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Près de 1200 cas de coronavirus en Algérie : un électrochoc salvateur ?

Près de 1200 cas de coronavirus en Algérie : un électrochoc salvateur ?

Près de 1200 cas de coronavirus sont enregistrés en Algérie au vendredi 3 avril, 1171 précisément, pour 105 décès. Les choses deviennent sérieusement compliquées. Ce chiffre a été atteint en un peu plus d’un mois.

Le premier cas a été diagnostiqué le 26 février. Il s’agissait d’un ressortissant italien travaillant dans le secteur pétrolier et entré en Algérie dix jours plus tôt. L’épidémie avait déjà atteint certains pays européens, comme l’Italie justement, mais pas dans les proportions auxquelles on assiste aujourd’hui. Seule la région de Wubei, en Chine, était encore dévastée.

Début février, personne n’imaginait que l’épidémie allait passer au stade de pandémie et mettrait le monde à l’arrêt. Le 2 du mois, l’Algérie avait envoyé une cargaison d’équipements médicaux à la Chine et rapatrié ses ressortissants, des étudiants, de ce pays.

La nouvelle de l’arrivée du virus en Algérie avait créé une onde de choc à travers le pays. Les gens n’avaient pas tort de s’inquiéter. Trois jours plus tard, le 1er mars, deux cas sont diagnostiqués à Blida, deux femmes d’une même famille, contaminée par un émigré résidant en France. Le virus fera des ravages dans la même famille. Le 7 mars, un premier cas est détecté en dehors de la famille. Le nombre total de contaminations est de 19. Le 11 mars, deux premiers décès sont annoncés à Blida.

Le 12, le jour même où l’OMS déclare le passage de l’épidémie au rang de pandémie mondiale, le virus sort de la région de Blida et atteint Souk Ahras, Skikda et Tizi Ouzou.

Depuis, les choses sont allées très vite. De plus en plus de wilayas sont touchées. Un premier cas est enregistré à Alger le lendemain. Au 15 mars, on annonce le chiffre de 45 cas, 90 quatre jours plus tard, 139 le 21 mars puis 201 le 22 mars. Le jour même, le ministre de la Santé annonce le passage au stade 3 de l’épidémie.

Le nombre de cas détectés en une seule journée explose le 31 mars : 139, contre 73 la veille. Le 3 avril, 185 cas sont diagnostiqués, portant le total à 1171, pour 105 décès. On n’est encore loin des centaines de décès quotidiens enregistrés en Italie, en Espagne ou aux États-Unis, mais la situation devient inquiétante.

Les autorités ont-elles réagi à temps ?

Les mesures de prévention, les autorités avaient commencé à les prendre avant même la détection d’un premiers cas. Le 3 avril, les liaisons aériennes avec les Chine sont suspendues. Le 9 mars, la suspension touche des destinations en Italie, Rome et surtout Milan, devenue pu à peu de nouvel épicentre de l’épidémie. Le 17 mars, toutes les liaisons aériennes et maritimes avec la France sont suspendues. Le 18 mars tous les vols internationaux sont suspendus.

Sur le plan interne, les rassemblements sportifs, culturels, politiques, salons et foires sont interdits dès le 10 mars. Le 12, les écoles et universités ferment sur ordre du président de la République. Le 17, ce sont les mosquées qui subissent la même mesure. Le 19 mars, un confinement total est décrété dans la wilaya de Blida et partiel à Alger.

Sur le reste du territoire, les transports publics sont suspendus et les cafés, restaurants et autres établissements recevant le public sont fermés. Le confinement partiel est étendu à 9 autres wilayas le 27 mars, puis à 4 autres le 2 avril.

Beaucoup de spécialistes estiment aujourd’hui que ces mesures ont grandement contribué à freiner la progression de l’épidémie, pendant que d’autres reprochent aux autorités d’avoir trop tergiversé avant de décréter certaines d’entre elles. Mais il reste que sans ces mesures, la situation aurait sans doute déjà dérapé dangereusement.

Une gestion compliquée

La gestion de la crise n’a pas toujours été facile pour les autorités. Très vite, des tensions sont signalées sur certains produits de première nécessité, notamment la semoule, donnant lieu à des files d’attente et des bousculades propices à une propagation plus rapide de l’épidémie.

Beaucoup de citoyens aussi n’avaient pas pris le risque au sérieux. Alors que des dizaines de cas étaient enregistrés, des fêtes de mariage continuaient à être célébrées, nécessitant l’intervention de la force publique. Même les manifestants du hirak avaient maintenu les marches du 56e vendredi, le 13 mars. Mais elles furent les dernières, puisque celles du 20 mars ont été annulées à l’initiative des activistes.

Pendant cette période, l’Algérie a rapatrié plus de 8 000 de ses ressortissants bloqués à l’étranger. Par précaution, ils ont été mis en isolement dans des hôtels publics et privés. Parallèlement, le pays a dû faire face à la plus dure des épreuves : le manque de moyens matériels pour les professionnels de la santé : masques, combinaisons, réactifs et kits de test, respirateurs…

Dès le 22 mars, le président Tebboune annonce le déblocage de 100 millions d’euros pour l’acquisition des équipements nécessaires. Le 31 mars, il déclare à la télévision que l’État ne va pas lésiner sur les moyens, affirmant être prêt à mettre un milliard de dollars pour endiguer l’épidémie, même si, constate-t-on, le problème n’est pas que d’ordre financier puisque les équipements sont rendus rares sur les marchés mondiaux par la très forte demande.

L’Algérie a aussi fait face au manque de capacités de dépistage. Pendant plusieurs semaines, les tests se faisaient au niveau d’une seule structure, l’institut Pasteur d’Alger. Depuis le 23 mars, des antennes ont commencé à ouvrir à Oran, Ouargla, Constantine et Tizi Ouzou et c’est ce qui explique en partie la hausse du nombre de cas détectés.

Dans l’urgence, tout le monde a appris de cette épreuve : les autorités, les personnels de santé et surtout les citoyens. Jour après jour, les Algériens s’habituent au confinement et les consignes de prévention sont de mieux en mieux observées.

Le chiffre de 1171 cas annoncé vendredi soir devrait servir d’électrochoc salvateur pour tout le monde.

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