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Pénurie d’eau : nouvelles manifestations de colère à Alger

Pénurie d’eau : nouvelles manifestations de colère à Alger

Depuis le début de l’été et le déficit hydrique qui sévit en Algérie, le rationnement de l’eau potable met à rude épreuve les nerfs des habitants de la capitale.

La rareté du précieux liquide suscite même la colère des Algérois qui multiplient les mouvements de protestation pour dénoncer le manque d’eau.

Le problème prend de plus en plus des proportions inquiétantes et les autorités aussi bien centrales que locales sont tenues de le prendre très au sérieux.

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Elles auront besoin de beaucoup de tact pour convaincre les habitants de faire preuve de patience et de compréhension, tant il n’y a pas de solution miraculeuse qui puisse être mise en œuvre dans l’immédiat pour retourner à un approvisionnement régulier en eau. Il leur faudra aussi pour cela faire montre de sérieux et de rigueur dans la gestion des ressources disponibles.

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La pénurie de l’eau touche presque tout le pays et partout on assiste à des actions de protestation de citoyens qui se plaignent de la soif. Partout le même mode d’action, la coupure de route.

La situation de manque d’eau est causée par la conséquence directe de la sécheresse, après trois hivers consécutifs sans grandes précipitations. Le manque d’anticipation des autorités et la gestion politique d’un dossier technique ont compliqué la situation.

Les chiffres de l’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) relatifs font état d’une moyenne nationale de remplissage des barrages de l’ordre de 44 %.

« Vu la situation actuelle, cela nous impose d’économiser les réserves qui existent au niveau des barrages à ce jour. Cette économie va se traduire inévitablement sur le terrain par une réduction des plages horaires de distribution afin de préserver cette denrée rare », avertissait en avril dernier, le DG de l’Algérienne des eaux (ADE) actant ainsi un cycle de rationnement de l’eau potable.

Cette crise de l’eau a donné lieu à un nouveau phénomène qui fait déjà florès : l’achat de citernes d’eau. Sur les balcons ou à l’entrée des immeubles, elles permettent un tant soit peu aux citoyens de disposer d’eau entre deux coupures. Les habitants de nombreuses villes, dont Alger, ont renoué avec des habitudes qu’on croyait révolues pour constituer de petites réserves d’eau.

Les autorités ont expliqué et répété que les barrages sont en grande partie à sec, ou pas suffisamment remplis en tout cas, et il est évident que leur remplissage est tributaire de la pluviométrie.

Dans l’immédiat, les autorités peuvent tenter de résorber le taux de déperdition, qu’on dit important, et procéder à la réalisation de forages supplémentaires pour compenser ne serait-ce qu’en partie le manque induit par le tarissement des barrages.

Quant aux nouvelles stations de dessalement d’eau de mer que le gouvernement compte réaliser, elles ne pourront pas être opérationnelles avant plusieurs mois, dans les meilleurs des cas.

Les autorités appelées à respecter le planning de rationnement

Mais pourquoi les gens se plaignent-ils alors et vont jusqu’à bloquer des axes routiers pour se faire entendre ? Devant la baisse drastique des ressources disponibles, les autorités ont opté pour le rationnement, traçant des plannings pour l’alimentation des habitants des wilayas concernées par la pénurie.

Et il se trouve que ces plannings ne sont pas souvent respectés. C’est du moins le cas dans la wilaya d’Alger. Là, convaincre les citoyens devient un peu plus difficile. Ne pas respecter un programme de distribution qui a fait de surcroit l’objet d’une large médiatisation, c’est prendre les gens au dépourvu. Rester plusieurs jours sans eau pendant un été caniculaire, c’est insupportable.

Ce samedi 10 juillet, des manifestants ont fermé l’axe menant de Reghaia à Heraoua, à l’est de la capitale. Ce qui suscite la colère et l’incompréhension chez les habitants, c’est que le programme et les horaires de suspension et de rétablissement de l’alimentation en eau ne sont pas respectés. Pour le même motif, la route a été coupée ce samedi à Triolet dans le quartier populaire de Bab el Oued.

Hier, des actions de protestation similaires ont été menées par des habitants de la capitale. La route menant vers l’aéroport d’Alger a été bloquée hier vendredi pour la deuxième fois en quelques jours au niveau de Bab Ezzouar. Les habitants de la cité « Réconciliation » ont réédité la même action ce samedi matin.

La perturbation du trafic vers le principal aéroport du pays doit interpeller sur la gravité de la situation.

Dans une lettre ouverte adressée le même jour au wali d’Alger Youcef Chorfa, l’Association de protection du consommateur (Apoce) a fait part de son « incompréhension » devant le non-respect du programme d’urgence de distribution de l’eau annoncé par ses services, mais qui est resté sans concrétisation sur le terrain.

« Des quartiers ne sont pas alimentés en eau pendant trois jours consécutifs », s’offusque l’Apoce. « Par la voix des habitants des wilayas concernées par le rationnement, nous ne demandons rien d’autre que le respect du programme d’alimentation (…) La confiance du citoyen en l’administration se mesure à la capacité de celle-ci à tenir ses engagements », explique l’Apoce.

Le programme de rationnement, entré officiellement en vigueur samedi 26 juin, se décline en trois systèmes d’approvisionnement. Le premier concerne 14 communes, qui seront alimentées quotidiennement de 8h à 14h. La deuxième catégorie est composée de 20 communes, qui seront alimentées de 8h à 16h, un jour sur deux.

Enfin, la troisième catégorie est composée de 23 communes, elles se verront appliquer un double système d’approvisionnement, c’est-à-dire que dans une même commune, il y aura des quartiers qui auront de l’eau quotidiennement de 8h à 14h et d’autres de 8h à 16h, un jour sur deux.

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