search-form-close
« Notre patrie est entrain de renaître »

« Notre patrie est entrain de renaître »

Le haïk était de retour ce vendredi 8 mars 2019 à Alger. Des femmes, jeunes et moins jeunes, ont porté le voile blanc d’Alger pour participer à la troisième grande marche populaire contre le 5e mandat.

Certaines portaient le couffin en doum comme pour rappeler la célèbre scène du film « La Bataille d’Alger » de Gilo Pontecorvo. Dans les années 1950, les femmes du réseau du FLN se déplaçaient souvent dans la Casbah couvertes de haïk avec des couffin à la main.

Des roses blanches et rouges à la main, d’autres femmes sont venues entre copines, voisines ou cousines célébrer le 8 mars dans la rue mais surtout exprimer le refus du 5e mandat pour Bouteflika.

« Dans les deux cas, c’est une fête pour nous », lance Fadéla. « Il n’y a pas de démocratie sans les droits de la femme. En tant que jeune, je poursuis le combat de mes concitoyennes qui ont toujours été aux devants de la scène militante, regardez comme elles sont nombreuses aujourd’hui dans la rue», reprend Hanane.

La journaliste Souhila Benali est impliquée dans le combat pour les droits des femmes depuis plusieurs années. « Sur papier, la femme algérienne a ses droits, mais pas suffisamment. Je ne vais pas revenir sur tous les manquements comme le Code de la famille. La femme doit retrouver sa place entière dans la société, qu’elle puisse gravir tous les échelons jusqu’au haut. En Algérie, la femme est partout sauf dans les postes décisionnels parce qu’il n’y a pas d’accompagnement sociétal. Ce n’est pas normal. Les femmes sont mieux formées mais dès qu’elles arrivent à des postes clefs, elles cèdent leur place parce qu’elles ont des enfants et qu’elles sont obligées de s’en occuper », constate-t-elle.

| LIRE AUSSI : Des millions de manifestants dans la rue : s’il leur reste une once de bon sens

 Une fusion entre les Algériens

Le mouvement contre le 5e mandat est, selon elle, naturel. « Ce qui est impressionnant est cette fusion qu’il y a entre les Algériens. C’est exceptionnel », dit-elle.

Pour Nadia, la femme algérienne doit accompagner ce renouveau. « Notre patrie est entrain de renaître. Il faut en profiter. Nous avons nos héroïnes de la Guerre de libération nationale qui étaient dans premiers rangs. Aujourd’hui, nous devons en tant que femmes éviter d’être derrière, dans le back-office. Les femmes algériennes veulent être partie prenante des décisions qui vont être prises sur l’avenir du pays », souligne-t-elle.

Les marches contre le 5e mandat dépassent, pour Leila, les espérances. « Si le pouvoir ne comprend pas aujourd’hui, il ne va jamais rien comprendre. La volonté d’un peuple doit être au-dessus des intérêts partisans, mesquins et prédateurs d’une catégorie de personnes », prévient-elle.

« Madame, on ne se sent pas bien ! »

Farida est sortie marcher en tant que femme et en tant que mère. «Nous ne voulons pas exporter nos enfants ! Nous voulons qu’ils grandissent et s’épanouissent dans ce pays. Pour ceux qui sont en train d’écrire au nom de Bouteflika, on leur dit qu’il n’y a pas une situation plus chaotique que celle que nous vivons aujourd’hui. Le système en place doit partir. C’est le même le système que depuis 1962 », s’indigne Farida. Pour elle, le Code de la famille doit être abrogé. « C’est une insulte pour nous », dit-elle.

Beaucoup de jeunes filles portaient l’emblème national sur les épaules alors que d’autres insistaient pour montrer les pancartes où sont portés des slogans, parfois satiriques, sur le pouvoir, ses méfaits et ses entourloupes. A la Grande poste, un groupe de jeunes a entouré une vieille dame en chantant : « aya el hadja ma ranach m’lah !» (Madame, on ne se sent pas bien !). La femme accompagnée de sa fille et de sa petite retenait difficilement ses larmes.

Kenza et ses copines ont écrit sur leurs joues : « Un seul héro le peuple ». Lamia, 11 ans, a, elle, choisi de mettre un bandeau autour de la tête en vert et blanc : « Viva Algeria ! », A la rue Hassiba Benbouali, des femmes lançaient de temps à autre des youyous pour encourager les manifestants à avancer…

| LIRE AUSSI : Tout ce que les Algériennes et Algériens ont célébré ce 8 mars

  • Les derniers articles

close