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Migrants : quand le Pape fait la leçon à l’Europe et son extrême-droite

Migrants : quand le Pape fait la leçon à l’Europe et son extrême-droite

En visite à Marseille, le Pape François a défendu la cause des migrants que l’Europe rejette.

Le plaidoyer n’est pas contraignant mais il est hautement important dans le contexte actuel.

Il a le mérite de retirer la couverture religieuse à une extrême-droite européenne qui couvre sa xénophobie par un prétendu souci de défendre la chrétienté du Vieux continent contre l’invasion d’une autre religion, l’Islam précisément.

En France, c’est le discours que développe l’extrême-droite identitaire, incarnée par des personnages comme Eric Zemmour.

Le contexte se prêtait doublement pour évoquer le sujet et mettre le monde devant ses responsabilités.

D’abord, le Pape François se trouvait dans la ville phocéenne, où il est arrivé vendredi dernier, pour assister aux « Rencontres méditerranéennes » qui rassemblent des évêques et des jeunes venus de nombreux pays de la Méditerranée, une mer qui est depuis quelques années le théâtre du drame migratoire, avec des naufrages mortels à répétition.

Ensuite, le débat du moment en Europe porte sur l’arrivée massive de migrants africains à Lampedusa.

La semaine passée, près de 10 000 migrants sont arrivés sur l’île italienne en deux jours.

L’Europe officielle est depuis divisée entre ceux qui appellent à la répartition équitable des migrants entre les pays du continent au nom de la solidarité européenne, et ceux qui sont tentés de céder aux pressions de l’extrême-droite pour expulser sans ménagement les contingents qui débarquent.

Gérald Darmanin, ministre français de l’Intérieur, a fait savoir que la France n’accueillera aucun migrant et proposé d’aider l’Italie à expulser les « migrants économiques« .

Rejet des migrants : le Pape retire la couverture religieuse à l’extrême-droite européenne

Gérald Darmanin était justement parmi l’assistance qui écoutait le discours du souverain pontife.

Celui-ci a d’emblée corrigé ceux qui crient à l’invasion.

« Ceux qui risquent leur vie en mer n’envahissent pas, ils cherchent hospitalité« , a-t-il dit, appelant plutôt l’Europe à faire preuve de responsabilité pour traiter la question et faire face aux « difficultés objectives« .

À son arrivée vendredi en France, où il a été accueilli par le président Emmanuel Macron, le Pape avait déjà fustigé l’attitude de l’Europe qui affiche « peur » et « indifférence » face à la détresse des migrants.

L’Europe devient de plus en plus hostile à l’immigration, comme le montre la montée des courants extrémistes qui sont même au pouvoir dans certains pays.

L’Italie est par exemple dirigée par une coalition d’extrême-droite.

En France, les scores électoraux de cette mouvance progressent inexorablement d’année en année et une victoire de l’extrême-droite aux présidentielles de 2027 est possible.

Une nouvelle loi sur l’immigration devrait être présentée prochainement dans ce pays et les passions se déchaînent déjà.

La droite traditionnelle et l’extrême-droite font front commun pour obtenir un texte ferme qui mettrait fin aux flux de migrants légaux ou clandestins.

Le point commun dans les programmes de tous les partis extrémistes européens c’est le rejet de l’immigration notamment africaine et celle en provenance des pays maghrébins.

Certains, comme le courant identitaire en France, soutiennent qu’ils le font pour faire face au danger de l’islamisme qui menacerait l' »identité chrétienne » du pays.

Le spectre a été de nouveau brandi tout récemment à l’occasion du débat sur l’interdiction du port de l’abaya à l’école.

Le discours du Pape François à Marseille sonne donc comme une manière de tirer le tapis sous les pieds de ceux qui prétendent défendre la chrétienté de l’Europe.

Car, justement, l’hospitalité est un fondement de la religion chrétienne.

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