La photo des 83 chefs d’État et de délégations, prise mercredi 29 novembre, lors de l’ouverture du sommet Union africaine-Union européenne (UA-UE) à Abidjan passe mal dans la presse marocaine. Sur cette photo, où l’on voit le président de la République arabe sahraoui (RASD), Ibrahim Ghali, et le souverain marocain Mohamed VI posés à quelques pas l’un de l’autre.

Pour Telquel, cette image « surprend ». « La photo de famille avec Ghali est-elle une victoire pour Polisario ? », s’interroge le média marocain. Avant de tempérer : « Le roi du Maroc à quelques mètres de l’ennemi numéro un de la question nationale, l’image peut surprendre au Maroc. Pourtant, ce n’est pas tout à fait une première. En janvier dernier, à Addis-Abeba, lors du sommet de l’Union africaine qui a acté le retour du Maroc dans l’organisation panafricaine, Mohammed VI avait déjà prononcé un discours devant une assistance dont Brahim Ghali faisait partie. »

« Dans les couloirs du Sofitel d’Abidjan, on a plutôt le sentiment du contraire. L’accueil réservé au roi y est sans comparaison possible. Les activités de la délégation marocaine, l’une des plus importantes en nombre, durant le sommet montrent en fait que le Maroc n’avait même pas envisagé de ne pas assister à ce sommet », a jouté Telquel.

De son côté, le Desk a qualifié cette photo d’ « inédite ». « Image Inimaginable il y a encore quelques mois : à la cérémonie d’ouverture des travaux du sommet Union africaine-Union européenne le mercredi 29 novembre, en présence de nombreux chefs d’État et de gouvernement, le roi Mohamed VI fait l’accolade à son ami Ali Bongo, président du Gabon, sous le regard de Brahim Ghali, chef du Polisario, convié en tant que président de la ‘RASD’ » a écrit le site d’information.

Le journaliste et opposant Ali Lemrabet a fait le parallèle entre la photo de famille et le retrait « brutal » en avril 2012 de l’ancien chef du gouvernement marocain, Abdelileh Benkirane, des funérailles d’Ahmed Ben Bella en raison de la présence du président Sahraoui, le défunt Mohamed Abdelaziz.

« Pour comprendre la portée de la photo d’aujourd’hui à Abidjan, avec le roi du Maroc à côté du président de la RASD, Brahim Ghali, il faut juste se rappeler qu’en 2012, le chef du gouvernement marocain d’alors, Abdelilah Benkiran, avait été obligé, par ordre téléphonique direct du Palais, de quitter la cérémonie d’inhumation à Alger de l’ancien président algérien Ahmed Ben Bella », a-t-il commenté. Et de s’interroger sur un ton ironique : « Haram (illicite) pour Benkiran, halal (licite) pour Mohamed VI ? »