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Paris se dote de deux rues anti-bruit et anti-chaleur

Paris se dote de deux rues anti-bruit et anti-chaleur

La mairie de Paris a présenté ce lundi deux premières chaussées réduisant les nuisances acoustiques et thermiques dans le XVe arrondissement de Paris. Elles ont été réalisées avec Colas (groupe Bouygues) et Eurovia (groupe Vinci).

Après la Gironde et sa route recyclée et recyclable, la ville de Paris a présenté le 15 octobre les premières voies antibruit et antichaleur. « C’est une petite pierre de plus sur le chemin de la ville durable », a souligné Célia Blauel, maire-adjointe chargée, notamment, du plan climat énergie territorial. « Cette action s’inscrit pleinement dans notre plan climat et dans notre stratégie de résilience. »

A proximité de la place Cambronne dans le XVe arrondissement de Paris, deux chaussées d’une longueur de 200 mètres chacune, l’une située rue Frémicourt, la seconde rue Lecourbe, ont été refaites de telle sorte à réduire les décibels et les températures élevées.

« Nous avons travaillé sur les matériaux pour qu’ils deviennent des pièges à sons. Des vides ont été créés exprès pour absorber le bruit des pneus. Le gain instantané est de cinq décibels », explique à La Tribune Jérôme Lefebvre, du Labo espaces publics de la Ville. « Quant à la température, l’aspersion [arrosage, N.D.L.R.] d’eau non-potable viendra limiter l’absorption des rayons du soleil. »

Que ce soit sur la rue de Frémicourt, conçue sous la responsabilité de Colas (groupe Bouygues), ou sur la rue Lecourbe, travaillée par Eurovia (groupe Vinci), les axes concernés mesurent en réalité 400 mètres chacun. 200 mètres sont réservés à ces expérimentations et 200 mètres sont dédiés à l’asphalte ou au bitume classiques. Tous seront suivis jusqu’en 2027 pour relever les différences entre les portions avec les mêmes conditions de circulation et d’exposition météorologique.

Un surcoût limité à 10 %

Co-financées par l’Union européenne, les deux chaussées devraient réduire de cinq décibels l’exposition au bruit. « Cela équivaut à diviser la puissance sonore par 3 », assure Jérôme Lefebvre de la municipalité parisienne. La température, elle, devrait baisser de 1,5 °C en journée et de 3°C la nuit, et ce jusqu’à 1,50 mètre du sol. Certes, cela revient plus cher qu’une réfection habituelle, mais le surcoût est limité à 10 %, avance-t-on du côté de la Ville.

Concrètement, comment obtient-on de tels résultats ? Éric Godard, directeur technique chez Colas, explique qu’en matière de confort thermique le bitume de la rue Frémicourt a été rempli de granulats clairs qui, au lieu de conserver la chaleur, la renvoient vers le ciel. Du côté de la rue Lecourbe, le directeur technique d’Eurovia, Lionel Grin, a, lui, ajouté dans l’asphalte des granulats poreux qui retiennent une certaine quantité d’eau, rafraîchissant l’atmosphère ambiante.

En termes d’acoustique, Colas a réduit la taille des gros cailloux implantés dans la chaussée, en les faisant passer de 10 à 8 voire 6 millimètres pour « les rendre plus absorbants au niveau du son ». Chez Eurovia, les granulats poreux, qui ingurgiteront le trop-plein d’eau non-potable, sont disposés de façon à ce que « le bruit s’infiltre dans le vide ».

Paris entend désormais reproduire ces deux premières mondiales rue de Courcelles dans le VIIIe arrondissement et inciter à toujours plus d’innovations dans ce domaine. Objectif : atténuer les nuisances phoniques et thermiques auxquelles sont exposées quotidiennement les habitants et les visiteurs. A long-terme, les deux effets conjugués ont en effet de réelles conséquences sur la santé mentale et physique.


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