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Pétrole : l’Opep prise entre le marteau et l’enclume

Pétrole : l’Opep prise entre le marteau et l’enclume

Alors que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires, dont la Russie, doivent se réunir ce samedi 22 juillet– une réunion technique- et lundi 24 juillet – au niveau ministériel- à Saint-Pétersbourg, en Russie, pour discuter de l’avenir de l’accord de limitation, la publication de nouveaux chiffres sur la production conduit, une nouvelle fois, à s’interroger sur sa pertinence et son efficacité.

Les marchés avaient brièvement passé le cap des 50 dollars le baril (spéculant sur une éventuelle baisse de la production saoudienne pour rééquilibrer l’offre et la demande d’or noir) jeudi, mais la publication, vendredi, du rapport du cabinet Petro-Logistics est venu doucher tout espoir. Hier, le baril de Brent (référence pour le pétrole algérien) a clôturé en forte baisse (-2,88%) à 47,86 dollars.

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Selon le cabinet d’études spécialisé, la production totale des pays membres du cartel devrait en effet dépasser les 33 millions de barils par jour ce mois-ci, soit une hausse de 600.000 unités par rapport à la moyenne des six premiers mois de l’année.

Le rapport de Petro-Logistics souligne que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes-unis et le Nigeria (ce pays est exempté de l’accord Opep en raison des troubles géopolitiques) sont à l’origine de l’augmentation de la production de l’Opep. La production libyenne (pays aussi exempté) vient également affaiblir cet accord.

L’offensive américaine

En outre, l’offensive de la production américaine de pétrole de schiste est en train de rendre totalement inefficace l’accord de l’Opep pour rééquilibrer le marché.

Pire, cette augmentation de la production modifie progressivement le paysage énergétique. Ainsi, en dix ans, les États-Unis ont troqué leur statut d’importateur de pétrole pour celui d’exportateur de premier plan. D’après Gary Ross, fondateur de Pira Energy (propriété de S & P Global Platts), cité par le Financial Times, les exportations de pétrole brut américain pourraient atteindre 2,25 millions de barils par jour d’ici 2020.

Selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), la Chine a importé en avril 323.000 barils par jour en provenance des États-Unis, ce qui représente 30% des exportations de pétrole américain. « C’est aussi environ 4% des importations totales de pétrole en Chine pour le mois », selon les données publiées par l’agence douanière chinoise, rapporte un article du site américain Vice publié vendredi.

Les exportations quotidiennes de pétrole américain dépassent les moyennes de 2016 de cinq membres du cartel du pétrole de l’OPEP : l’Algérie, l’Équateur, le Gabon, la Libye et le Qatar, souligne le site Vice.

L’Opep coincée

À l’issue de ses deux réunions à Saint-Pétersbourg, l’Opep pourrait décider de réduire davantage sa production (ce que le cartel avait jugé inutile fin mai…) et d’imposer des quotas au Nigeria et à la Libye.

Les marchés pourraient alors saluer ces initiatives, ce qui permettrait une légère hausse des prix. Mais, « un rebond des prix à court terme soutiendrait la hausse de la production des producteurs de pétrole non conventionnel aux États-Unis », estime Abishek Deshpande, analyste chez Natixis, interrogé par l’AFP.

Si toutefois le cartel décidait d’abandonner cet accord (prolongé jusqu’en mars 2018) ou de le laisser en l’état, les prix pourraient plonger de nouveau.

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