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Mustapha Mekideche : « Il ne faut pas compter sur une remontée du prix du baril »

Mustapha Mekideche : « Il ne faut pas compter sur une remontée du prix du baril »

ENTRETIEN. Mustapha Mékideche est économiste et spécialiste des questions énergétiques. Dans cet entretien, il commente les chiffres des douanes sur le commerce extérieur et propose des voies de sortie de crise.

Le déficit commercial de l’Algérie a fortement baissé de 42% pour s’établir à 6,17 milliards de dollars en sept mois. Faut-il s’en réjouir ?

Cette baisse est une bonne nouvelle en soi, sauf qu’elle est due à la remontée du prix du pétrole, durant cette période, et non pas à une hausse de nos exportations hors hydrocarbures. La problématique de la diversification des exportations reste donc entière. On peut réduire le déficit commercial, mais cela ne règle pas le problème. Il faut diversifier l’économie, pour produire suffisamment en Algérie afin de substituer les produits importés par des produits fabriqués localement et dégager un excédent vers les marchés internationaux. Il ne faut pas compter sur une remontée des prix du baril. L’erreur est de croire à un retour à un baril entre 60 et 80 dollars qui nous dispense de cette diversification de l’économie.

Justement, on parle beaucoup de diversification, mais rien n’est fait sur le terrain. Qu’est-ce qui bloque ?

Le commerce constitue une activité qui rapporte et qui est plus facile que l’acte de produire. L’environnement des affaires reste médiocre et l’investissement ne suit pas. Mais ce modèle ne peut plus fonctionner. Il faut passer de l’importation à la production. C’est le chemin vertueux que les privés doivent suivre. Des pays d’Amérique latine l’ont fait et l’Algérie a les moyens d’y parvenir. D’où l’importance du dialogue social et de la prochaine rencontre entre le gouvernement et les partenaires sociaux, pour identifier les raisons profondes qui empêchent l’accélération de l’investissement. Il n’y a pas d’autres choix que le dialogue. Aussi, il faut lever toutes les contraintes qui bloquent l’investissement. Il y a des projets bancables dans les terroirs et c’est anormal. Aussi, il faut faire de nos échanges commerciaux avec nos grands partenaires un point d’appui pour diversifier l’économie et réindustrialiser le pays. C’est-à-dire, il faut leur demander des contreparties en échange de leur accès à notre marché. On subit des pressions, alors que nous avons les moyens de faire pression, d’une façon positive, pour attirer les flux d’investissements de nos grands partenaires commerciaux.

Malgré les mesures drastiques prises par le gouvernement pour les réduire, les importations ne baissent pas ? Pourquoi ?

Il faut examiner la structure des importations. Peut-être que les mesures du gouvernement ont concerné des produits qui ont un faible impact sur la facture globale des importations, sachant que 20% des importations en quantité représentent 80% de nos achats à l’étranger en valeur.

Durant les sept premiers mois de 2017, les importations ont dépassé 27 milliards de dollars. Ce rythme est-il tenable ?

Avec un baril à 50 dollars, on reste dans une situation préoccupante. Je répète qu’il faut aller vers une diversification de l’économie pour produire plus de biens et de services. Aussi, il faut garder une orientation économique qui s’inscrit dans la durée. On ne change pas de monture au milieu du gué.

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