
La vocation de Sahel Intelligence, un site autoproclamé spécialisé dans les questions sécuritaires et géostratégiques liées au Maghreb et au Sahel, était connue de tous : dénigrer l’Algérie par le mensonge et l’intox.
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Pour ceux qui en doutaient encore, The New Arab (TNA), un site arabe qui fait, entre autres, du fact-checking, a enquêté.
Guerre médiatique contre l’Algérie : le Maroc pris la main dans le sac
La conclusion est formelle : Sahel Intelligence est un site marocain essentiellement destiné à désinformer quand il s’agit de l’Algérie.
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« Loin d’être le média impartial qu’il prétend être, Sahel Intelligence est un acteur de la guerre de désinformation » du Maroc contre l’Algérie, conclut le média arabe qui a apporté des preuves tangibles.
Complices, les médias marocains reprennent systématiquement les fausses informations sur l’Algérie diffusées par Sahel Intelligence. Cette façon de diffuser des fakes news par plusieurs sources peut parfois induire en erreur les moins initiés.
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L’autre stratagème machiavélique consiste à diffuser des informations exactes concernant d’autres sujets pour mieux faire avaler les couleuvres sur l’Algérie.
Ce n’est pas la première fois que ce site est pris en flagrant délit de manipulation et de mensonge. En 2024, le média arabe de fact-checking Misbar a démontré que l’outil marocain de propagande a utilisé des images d’un accident de voiture de 2016 pour affirmer qu’un haut responsable algérien, avait survécu à une tentative d’assassinat. Sahel Intelligence porte décidément mal son nom.
Outre l’Algérie et son armée, l’autre cible privilégiée de Sahel Intelligence est le Front Polisario. Il est notamment à l’origine de plusieurs fausses informations prêtant à l’organisation sahraouie des liens avec l’Iran.
The New Arab a pu démasquer le plus gros mensonge de ce site qui est de se présenter officiellement comme « un site Web spécialisé proposant des revues stratégiques hebdomadaires de la politique sahélienne, rédigées par des experts et publiées par le cabinet français GIC Conseil, basé à Paris. »
Sahel Intelligence, un site marocain qui porte mal son nom
Sahel Intelligence présente officiellement son équipe éditoriale comme étant composée de Samuel Benshimon, Marion Zunfrey, Frédéric Powelton et Karol Biedermann.
Sur la page « À propos » du site Web, ils sont affublés de fonctions précédentes prestigieuses : analyste au ministère russe des Affaires étrangères, cadre à la Banque mondiale ou encore à Saudi Aramco, et même lieutenant-colonel de l’armée israélienne.
Une simple recherche a permis à TNA de constater qu’aucun de ces rédacteurs n’a un profil public. Un profil LinkedIn de l’un d’entre eux a été trouvé, mais il est peu fourni : il a seulement six abonnés.
Étonnant pour un cabinet de conseil et des spécialistes de la géostratégie internationale.
Inutile de préciser que les tentatives de joindre ces quatre rédacteurs via les adresses fournies sur le site sont restées vaines. « La plupart des serveurs de messagerie du site Web étaient inaccessibles », a constaté TNA.
Même la prétendue société de conseil basée à Paris n’a jamais siégé dans la capitale française, mais à Marseille et a été dissoute en 2010.
L’enquête a aussi permis de faire ressortir que le nom de domaine de Sahel Intelligence n’était pas enregistré en France, mais au Maroc.
Tous ces éléments permettent à The New Arab de conclure que le site Sahel Intelligence, « amplifié par la presse marocaine, représente une opération sophistiquée de blanchiment d’informations qui diffuse une désinformation incendiaire sur l’Algérie et le Front Polisario ».
« L’ensemble des éléments de preuve indique que Sahel Intelligence a été créé par des acteurs basés au Maroc pour diffuser des récits anti-algériens destinés à être blanchis par des médias marocains légitimes », lit-on dans l’enquête.
Une conclusion confirmée par un spécialiste, Riccardo Fabiani, directeur par intérim du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’International Crisis Group, qui a déclaré à TNA que « Sahel Intelligence est nominalement indépendant, mais de facto contrôlé par le Maroc et fait partie de sa campagne de propagande contre l’Algérie et le Polisario ».
Même l’intelligence artificielle, sollicitée par le média arabe, est du même avis, plusieurs chatbots ayant répondu que « les préjugés pro-marocains pourraient nuire à la crédibilité » de Sahel Intelligence.