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Nouveau stade d’Oran : un scandale peut en cacher un autre

Nouveau stade d’Oran : un scandale peut en cacher un autre

Les Algériens ont été choqués par les images d’un barbecue organisé dans l’enceinte même du nouveau stade d’Oran, quelques heures seulement après que ce joyau ait abrité sa première compétition jeudi soir, un match amical entre l’équipe nationale des locaux et son homologue du Liberia (5-1).

Les images ont fait le tour des réseaux sociaux et ont été largement commentées. Beaucoup ont crié à « l’irresponsabilité », sachant qu’un incendie pouvait facilement se déclencher et réduire en fumée une partie d’un investissement colossal, d’autres à l’utilisation d’un bien public à des fins personnelles, et d’autres encore au gaspillage.

| Lire aussi : Barbecue au nouveau stade d’Oran : ce qu’il s’est passé -Vidéo

Les autorités ont vite réagi et l’affaire semble prise très au sérieux puisque le ministère de la Jeunesse et des Sports a diligenté une enquête. Selon Yacine Siaffi, directeur de la Jeunesse et des sports (DJS) d’Oran, une commission a été mise en place par le wali et un rapport sera établi par l’inspecteur général du ministère de la Jeunesse et des Sports. La commission va « faire son travail » pour déterminer les responsabilités d’ « une façon précise » et que « chacun assume ses responsabilités », a-t-il assuré.

En attendant les résultats de l’enquête, le responsable a démenti les accusations et soupçons proférés sur les réseaux sociaux à l’égard des autorités locales.

Mais en fait, les explications apportées ont dévoilé un autre scandale : le stade est toujours en travaux et n’a pas encore été livré par la société de réalisation, mais cela n’a pas empêché le début de son exploitation en programmant un match de football international. « L’entrée au stade est toujours soumise à l’autorisation de la société chinoise », révèle-t-il.

Voilà ce qui s’est passé, selon le même responsable : « Ce barbecue a été organisé sans autorisation de la part de l’administration locale et centrale. Des employés appartenant à la société de réalisation (MCC) et au bureau d’études ont voulu fêter la livraison du projet qui a eu lieu sans grandes contraintes. Ils ont voulu faire une fête, mais d’une façon inacceptable ».

Que les travailleurs fassent la fête sur les lieux de leur travail, cela n’a rien d’anormal ni de scandaleux tant que l’infrastructure n’est pas livrée et est toujours sous la responsabilité de la société en charge des travaux.

Mais c’est cette légèreté des responsables dans la gestion des grandes infrastructures sportives qui pose problème. Pourquoi programmer un match dans un stade qui n’est pas encore officiellement terminé ? N’y a-t-il pas d’autres infrastructures pour accueillir un match de football, amical de surcroît ?

La gestion des infrastructures sportives en question

C’est d’autant plus inacceptable que l’infrastructure en question est un immense complexe moderne qui a coûté les yeux de la tête à l’État. Il est vrai que le match s’est joué sans la présence du public qui pouvait causer des dégradations, mais pour une infrastructure de cette importance, il aurait mieux fallu suivre les procédures jusqu’au bout et attendre la livraison finale pour entamer l’exploitation, ne serait-ce que pour éviter les litiges.

Avant même son inauguration, le stade d’Oran en est déjà à son deuxième scandale. Le premier c’est la dégradation de la pelouse immédiatement après sa réalisation. C’était en septembre dernier. Les images diffusées avaient choqué l’opinion publique.

D’un vert flamboyant, la couleur de la pelouse a viré au jaune, rappelant un champ de blé moissonné. Pourtant la société qui l’a posée, Natural Gass Africa, est la même qui a pris en charge la pelouse du stade du Real Madrid, selon la FAF. La société a été mise hors de cause et l’explication donnée démontre le laisser-aller dans la gestion des infrastructures sportives.

La pelouse s’est dégradée à cause de coupures d’eau. « La belle pelouse du nouveau stade olympique d’Oran a connu, ces derniers jours, quelques problèmes en raison de fréquentes coupures d’eau qui ont engendré une forte charge en chlorure au niveau de le bâche utilisée pour l’arrosage, avec comme conséquence un jaunissement de l’herbe », avait expliqué la Fédération.

Le cas du stade d’Oran est loin d’être un cas isolé. L’Algérie grand pays d’Afrique, ne dispose presque pas de stades modernes répondant aux normes internationales.

Si l’équipe nationale s’est « exilée » à Blida depuis plus de dix ans, c’est, entre autres, à cause de la pelouse du stade du 5-Juillet, le plus grand du pays, qui ne tenait pas à l’époque plus de quelques mois après chaque rénovation. Les scandales ont été nombreux mais les leçons n’ont jamais été retenues.

L’Algérie dispose de grands et beaux stades aux quatre coins du pays, mais rares sont ceux qui sont dotés de pelouses naturelles aux normes mondiales. Des sommes colossales ont été débloquées mais le problème de l’entretien, de la maintenance et de la gestion s’est toujours posé.

L’exemple du complexe olympique du 5-Juillet est édifiant : ses équipements sont vétustes et peu entretenus.

Pour rester dans les nouvelles infrastructures, le stade de Tizi-Ouzou, plus grand (50 000 places) que celui d’Oran (40 000) constitue peut-être le plus gros scandale en la matière.

Ayant nécessité plusieurs avenants et rallonges, le projet a coûté, selon plusieurs estimations, près de 400 millions d’euros, soit plus que le nouveau stade de la Juventus de Turin.

Et alors que l’avancement des travaux a atteint 85 %, le projet s’est arrêté à cause semble-t-il des tracasseries juridiques induites par la faillite de la société des Haddad, l’ETRHB, qui a pris en charge sa réalisation en consortium avec une société espagnole puis turque.  Aujourd’hui, le chantier est à l’abandon.

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