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Quand Ouyahia s’emmêle les pinceaux en défendant la planche à billets

Quand Ouyahia s’emmêle les pinceaux en défendant la planche à billets

Sidali Djarboub / NEWPRESS

Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a présenté, ce dimanche, devant l’Assemblée populaire nationale (APN) le plan d’action du nouveau gouvernement. Le Premier ministre s’est cependant rendu coupable durant son discours devant les députés d’une erreur factuelle dans son argumentaire défendant le recours de son gouvernement au financement non conventionnel.

Pour défendre le recours au financement non conventionnel, communément appelé planche à billets, Ahmed Ouyahia a présenté comme argument le fait que plusieurs pays occidentaux développés ont utilisé cette méthode. Le Premier ministre en a profité pour au passage dénoncer le double standard établi entre les pays développés et un pays comme l’Algérie. « Quand ma génération était à l’université, on appelait cela création monétaire. Mais quand les pays développés ont eu besoin de ce procédé, ils l’ont appelé financement non conventionnel. C’est pour vous montrer que les règles changent selon leurs intérêts », a affirmé Ouyahia.

Voulant prouver davantage l’hypocrisie des « autres » pays, le Premier ministre s’est cependant risqué à une analogie laissant perplexe. « Dans certains pays, lorsqu’on met quelqu’un en prison, on dit qu’il est mis en examen. Ça sonne beau ainsi. Ils font marcher la planche à billets et ils parlent de financement non conventionnel », a affirmé encore Ouyahia.

Ce que dit Ahmed Ouyahia est cependant faux. Le Premier ministre confond en effet la mise en examen avec la procédure d’incarcération, également appelée l’écrou. La mise en examen n’est quant à elle que le terme utilisé en France pour parler d’inculpation. Cela n’est en aucun cas synonyme de culpabilité pour la personne visée par une mise en examen. Si la mise en examen est parfois accompagnée d’une détention provisoire, celle-ci revêt un caractère exceptionnel.

Ironiquement, l’expression « mise en examen » a remplacé « l’inculpation » dans le langage juridique afin de renforcer le principe de présomption d’innocence aux yeux de l’opinion publique dans les États de droit. En considérant dans un discours que les mis en examen sont ceux que l’on met en prison, Ahmed Ouyahia se rend coupable d’un flagrant délit d’inculture juridique. L’intéressé sera content de savoir que cela n’est heureusement pas sanctionné par le Code pénal.

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