Azzeddine Mihoubi, ministre de la Culture, a qualifié de « plaisanterie mal placée » les propos de Hamidou Messaoudi, commissaire du Salon international du livre d’Alger (Sila), sur la femme, faits lors d’une émission d’Ennahar TV.

« Dès que j’ai vu ce que M. Messaoudi a déclaré, je l’ai contacté pour lui dire que dans les questions sérieuses, il faut parler d’une manière rigoureuse. Inutile de faire des rapports avec des choses qui n’ont aucun sens. Mais, je ne m’attendais pas à ce que les gens transforment une plaisanterie en polémique. M. Messaoudi s’est excusé. Il n’avait aucune intention de porter atteinte à la femme. Nous refusons toute atteinte à la dignité, à la liberté et à la place de la femme. La femme constitue trois-quarts de la société », a déclaré à TSA, M. Mihoubi, en marge de la générale de la pièce « Omerta », samedi soir, au Théâtre national algérien (TNA) à Alger.

Parlant d’un livre retiré du Sila 2016, « Comment battre la femme », Hamid Messaoudi a ajouté, sur un ton humoristique, que même les hommes méritent d’être frappés parfois et que battre la femme doit se faire « en douceur ».

Contacté, M. Messaoudi a déclaré qu’il n’a à aucun moment fait « l’apologie » de la violence contre la femme ni appelé à « battre » la femme. « Au contraire, j’ai dénoncé, sur un ton léger, les hommes qui ont dépassé toutes les limites en frappant leurs épouses. Je parlais du livre que nous avons retiré l’année passée du Salon sans aucune hésitation », a-t-il précisé.

Les déclarations de M. Hamidou ont provoqué de nombreuses réactions. Un appel a été lancé sur les réseaux sociaux pour « boycotter le Sila », prévu fin octobre 2017 au Palais des expositions des Pins maritimes (Safex).

« Le boycott sera une réponse à ce que nous considérons comme une atteinte aux principes fondamentaux du respect de la personne humaine, une insulte à des années de combat féministe… », a écrit la journaliste Sarah Haidar, initiatrice de l’Appel au boycott publié sur Facebook.

« Je ne commente pas les positions des uns et des autres. Nous sommes en démocratie et chacun est libre d’exprimer une opinion », a répondu Hamidou Messaoudi à propos de cet appel. Il a publié un texte dans la presse dans lequel, il présentait publiquement ses excuses. « Le public du Sila est majoritairement composé de femmes et, en tant que lectrices, mais aussi écrivaines et intellectuelles, leur contribution à la promotion du livre et de la culture en Algérie est fondamentale », a-t-il noté.

Azzeddine Miboubi a rappelé les efforts de Hamidou Messaoudi dans le développement et l’organisation du Sila ces dernières années. « Il faut donc qu’on voit son parcours. Il n’avait aucune volonté de porter atteinte à la femme, c’est clair », a souligné le ministre de la Culture.

Il a souhaité que ceux qui ont appelé à « boycotter » le Sila comprennent mieux la situation et reviennent sur leur décision. « Les portes du Salon leur sont ouvertes, qu’ils soient les bienvenus », a-t-il insisté.