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Quand Bouteflika soutient… le mouvement populaire

Quand Bouteflika soutient… le mouvement populaire

Il y a presque vingt ans, Abdelaziz Bouteflika s’emparait de la présidence de la République à l’issue d’un scrutin surréaliste où les électeurs trouvaient dans les bureaux de vote des bulletins de candidats qui ne l’étaient plus.

Convaincus que les jeux étaient déjà fais, ses six adversaires s’étaient retirés le laissant « candidat unique ».

Qu’importaient les conditions de son élection : en pleine forme, l’élu entendait bien jouir de sa victoire dût-il fouetter un peuple « médiocre » pas au diapason de sa grandeur retrouvée.

« Si je n’ai pas un soutien franc et massif du peuple algérien, je considère qu’il soit être heureux dans sa médiocrité et après toit je ne suis pas chargé de faire son bonheur bien malgré. Je sais rentrer chez moi et y rester pendant 20 ans; je l’ai déjà prouvé pendant le passé », disait-il en 1999.

Vingt ans après, M. Bouteflika est toujours là, si honoré de ses fonctions qu’il entend les poursuivre. Le peuple, a pourtant engagé un mouvement franc et massif contre le cinquième mandat qu’il réclame. Dans une lecture à rebours du message qui lui adressé hier jeudi 7 mars, le candidat déclare presque sa flamme pour ce mouvement qui le conteste.

Dans une lettre aux femmes à l’occasion du 8-mars, le président se réjouit, en effet, de cette « expression pacifique » qui fait envie un peu partout à travers le monde. « J’ai enregistré, il y a quelques jours, la sortie de nombre de nos concitoyens et concitoyennes à travers les différentes régions du pays afin d’exprimer pacifiquement leurs opinions et nous nous félicitons de cette maturité de nos citoyens, y compris de nos jeunes et du fait que le pluralisme démocratique pour lequel nous avons tant milité soit désormais une réalité palpable » a écrit le chef de l’Etat depuis la capitale helvétique où il était censé se requinquer avant la présidentielle.

Le président loue donc la « maturité » des citoyens qui savent s’exprimer « pacifiquement », y compris les jeunes, majoritaires dans les cortèges et plus largement au sein de la population. On croirait entendre un opposant devant cette humilité, surtout lorsqu’on compare ces propos lénifiants aux déclarations guerrières, habillées de rodomontades, du Premier ministre Ahmed Ouyahia.

Aussi bien la lettre aux femmes que celle accompagnant sa déclaration de candidature, sont dépouillées d’arrogance et de vanité. En bon père du peuple, Bouteflika ne manque pas d’appeler à la prudence face au poison de l’infiltration. Mais il s’est délesté de son martinet du père Fouettard, lui préférant le rôle de Saint-Nicolas qui distribue des friandises, en l’occurrence des compliments dans cette missive.

Est-ce possible d’accabler un mouvement qui suscite l’admiration de la planète par son caractère pacifique et disciplinée ? Difficile, surtout que les grandes capitales demandent le respect du droit de manifester des Algériens. Un droit confisque depuis 2001, dans des conditions troubles.

Par cette démarche, les rédacteurs escomptent certainement un retournement de l’opinion vis à vis du président-candidat. Sauf que le message envoyé n’est pas celui d’une volonté de « changement » comme le disent les médias officiels mais du départ du « système » à commencer par la figure qui en est l’incarnation. Ce faisant, ce sont ses zélateurs qui se trouvent privés de recourir à la menace. C’est un autre gage de paix.

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