L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) cherche à parvenir avant la fin 2018 à un accord sur une coopération à long terme avec les pays non membres du cartel, a indiqué, jeudi 15 février, Souhaïl ben Mohamed el Mazroui, le ministre de l’Énergie des Émirats arabes unis au journal émirati The National.
La poursuite de cette coopération au-delà de 2018 avait déjà été évoquée le mois dernier par le ministre saoudien de l’Énergie, Khalid al Falih.
Si le projet est encore en chantier, son cadre pourrait être approuvé et signé par les 24 pays concernés avant fin 2018, a expliqué le ministre de l’Énergie des Émirats arabes unis, dont le pays assure la présidence tournante de l’Opep.
Aucun détail n’a toutefois été révélé sur ce partenariat entre les pays membres du cartel et ses alliés. Rien ne dit s’il impliquera le maintien des objectifs actuels de production fixés à chaque pays.
Néanmoins, lors d’une interview accordée à S&P Global Platts en début de semaine, le ministre russe de l’Énergie Alexander Novak a fait savoir que la Russie était désireuse de construire une relation à long terme avec l’Opep.
Cet accord sur le long terme permettrait d’abord de maintenir une stabilité des prix mais surtout de faire face à la croissance du pétrole de schiste américain.
Les États-Unis bouleversent les équilibres traditionnels du marché
Il faut dire que l’offensive des producteurs de pétrole de schiste américains a affaibli l’efficacité de l’accord de réduction de la production décidé en novembre 2016.
Certes, cet accord entre, 13 membres de l’Opep et 11 autres pays producteurs non membres (dont la Russie), entré en vigueur en janvier 2017 et prolongé jusque fin 2018, a contribué au rééquilibrage du marché et donc à une remontée des cours du pétrole.
Mais cette hausse des prix a également permis aux producteurs américains de relancer leurs opérations de forage. Mi-novembre, la production américaine a atteint son plus haut niveau hebdomadaire (un niveau jamais atteint depuis le début de l’enregistrement de ces données en 1983). Depuis, la production américaine ne faiblit pas : elle dépasse désormais les 10 millions de barils par jour.
Selon l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), les États-Unis dépasseront cette année l’Arabie saoudite, et pourraient passer devant la Russie dès 2019 ou 2020.
Les dernières données du groupe de services pétroliers américain Baker Hughes, indiquent que la production américaine s’élève à 975 puits en activité au 9 février 2018. Sur un an, le nombre de puits de pétrole en activité aux États-Unis a progressé de 234 unités.
En améliorant la technologie et l’efficacité, les producteurs de schiste aux États-Unis ont réussi à réduire leurs coûts de rentabilité de 30 à 50% en 2015-2017, admettait d’ailleurs l’Opep dans son rapport mensuel en janvier.
L’Opep encourage ses membres à disposer de réserves
Dans cet entretien accordé au journal émirati The National, le ministre de l’Énergie des Émirats arabes unis estime que le cartel doit également davantage tenir compte de l’évolution du marché. En effet, dans un contexte où la demande de pétrole augmente, une contraction du marché engendrerait une flambée des prix et encouragerait les producteurs de pétrole de schiste américain à forer davantage.
Le ministre incite également les membres du cartel à disposer de capacités de réserve. « Ces réserves sont destinées à (s’assurer) qu’en cas de hausse (de la demande) ou de difficultés d’un pays, on peut pallier le manque et parvenir à rééquilibrer le marché à court et moyen terme », précise-t-il.
Selon les prévisions de la banque privée suisse Lombard Odier, les cours du pétrole devraient se maintenir cette année au dessus des 60 dollars, autour de 64 dollars le baril. La production de schiste américaine est rentable avec un baril à 50 dollars, voire « à partir de 45 dollars le baril », indique un expert du marché pétrolier à TSA.
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