C’est un camouflet qui ne restera sans doute pas sans conséquences : le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Djahid Zefizef a essuyé jeudi 13 juillet un cuisant échec dans le vote du bureau exécutif de la CAF qui a eu lieu à Abidjan.
Un échec d’autant retentissant que son rival, le Libyen Abdul Hakim Al Shalmani, membre sortant, trône sur une fédération dont le pays est en proie à une crise politique et sécuritaire depuis plus d’une décennie.
Avec 23 voix de différence, la victoire du libyen ne souffre d’aucune équivoque et traduit les limites de l’influence de l’instance dirigeante du football algérien auprès des fédérations du continent.
Perçu comme une humiliation par les amateurs du football algérien, cet échec n’a pas manqué de déclencher une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux.
« Qui aurait pensé que gagner une place au sein de la FIFA ou de la CAF dépendait avant tout de la diplomatie du pays auquel appartient le candidat ? », s’interroge le célèbre commentateur sportif, Hafid Derradji.
« Qu’ils sachent que le vainqueur aujourd’hui du siège au bureau exécutif de la CAF aux dépens de l’Algérien Djahid Zefizef est le libyen Abdul Hakim Al-Shalmani, dont le pays souffre d’une crise politique et sécuritaire depuis des années. Il est passé grâce à son habileté en obtenant 38 voix contre 15 voix pour le représentant de l’Algérie », commente-t-il dans un post Facebook avant de pousser un coup de colère.
La diplomatie sportive algérienne minée par l’instabilité
« Par conséquent, nous ne devons plus permettre à quiconque de se présenter en Algérie à n’importe quel poste s’il n’est pas qualifié et nous ne devons permettre à personne d’assumer des responsabilités dans un pays de la dimension de l’Algérie sans en être capable et habilité ».
Sans être explicite, Hafid Derradji fait probablement allusion aux conditions qui entourent souvent l’élection des responsables au sein des instances footballistiques algériennes, souvent fruit d’arrangements et de rapports de force claniques, d’interférences politiques et d’allégeance.
Des responsables qui se révèlent assez souvent sans vision, ni stratégie peinant même à gérer le calendrier du championnat national. Prévisible, cet échec conclut les errements d’une instance rongée par l’instabilité depuis le départ de Mohamed Raouraoua en 2017.
Une instabilité qui ne donne pas aux titulaires du poste suffisamment de temps pour tisser des liens avec les responsables d’autres fédérations du continent, nécessaires au travail de lobbying et de la diplomatie footballistique.
Mais l’incompétence, comme le suggère Hafidh Derradji, et l’instabilité sont-elles les seules raisons à l’origine de l’échec du président de la FAF à être élu au comité exécutif de la CAF ? Pas seulement.
En raison de contingences politiques internes, l’Algérie qui ne manque pourtant pas d’ambitions au regard de ses ressources et de sa position géostratégique n’a visiblement pas encore intégré le football comme une carte susceptible d’étendre son influence dans le continent, voire au-delà.
Un continent, prolongement naturel du pays, auquel nous avons, il faut bien convenir, tourné le dos durant le règne du défunt président Abdelaziz Bouteflika.
Le football comme stratégie procédant de la « soft power » est éprouvé avec beaucoup de succès par des pays comme le Qatar et l’Arabie saoudite. Avec beaucoup moins de moyens que ces deux pays, le Maroc lui aussi s’est beaucoup investi dans la diplomatie sportive en nouant des partenariats avec de nombreuses fédérations africaines intégrant des aspects comme la formation, l’accueil des stages pour les sélections ou encore des aides pour la construction d’infrastructures sportives.
Et le rayonnement du football local, basé sur un véritable professionnalisme, fait le reste. Au-delà du personnage, l’échec de Djahid Zefizef c’est aussi l’absence de travail de coulisses d’hommes aguerris à l’image de Raouaroua ou du défunt Moh Cherif Hannachi mais qui pour être efficace doit s’appuyer sur une stratégie et une diplomatie sportive agressives. Par certains aspects, le choix porté sur le libyen se décline plutôt comme une marque de défiance à l’Algérie.
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