Au cours de son déplacement en Algérie mercredi, le président français Emmanuel Macron a proposé au gouvernement algérien la création d’ « une école pour la formation des jeunes en matière de numérique » sur le modèle de « l’École 42 » de Xavier Niel, patron de l’opérateur de télécoms Free. Si pour l’heure aucun détail n’a été donné sur cette antenne algérienne, l’école parisienne – à contre-courant de l’enseignement classique- attire chaque année des milliers de candidats.
Fin mars 2013, après avoir bousculé le marché de l’internet et du mobile – Xavier Niel est connu pour « sa box internet » et son « forfait téléphonique à 2 euros par mois »- l’homme d’affaires français annonce l’ouverture à Paris d’une école d’un nouveau genre. « L’École 42 » – en référence au roman de science-fiction de Douglas Adams « Le Guide du voyageur galactique »- est une école de codage informatique gratuite et accessible sans condition de diplôme aux 18-30 ans.
« L’École 42 est une école différente. Elle est gratuite, ouverte à tous. Trois mille étudiants s’y croisent. Parmi eux, 42% n’ont pas le baccalauréat. C’est un ovni qui, à son échelle, change la France. Mon constat d’entrepreneur est assez simple : les Français, les jeunes en particulier, ont besoin qu’on leur donne envie », expliquait l’entrepreneur français dans un entretien accordé au journal suisse Le Temps en avril dernier.
En rupture avec le système de formation traditionnel (aucun niveau de diplôme n’est exigé pour pourvoir candidater), cette école s’est fixée pour mission de répondre aux besoins du marché du travail. Pour Xavier Niel, le système éducatif français « est coincé entre d’une part l’université, qui propose une formation pas toujours adaptée aux besoins des entreprises mais qui est gratuite et accessible au plus grand nombre » et « les écoles privées, chères, dont la formation est assez qualitative mais laisse sur le côté de la route le plus grand nombre de talents, voire de génies, que nous pourrions trouver en France », explique le magnat des télécoms sur le site de l’école.
Avec un monde numérique en pleine évolution, cette école prévient qu’elle ne délivre pas de formation à des métiers précis, mais qu’elle permet d’acquérir des compétences informatiques de haut niveau. Avec ces acquis en poche (en codage notamment), les diplômés peuvent ensuite prétendre à un panel de métiers différents : développeur informatique ou d’applications mobiles, expert en sécurité informatique, administrateur de réseaux, concepteur de jeux vidéos, etc… À la sortie de cette formation en France, les salaires sont aussi très attractifs : « aujourd’hui, un élève formé à 42, en trois ou quatre ans, entre sur le marché du travail avec un salaire annuel de 42.000 euros brut en moyenne. L’équivalent des meilleures business schools », rapporte le magazine Challenges.
Gratuite, sans condition de niveau d’études, salaire attractif à la sortie de l’école…Sur le papier, 42 est alléchante. Mais si aucun diplôme n’est exigé pour candidater, la sélection est rude, peut-être plus exigeante encore que les concours des formations les plus prestigieuses. Elle commence par des tests de logique et de mémoire en ligne (« pour être certain que tu as les capacités requises pour nous rejoindre » peut-on lire sur le site), puis se poursuit par un check-in ; sorte de grande réunion d’information dans les locaux parisiens.
Une fois ces deux étapes franchies, les plus vaillants doivent passer « la Piscine ». Un marathon d’un mois -y compris les week-end- avec énigmes de codage à la clé pour sélectionner les plus doués et vérifier leurs compétences en informatique. « Chaque matin à 8h42 un nouvel exercice est soumis aux étudiants, tu seras seul(e) pour le résoudre, et ce avant 23h42 », apprend-on sur le site de l’école de Xavier Niel. Si 70.000 candidats s’inscrivent en ligne, seuls 3000 passent l’épreuve de « la Piscine ». Au final, 1000 d’entre eux intégreront cette école.
Une fois sélectionnées, les nouvelles recrues intègrent une école avec une pédagogie novatrice : ici, aucun prof ne donne de cours et les élèves se corrigent entre eux. « Modifier le système, c’est d’abord apporter une formation différente qui ne repose plus sur les choses classiques que l’on voit depuis toujours, c’est à dire un professeur et des élèves, qui s’ennuient, qui en ont marre », explique Xavier Niel. En moyenne, la formation est conçue pour durer trois ans mais elle s’adapte au niveau des étudiants. « Chaque étudiant progresse non pas en fonction d’une classe (où l’élément le plus en retard ralentit tout le groupe) mais de soi-même ».
Début 2017, après trois ans d’existence, l’École 42 a été désignée meilleure école de code au monde par CodinGame, une plateforme qui organise des compétitions de programmation informatique. De quoi la rendre encore plus attractive mais aussi moins accessible aux jeunes non diplômés.
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