Économie

Pourquoi l’Algérie se lance dans la fabrication de tracteurs 4×4

L’Algérie a lancé la fabrication de son « premier » tracteur agricole à quatre roues motrices 4X4 en partenariat avec les Indiens à Sidi Bel Abbès. Cette annonce faite par l’agence officielle intervient après plusieurs tentatives impliquant des constructeurs étrangers.

Cette production devrait permettre de renforcer le parc algérien de tracteurs agricoles et notamment ceux de plus forte puissance munis de 4 roues motrices. Les engins sont fabriqués par la société mixte algéro-indienne Famag-Sonalika.

C’est en 2003, que Omar Terrah, un ex-cadre du secteur public, décide avec d’autres directeurs généraux de développer une activité privée de montage de tracteurs moyenne gamme sous la marque indienne Sonalika.

 

Pourquoi l’Inde s’intéresse au marché des tracteurs

 

 

En mars 2017, il témoigne de son succès dans le quotidien Crésus : « On a donc commencé par importer douze tracteurs de marque Sonalika en avril 2004. On a placé le premier tracteur chez un client à Constantine. Puis on en a placé d’autres à Alger et à l’Ouest du pays jusqu’à placer les douze unités. (…) En termes de vente, l’évolution était exponentielle. De douze, la première année, on est passé à 24 en 2005, puis à 50 en 2006. Il fallait tenir bon car les quantités n’étaient pas importantes. En 2015, on était leaders du marché avec plus de 5000 tracteurs vendus. »

Sonalika mise fortement sur le continent africain. En 2014, un analyste de la revue Matériel agricole   faisait remarquer que cette entreprise indienne « a l’intention d’ouvrir deux nouvelles usines d’assemblage en Afrique en complément des trois qu’il possède déjà au Cameroun, au Nigéria et en Algérie ».

 

Le constructeur estime que le continent africain devrait connaître dans les années à venir un développement des besoins en machinisme comparable à celui que connaît actuellement l’Inde. Selon lui, « 60 % des terres cultivables y sont sous-utilisées et l’Afrique importe des denrées alimentaires. » Cette entreprise développe une stratégie particulière pour conquérir ces marchés, placer des tracteurs « entre des marques occidentales jugées trop technologiques et des produits chinois estimés trop légers. »

Des tracteurs pour accélérer les semis de blé

Le montage de tracteurs 4 roues motrices de forte puissance n’est pas nouveau en Algérie. Déjà, fin 2012 à Constantine, les premiers tracteurs agricoles 4 roues motrices de marque Massey-Ferguson ont été montés. Ils étaient issus de la société mixte algéro-américaine Algerian Tractors, créée en août 2012 entre l’Entreprise de fabrication de tracteurs agricoles (Etrag), l’Entreprise algérienne de distribution de matériels agricoles (Pmat) et le groupe américain AGCO Massey-Ferguson, selon la règle 51/49% relative à l’investissement étranger. Le montage devait concerner 3 500 unités par an.

De son côté, la société privée Tirsam installée à Batna assure le montage de tracteurs étrangers. Il s’agit notamment du modèle 1015 – 4wd.

Disposer de tracteurs 4 roues motrices de forte puissance est indispensable. Dans le cas de la culture des céréales, la fabrication des moissonneuses-batteuses de marque Sampo a révolutionné la récolte. Aujourd’hui, celle-ci peut se faire en vrac. Cependant, les agriculteurs ne disposent pas de remorques de grande capacité et des tracteurs capables de les tirer.

 

Le tracteur légendaire Cirta dépassé

 

Autre problème, le modèle de tracteur Cirta C6807 sous licence Deutz fabriqué à Constantine développe une puissance de 68 CV. Bien que ces tracteurs rendent un service inestimable à l’agriculture locale, leur puissance reste insuffisante pour tirer des outils aratoires et des semoirs de large envergure. Résultat, une durée trop longue des opérations de préparation du sol et de semis. Cette situation se traduit par des retards de semis et des pertes de rendement.

Aussi, la disponibilité de ce type de tracteurs devrait permettre aux agriculteurs de disposer de l’ensemble des outils nécessaires à la culture de céréales, à l’exception de remorques agricoles à 2 essieux et munis de vérins pour un relevage hydraulique.

La production de tracteurs agricoles en Algérie est assurée pour une partie à travers du montage, c’est le cas de Famag, et pour une autre partie par de la fabrication dans le cas de l’Etrag de Constantine.

En 1999, sur les 2 000 tracteurs fabriqués à Constantine, 400 ont été exportés vers l’Irak selon le directeur commercial de l’entreprise à cette époque. L’arrêt des exportations suite à la guerre d’Irak ainsi que la réduction des subventions publiques accordées à l’achat de tracteurs a mis, à différentes époques, l’entreprise en difficulté. Celle-ci s’est alors retrouvée avec des stocks d’invendus.

Une situation qui pourrait se compliquer si l’Etrag décidait de produire des tracteurs 4 roues motrices et qu’en parallèle des opérateurs privés importent des pièces pour assurer une activité de montage pour cette même gamme d’engins.

Les tracteurs à 4 roues motrices sont indispensables pour la réalisation de travaux agricoles. Cependant, pour l’industrie locale, il reste à trouver les entreprises étrangères afin de garantir un partenariat gagnant-gagnant.  

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