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Nouveau rebondissement dans le dossier Aigle Azur

Nouveau rebondissement dans le dossier Aigle Azur

Rebondissement. Alors qu’Aigle Azur est menacée de liquidation à l’issue de l’audience qui se tient ce lundi au tribunal de commerce d’Évry, Lionel Guérin a retiré son offre, tandis qu’Air France et le Groupe Dubreuil proposent une offre combinée.

Le coup de théâtre aura-t-il lieu pour éviter la liquidation d’Aigle Azur le jour même de l’audience ce lundi au tribunal de commerce d’Évry qui statuera sur le sort de la compagnie aérienne en redressement judiciaire? Réponse dans quelques jours puisqu’il est probable que le juge mette sa décision en délibéré.

Lionel Guérin jette l’éponge

En tout cas les choses ont bougé ce dimanche 15 septembre. Alors toutes les offres de reprise étaient considérées irrecevables par l’administratrice judiciaire qui entendait préconiser la liquidation de la compagnie, un candidat s’est retiré, et non des moindres, tandis que d’autres se sont rapprochés. Selon nos informations, les deux anciens du groupe Air France, Lionel Guérin et Philippe Micouleau, les rares à proposer une reprise de la compagnie avec la totalité des salariés, ont jeté l’éponge. Visiblement, le calendrier précipité de la procédure ne leur a pas permis de réunir les fonds nécessaires.

Dimanche soir, Jean-Baptiste Djebbari, qui ne manquait jamais une occasion de mettre en avant leur offre, ne l’a pas mentionnée lors de son passage sur C-News. Il a au contraire évoqué deux projets de reprise, une « offre combinée » d’Air France et du groupe Dubreuil et celle, concurrente, d’un « transporteur étranger », qui serait Easyjet.

Selon nos informations, Air France et le Groupe Dubreuil (propriétaire d’Air Caraïbes et de French Bee), vont  bien présenter une offre de reprise combinée qui propose de reprendre 80% des 800 emplois français d’Aigle Azur mais qui laisserait visiblement sur le carreau les 350 salariés algériens de la compagnie. La rumeur ce week-end d’une offre d’Easyjet plus musclée que la lettre d’intention que la compagnie britannique avait remise à l’administratrice judiciaire a poussé les deux compagnies françaises à agir de concert. Jusqu’ici, Air France travaillait davantage sur une liquidation que sur un redressement judiciaire. « Son offre était une offre liquidative, et non une offre de reprise d’une compagnie », déplorait vendredi un proche du dossier.

Complémentarité des offres

Les deux compagnies avaient présenté jusqu’ici des offres séparées, mais complémentaires : Air France a proposé de reprendre l’activité moyen-courrier d’Aigle Azur (9 A320) sur l’Algérie, le Liban et le Portugal quand le Groupe Dubreuil a marqué son intérêt pour l’activité long-courrier (2 A330). Intéressées tous les deux par les créneaux horaires d’Aigle Azur à Orly, Air France et le Groupe Dubreuil ont indiqué mettre sur la table 15 millions d’euros chacun.

Mais les deux offres n’étaient pas compatibles avec les règles du redressement judiciaire qui demandent de reprendre des « branches autonomes d’activité », c’est-à-dire tout ce qui permet à une activité de fonctionner : les avions, le personnel lié à l’activité avec leur contrat notamment. Ce point a fait tousser beaucoup de candidats. Notamment Air France et le Groupe Dubreuil. Ni l’un ni l’autre ne voulaient reprendre les contrats des salariés, en particulier ceux du personnel navigant jugés peu compétitifs.

Air France proposait donc de reprendre 100% des créneaux horaires de décollage d’Aigle Azur pour assurer les vols moyen-courriers d’Aigle Azur en moyens propres, sans reprendre les avions ni le personnel avec leur contrat. Pour autant, le groupe français envisageait d’embaucher 515 personnes d’Aigle Azur dans le cadre d’une sélection dédiée. Un schéma qui n’apportait pas la garantie suffisante aux salariés d’Aigle Azur. De son côté, le Groupe Dubreuil comptait créer une filiale pour y loger les deux A330 d’Aigle Azur et s’était engagé à reprendre 106 personnes « à des statuts conformes aux conditions d’emploi actuellement pratiquées par les nouvelles compagnies ». Si ce schéma semblait plus compatible que celui d’Air France pour répondre à la règlementation des créneaux horaires, il ne correspondait pas lui non plus aux règles du redressement judiciaire.

Quels contrats?

Quels seront les contours de cette offre combinée? Une association des deux projets? En tout cas, même si la position sur les contrats des salariés d’Aigle Azur évolue avec, selon certaines sources, la reprise des contrats des personnels au sol, elle ne bouge pas pour les navigants (pilotes, hôtesses et stewards). Pour ces derniers, l’idée de les embaucher avec des contrats différents demeure. Par conséquent, l’acceptabilité de cette offre combinée resterait posée, toujours en raison de la notion de branche autonome d’activité à reprendre. Et quand bien même l’offre commune d’Air France et du Groupe Dubreuil était acceptée au nom du sauvetage de l’emploi et du pavillon français, encore faut-il qu’elle réponde aux règles européennes concernant l’attribution des créneaux horaires. Il est difficilement imaginable de voir Cohor, le gestionnaire des créneaux, s’affranchir des règles du jeu, sous peine de faire l’objet d’un grand nombre de contentieux des autres candidats.

Lire aussi : Reprise d’Aigle Azur : le gendarme des créneaux aéroportuaires pose ses conditions


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