme c’est quand même énorme » et « embarrassant », d’autant plus que « l’antisémitisme du RN aujourd’hui est fondé sur une pensée antimusulmane », a-t-il dit.

Et c’est la deuxième raison pour laquelle la présence à la marche de ce courant politique ne passe pas.

« Certains prétendent soutenir nos concitoyens de confession juive en confondant le rejet des musulmans et le soutien des juifs », a accusé de son côté Emmanuel Macron.

Le président français n’a pas tranché s’il participera à la marche de dimanche prochain, mais sa Première ministre Elisabeth Borne y sera. Néanmoins, le gouvernement a clairement signifié par la voix de son porte-parole Olivier Véran que le RN « n’a pas sa place » dans cette manifestation.

A gauche, c’est le rejet unanime de la participation de l’extrême-droite.  Même si le Parti socialiste a annoncé sa participation, il a lui aussi fustigé l’éventuelle présence de Marine Le Pen et du Rassemblement national.

La France Insoumise (LFI) a réitéré par la voix de son député David Guiraud que la marche de dimanche prochain « est une manifestation qui vise à normaliser le soutien inconditionnel au nettoyage ethnique qui se passe à Gaza ».  Mercredi, Jean-Luc Mélenchon l’avait qualifiée de « rendez-vous des amis du soutien inconditionnel au massacre ».

Marche contre l’antisémitisme : la présence de l’extrême-droite met la France dans la gêne

Même le CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives de France, ne veut pas de la présence du RN à cette marche qui risque de se transformer en une manifestation de soutien à Israël et contre les musulmans.

Le Rassemblement national « savait qu’il créerait la polémique, qu’il détournerait la manifestation et les jours qui viennent de son objet principal », a dénoncé le président du CRIF, Yonathan Arfi, accusant le RN de s’adonner à « une forme d’instrumentalisation indécente ».

Mais des figures qui défendent la politique du gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou comme le député Meyer Habib (Les Républicains) ont accueilli favorablement la participation du RN à cette marche.

Dans un communiqué rendu public mercredi 8 novembre, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a lui aussi relevé l’islamophobie qui fonde la lutte contre l’antisémitisme de la nouvelle extrême-droite. Le CFCM a dit comprendre « la réticence » des musulmans à prendre part à la marche « aux côtés de racistes anti musulmans déclarés et assumés ».

Le CFCM n’a pas donné de consigne, indiquant qu’il laissait à ses concitoyens « la libre appréciation » de marcher ou non.

Au-delà de la présence de l’extrême-droite, l’ancien député européen Karim Zéribi a exprimé un autre souci, celui de voir le message de cette marche détourné à d’autres fins.

Car comme l’ont indiqué officiellement ses initiateurs, il s’agit d’une marche contre l’antisémitisme et non un soutien à Israël. Si le président Macron doit y prendre part, il faut qu’il y ait seulement des drapeaux français et aucun drapeau israélien.

« Si vous voulez que les gens viennent massivement, il ne faut pas qu’ils aient l’impression d’être récupérés (…) Ça ne doit pas être un blanc-seing à la riposte israélienne », a-t-il mis en garde.

Pour Karim Zéribi, qui a été attaqué et menacé ces dernières semaines pour avoir dénoncé les bombardements israéliens sur la bande de Gaza, il ne faut pas évoquer au cours de la marche ce qui se passe au Proche-Orient, sinon « ça va troubler le message », a-t-il déclaré sur CNews.

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