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Mohamed Benmeradi : « Le dinar est surcoté »

Mohamed Benmeradi : « Le dinar est surcoté »

Le décalage entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle fait que l’État « subventionne indirectement les importations », a déclaré ce dimanche 28 janvier Mohamed Benmeradi, ministre du Commerce.

« Le dinar est probablement surcoté sur la place officielle et son véritable niveau est probablement plus proche de celui du marché parallèle », a affirmé le ministre du Commerce, pour qui, « il faudrait que l’institution d’émission, qui gère la parité du dinar travaille davantage à ce que les deux taux se rapprochent ».

En plus du dinar surcoté, qui, selon le ministre du Commerce augmente la facture des importations, l’État subit les pertes infligées par la surfacturation, qui « existe incontestablement », selon M. Benmeradi.

« Nous sommes convaincus, tous les Algériens le savent, aujourd’hui, quand vous examinez les bases de données statistiques détenues par les institutions internationales et que vous les comparez aux déclarations d’importations faites au niveau des douanes algériennes, vous trouvez toujours une différence », a expliqué le ministre du Commerce.

Autre cause de fuite de devises mise en avant par le ministre, le système de subventions directes qui, selon lui, « n’est pas très juste », car il profite plus « à ceux qui en ont le moins besoin, parfois à des entreprises et non à des ménages ». Le système de subventions serait même à l’origine de pratiques frauduleuses selon M. Benmeradi.

« Aujourd’hui, la hausse inexpliquée des importations de céréales, de lait en poudre laisse à penser également que le système de subvention est à l’origine de détournements », a affirmé le ministre qui a également annoncé qu’un passage progressif vers un système de subventions ciblées est en cours d’étude.

Le contrôle des opérations d’importations, comme l’exige la Constitution, n’est plus effectué avec autant d’efficacité que du temps où l’État détenait le monopole sur le commerce extérieur car, selon le ministre du Commerce, « à la fin 2017, nous avons eu 22800 personnes morales ou physiques qui ont émargé aux importations en 2017, 93% sont de statut privé pour un volume qui avoisine les 75% ».

Une majorité d’importateurs privés qui détiennent une grande part du commerce extérieur algérien, ainsi que des « enjeux importants » ont, selon le ministre, fait que des « résistances et des critiques » aient accompagné la mise en place des licences d’importation.

Grâce au système des licences, la facture des importations a connu une baisse de 9% en 2016 et une baisse de 4% fin 2017, ce recul moins important des importations en 2017 est dû, selon le ministre, à l’augmentation des importations de biens alimentaires et de produits pétroliers, qui ont fait que la diminution des importations n’a été que de 1,2 milliard de dollars en 2017.

Les produits les plus importés, et qui, ensemble, représentent environ 40% des importations algériennes en 2017, sont, selon M. Benmeradi, les biens alimentaires (9,4 milliards de dollars en 2017), les produits pétroliers (2 milliards de dollars),  l’acier (3 milliards de dollars), les médicaments (2 milliards de dollars) et les véhicules SKD et CKD (1,6 milliard de dollars). « Il faut s’attendre à ce que les années prochaines, avec la montée en cadence des usines, le montant des importations de véhicules en CKD et SKD passe à 2, voire 3 milliards de dollars », a expliqué M. Benmeradi.

Le coût important en importations des véhicules à monter en Algérie sous les systèmes CKD et SKD est expliqué par M. Benmeradi par « la faible valeur ajoutée locale dans le processus de production », ce qui a poussé le gouvernement à mettre en place un nouveau cahier des charges et qui prévoit « obligatoirement de monter en cadence en terme d’intégration et en terme de contribution de la valeur ajoutée locale dans le processus de fabrication ».

Mais, cette situation n’est pas spécifique à l’activité de montage de véhicules, elle concerne toute l’industrie algérienne qui est « importatrice » selon le ministre, car 80% de son chiffre d’affaires consiste en des coûts d’importations.

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