Pendant toute la campagne et la pré-campagne de l’élection présidentielle française 2022, l’islam et les musulmans ont été au centre des débats et ont fait l’objet d’attaques en règle de l’extrême-droite notamment, dont une partie a défendu sans complexe l’idée d’une France blanche et chrétienne.
Jamais dans l’histoire politique de la France une élection n’a été autant dominée par des questions liées à l’identité, la religion et l’immigration, reléguant au second plan les véritables préoccupations économiques, sociales et environnementales des Français.
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Autre nouveauté, l’électorat musulman, aussi important soit-il, n’a pas été vraiment courtisé, de nombreux candidats ayant repris la rhétorique de l’extrême-droite faisant des étrangers, les musulmans en particulier, la source des maux de la France.
Le premier tour de l’élection a eu lieu dimanche 10 avril et ses résultats ont confirmé l’extrême-droitisation galopante de la société française, perceptible depuis plusieurs années déjà.
Si le modéré président sortant Emmanuel Macron est arrivé en tête avec 28% des voix, l’extrême-droite a réalisé une performance historique avec Marine Le Pen arrivée deuxième avec 23% et Éric Zemmour, ouvertement raciste, quatrième avec 7%.
Pour la première fois, l’éventualité d’une victoire de l’extrême-droite à la présidentielle n’est pas écartée. Les sondages donnent le président Macron réélu au second tour mais avec une faible avance sur la candidate de l’extrême droite. Les chances que Marine Le Pen de gagner sont donc réelles.
Au vu de la thématique de la campagne, les instituts de sondage ont aussi pensé à affiner les votes de chaque communauté religieuse. Un sondage IFOP réalisé pour le journal La Croix fait ressortir que les musulmans de France ont majoritairement (à 69%) voté pour Jean-Luc Mélenchon, le candidat qui a le plus défendu les musulmans de France face aux attaques de l’extrême droite.
C’est en partie grâce à leurs voix que le candidat de La France Insoumise est arrivé troisième au premier tour avec le score de 22%. Les musulmans de France ont aussi légèrement contribué à la première place d’Emmanuel Macron en étant 14% à voter pour lui. Le troisième candidat préféré des musulmans est, étonnamment, Marine Le Pen (7%).
Un poids électoral non négligeable
Chez les catholiques, c’est l’extrême-droite qui l’emporte avec 27% ayant voté pour la candidate du Rassemblement national et 10% pour Éric Zemmour. 27% d’entre eux ont néanmoins voté pour le président sortant. Seuls 14% des catholiques ont en outre voté à gauche.
Ceux qui ont le plus voté pour Emmanuel Macron sont les protestants (37%). 17 et 16% de ces derniers ont par ailleurs voté pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, respectivement.
Les catholiques ont dont majoritairement voté pour l’extrême-droite, les protestants pour Macron et les musulmans pour Mélenchon.
Le principal enseignement à tirer, c’est le fait que les musulmans sont la communauté dont les voix sont le moins dispersées, puisque plus des deux tiers d’entre eux ont opté pour le même candidat. A un point près, ils auraient propulsé Mélenchon au second tour.
Leur poids électoral n’est donc pas négligeable. Selon des observateurs, les attaques dont ils ont fait l’objet pendant la campagne et la pré-campagne avaient pour objectif de les empêcher de constituer une force électorale, capable de peser sur le cours de la présidentielle.
Au lendemain du premier tour, les attaques ont repris en prévision du second, prévu le 24 avril, avec cette nouvelle polémique sur le hidjab que Marine Le Pen envisage d’interdire même dans la rue si elle est élue. Le vote musulman risque cette fois de s’avérer déterminant.
