search-form-close
Planche à billets : la BA opte pour la transparence, Sonatrach et Sonelgaz principaux bénéficiaires

Planche à billets : la BA opte pour la transparence, Sonatrach et Sonelgaz principaux bénéficiaires

La Banque d’Algérie a-t-elle pris le parti de la transparence en matière de financement non conventionnel ? On en sait en tout cas un peu plus sur le démarrage du processus de financement plus connu sous le nom de « planche à billets » qui est désormais entré dans sa phase concrète.

Au début de la semaine dernière, la situation mensuelle de la Banque d’Algérie publiée au Journal officiel révélait pour la première fois qu’un financement de 2.185 milliards de dinars de monnaie, soit l’équivalent de plus de 19 milliards de dollars, avait été mis en œuvre par la Banque d’Algérie au profit du Trésor public à la date du 30 novembre 2017.

Cette information, qui a suscité un certain émoi en raison des montants en cause, est relativisée par des sources proches de la Banque centrale qui soulignent qu’elle participe à un souci de transparence.

« La Banque d’Algérie a tenu à créer un sous compte au sein de ses statistiques monétaires dans le but de clairement identifier et mesurer les opérations de financement non conventionnel », expliquent nos sources. Une précision intéressante et qui suggère qu’on pourra donc suivre « en direct » au cours des prochains mois et des prochaines années les montants alloués au dispositif de financement non conventionnel.

| LIRE AUSSI : Planche à billets : la Banque d’Algérie dévoile la quantité d’argent créée

Sonatrach et Sonelgaz principaux bénéficiaires

Nos sources ajoutent que seule une partie du montant annoncé, soit 570 milliards de dinars, a été consacrée au financement du déficit budgétaire. Le reste pour l’essentiel a servi à éponger la dette du Trésor public vis-à-vis des entreprises publiques Sonatrach et Sonelgaz ainsi que, de façon plus modeste, à augmenter la dotation du Fonds National d’Investissement .

Dans le cas de Sonelgaz, l’opération a consisté en substance dans le rachat par le Trésor public de la dette contractée par l’entreprise publique auprès de la BNA pour un montant supérieur à 600 milliards de dinars. Une grande partie de cette somme serait d’ailleurs revenue à la Banque d’Algérie au titre du remboursement des avances consenties à la BNA depuis la reprise des opérations de réescompte.

Les choses sont un peu différentes pour Sonatrach qui été remboursée directement par le Trésor public en compensation des charges qu’elle supporte en matière de subvention des prix du carburant importé. Les sommes ainsi remboursées à Sonatrach à la fin de l’année dernière auraient atteint le montant considérable de plus de 900 milliards de dinars.

|LIRE AUSSI : Le PDG de Sonatrach mise sur le gaz, juge « compliqué » un accord pétrolier sur le long terme

Le déficit budgétaire priorité de 2018

Après ce démarrage en trombe, à quoi faut-il désormais s’attendre dans ce domaine pour 2018 ? Les indications dont nous disposons suggèrent que pour l’année en cours le gros du financement non conventionnel devrait être réservé au déficit budgétaire et pourrait atteindre, selon des chiffres déjà communiqués par le ministère des Finances, un peu plus de 1800 milliards de dinars.

En 2018, sans doute pour éviter de trop charger la barque au cours d’une année charnière marquée par la relance des dépenses publiques, les financements non conventionnels au titre de la dette contractée auprès des grandes entreprises du secteur de l’énergie devrait donc provisoirement passer au second plan.

Des besoins de financements budgétaires en diminution à partir de 2019

À propos du déficit budgétaire, les besoins en financement ont été estimés précisément, selon M. Raouya, à 570 milliards de dinars en 2017, puis 1.815 milliards de dinars en 2018 et 580 milliards de dinars en 2019. À partir de l’année 2020, « le trésor public ne devrait pas recourir à une quelconque forme de financement en raison du faible déficit devant être enregistré ».

Sur l’ensemble de la période 2017 -2019, c’est donc près de 3000 milliards de dinars (environ 26 milliards de dollars) qui devraient être fournis par la Banque d’Algérie pour financer le seul déficit budgétaire.

Les dettes cachées du Trésor public

Ce dont le ministre des Finances ne parle pas ou parle très peu, c’est de la dette contractée par l’État à l’égard d’entreprises comme Sonatrach et Sonelgaz. Une dette qui ne figure pas dans le budget de l’État, mais qui a un caractère récurrent, et extrêmement coûteux, en raison du maintien du dispositif de subvention massive des prix des carburants et des tarifs de l’électricité.

Un besoin de financement hors budget de l’État qui a, selon un expert financier, la particularité d’« être resté dissimulé pendant longtemps dans la trésorerie de Sonatrach ou les comptes des banques publiques ».

Sonatrach a beau avoir les reins solides financièrement, les 900 milliards de dinars (8 milliards de dollars) qui viennent de lui être remboursés par le Trésor public illustrent l’importance de la charge que le système de subvention des carburants fait peser sur la première entreprise du pays.

Le rachat des dettes de Sonelgaz à l’égard de la BNA va sans doute permettre à cette grande banque nationale de souffler mais il ne fait que déplacer le problème vers d’autres banques publiques, comme la Cnep notamment, qui ont pris au cours des dernières années le relais en matière de financement de Sonelgaz.

|LIRE AUSSI : Pourquoi le déficit de la balance commerciale de l’Algérie a fortement baissé en janvier

Les réformes « structurelles » en question

La loi adoptée en octobre dernier précise que le dispositif du financement non conventionnel « est mis en œuvre pour accompagner la réalisation de réformes structurelles économiques et budgétaires, devant aboutir au bout de cinq ans, au rétablissement des équilibres de la trésorerie de l’État et à l’équilibre de la balance des paiements ».

Les informations rendues publiques ces derniers jours confirment de façon très éloquente le poids, pour la seule année 2017, des subventions énergétiques dans le recours au financement non conventionnel.

Au cours des années à venir, les « réformes de structure » risquent de s’identifier de plus en plus clairement, avec la réforme des subventions énergétiques. Pour l’instant, elle a été renvoyée officiellement à 2020 par le gouvernement. Pendant combien de temps la Banque d’Algérie pourra-t-elle jouer, sans dommages majeurs, le rôle de pompier que lui attribue la loi sur le financement non conventionnel ?

  • Les derniers articles

close