search-form-close
Quelle crédibilité reste-t-il au Bac algérien ?

Quelle crédibilité reste-t-il au Bac algérien ?

NEWPRESS
Nouria Benghabrit, ministre de l'Éducation nationale

Comme en 2016, l’examen du Baccalauréat pour 2017 ne s’est pas déroulé dans des conditions normales. Après des rumeurs sur une nouvelle fuite des sujets sur les réseaux sociaux, une polémique s’est engagée sur l’exclusion des candidats retardataires.

Nouria Benghabrit, ministre de l’Éducation, a déclaré, début mai, que tous les candidats au bac doivent « rejoindre les salles d’examen une demi-heure avant le début des épreuves ». « Tout retard après 09h00 privera le candidat de poursuivre l’examen (…) L’avion ne vous attend pas lorsque vous êtes en retard, il décolle », avait-elle prévenu.

Durant le déroulement du Bac (du 11 au 15 juin), les candidats et leurs parents se sont plaints d’abus et de dépassements dans l’application de ces instructions. Leurs appels ont été relayés par les médias suscitant un vif débat.

| LIRE AUSSI : BAC 2017 : Benghabrit fait état de 69 tentatives de fraude

Cafouillage sur le nombre des « exclus » et des absents

Un débat suivi d’un véritable cafouillage sur le nombre exact des « exclus » du bac en raison du retard. Il y a eu une confusion entre « les absents » et « les retardataires ». Le 15 juin 2017, dernier jour des épreuves, le ministère de l’Éducation a annoncé avoir enregistré « l’absence » de 10.000 candidats au Bac, « ce qui représente 2% de l’ensemble des candidats scolarisés, avec un taux de 11,39 % lors du premier jour, dont 1,56 % des candidats scolarisés ».

Nedjadi Messeguem, inspecteur général du ministère de l’Éducation, a annoncé, quelques jours plus tard, des chiffres plus ou moins détaillés. « Le nombre des retardataires est de 1815. Ces retardataires font partie des absents qui sont au nombre de 10 156 », a-t-il noté.

Ces chiffres, en apparence très précis, ne reflètent pourtant pas tout à fait la vérité puisque le nombre des exclus pour raison de retard ou pour absence est plus important que cela. Plusieurs journaux ont avancé le chiffre de 104.000 candidats. Même le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, ne semblait pas connaître le bon chiffre des candidats « exclus » à cause du retard. « Ils sont un millier, un millier et quelques », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse qui a suivi, l’adoption par le Parlement du plan d’action du gouvernement, vendredi 23 juin.

Dans ce contexte, une question se pose : comment l’identification des candidats « éligibles » à la session spéciale du Bac s’est-elle effectuée ? Mystère.

| LIRE AUSSI : Nouria Benghabrit à TSA : « Avec les nouvelles technologies, il faut être plus sévère afin de garantir l’égalité des chances »

Benghabrit était-elle au courant de la tenue « d’une session spéciale » ?

Lors du vote pour le plan d’action du gouvernement, le soir du vendredi du 23 juin, Abdelmadjid Tebboune, Premier ministre, a annoncé que le président de la République avait décidé de la tenue « d’une session spéciale » pour les élèves arrivés en retard au Bac.

La ministre de l’Éducation paraissait, à l’écran, étonnée d’apprendre la nouvelle en direct. N’a-t-elle pas été informée ? Nouria Benghabrit disait, le 15 juin, que le Bac 2017 s’était déroulé dans de « bonnes conditions ». La décision du Président d’organiser une session spéciale du Bac (du 13 au 18 juillet 2017) est un désaveu clair à l’action de sa ministre. Déjà critiquée en 2016 avec le scandale de la fuite massive des sujets du Bac, qui n’a toujours pas livré tous ses secrets, Nouria Benghabrit doit gérer une nouvelle situation complexe. Les mesures et la vision qu’elle veut imposer au secteur de l’Éducation n’ont pas tout l’appui nécessaire au sein du gouvernement et de la Présidence. Elle ne bénéficie pas de l’appui nécessaire pour mener à bien « ses réformes ».

| LIRE AUSSI : Baccalauréat 2017 : les services de sécurité enquêtent sur la diffusion des sujets sur Internet

Des réformes dont les résultats ne sont pas encore visibles sur le terrain avec la dégradation continue du niveau scolaire, la formation encore incomplète des enseignants et le taux d’échec élevé dans tous les examens. Mme Benghabrit, qui a tenté d’obtenir l’appui des syndicats, ne paraît pas avoir compris qu’en Algérie, le Bac se gère d’abord sur le plan politique, la pédagogie n’intervient qu’après.

Le problème est que la crédibilité de ce Bac est aujourd’hui sérieusement remise en cause en raison d’erreur cumulées dans l’application de ce qui est appelée « la réforme scolaire », de mauvaises décisions et d’absence de prévision et d’anticipation.

  • Les derniers articles

close