Dès le début de l’attaque du Hamas palestinien contre Israël, samedi 7 octobre, les dirigeants de l’Occident ont pris position ouvertement pour Israël, condamnant fermement et sans ambiguïté ce qu’ils qualifient d’« acte terroriste » commis contre des civils.
Les médias occidentaux et certains intellectuels qui feignent la neutralité sont, eux trahis, par des éléments de langage qui traduisent un parti pris flagrant en faveur de la force occupante qui est Israël.
Heureusement, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent aux États-Unis, en Europe et même en Israël pour rappeler que si l’on est arrivé là, si les Israéliens sont condamnés à vivre dans une peur perpétuelle, c’est par la faute d’abord de leurs gouvernements respectifs qui n’ont laissé aucune chance pour la paix, puis par celle de leurs alliés qui les encouragent par leur silence devant leurs exactions.
En Occident, le mouvement Hamas qui détient le pouvoir à Gaza depuis 2006, est une organisation « terroriste« , telle que classée par leurs gouvernements. Ceux qui le soutiennent le sont aussi forcément, y compris ceux qui ne font que brandir le drapeau palestinien dans les manifestations publiques.
Cette idée reçue a donné lieu à un grave mélange des genres qui fait de l’armée d’occupation israélienne est une armée aux avants-lignes de la lutte mondiale contre « le terrorisme islamiste » dans les territoires palestiniens.
Cela est suffisant pour fermer les yeux sur toutes les exactions, les atteintes aux droits de l’Homme et tous les actes qui peuvent s’apparenter à des crimes contre l’humanité, comme le fait d’enterrer vivants des enfants sous les décombres d’immeubles bombardés par l’aviation israélienne.
Pourtant, c’est pour moins que ça que l’Europe et l’Amérique, politiques intellectuels et presse compris, s’indignent à n’en plus finir depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Ce qui, cependant, n’est ni nouveau ni étonnant. Le « terrorisme » est un vocable tellement élastique et passe-partout qu’il est collé à n’importe quel mouvement, même lorsqu’il mène un combat juste, par n’importe quel gouvernement, y compris ceux qui occupent illégalement un territoire et oppriment ses habitants, comme c’est bien le cas d’Israël en Palestine.
Grave propos du ministre israélien de la Défense
Dans l’imaginaire occidental, Israël est un petit havre de paix et de démocratie entouré d’ennemis qui guettent la moindre opportunité pour mettre fin à son existence. C’est pourquoi le « droit d’Israël à se défendre » revient comme un leitmotiv, de surcroît maintenant que les Palestiniens l’ont attaqué frontalement.
Lapsus involontaire ou feu vert donné à l’armée israélienne pour « punir », comme il l’a toujours fait, la population civile de Gaza, la phrase est revenue dans quasiment toutes les premières réactions des dirigeants occidentaux à l’attaque du 7 octobre.
« Israël a le droit de se défendre », ont-ils dit et écrit avant même le début de la réaction israélienne, comme s’ils se sont donnés le mot pour couvrir les exactions à venir.
Ils veulent aussi que leur « vérité » et leur vision du conflit soit partagées par toute la planète. Lors de la réunion du Conseil de sécurité consacrée dimanche à la situation en Israël et en Palestine, les États-Unis ont exigé une condamnation unanime de l’action du Hamas palestinien. Ce qu’ils n’ont évidemment pas obtenu, de la même manière qu’ils avaient échoué à retourner le reste du monde contre la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine.
Dans les écrits de la presse et les interventions des analystes sur les plateaux télé, un glossaire spécifique est utilisé quand il s’agit d’évoquer les évènements en Israël ou en Palestine.
« Attentat terroriste » pour les actes de résistance des Palestiniens, « riposte de l’armée israélienne » qui n’attaque donc jamais en premier, « frappes de l’aviation israélienne », ce qui sous-entend des bombardements ciblés qui ne touchent jamais les civils.
Et quand ceux-ci sont tués par dizaines ou centaines par les tonnes de munitions larguées sur leurs habitations, ce sont évidemment des « victimes collatérales ».
Dans leur indignation sélective, les Occidentaux sont allés jusqu’à ignorer et trouver anodins les propos qu’a tenus le ministre israélien de la Défense. Yoav Galant a qualifié ce lundi les habitants de Gaza d’ « animaux humains » avec lesquels « il faut agir en conséquence », annonçant un siège total du territoire désormais privé d’électricité, de gaz, d’eau et de carburant.
Mais quand de tels propos et de telles mesures viennent d’un ministre israélien, ça ne peut pas être du « terrorisme ». C’est juste une « riposte » d’un Etat qui a « le droit de se défendre ».
Pour les Palestiniens, ils doivent accepter de se faire voler leurs terres et leurs maisons par des colons religieux extrémistes, subir la colonisation et la répression sanglante israélienne, au risque d’être qualifiés de terroristes.