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À Oran, l’Église béatifie 19 religieux catholiques assassinés en Algérie

À Oran, l’Église béatifie 19 religieux catholiques assassinés en Algérie

Ce samedi, 19 religieux catholiques assassinés en Algérie pendant la décennie noire, seront béatifiés lors d’une cérémonie qui se déroulera à la basilique de Santa Cruz à Oran. La cérémonie sera célébrée par le Cardinal Angelo Becciu, représentant du Pape. Cette béatification, est « organisée selon une initiative de l’église catholique algérienne, après approbation du président de la République et l’appui des pouvoirs publics », a précisé, ce vendredi, Mohamed Aissa, ministre des Affaires religieuses.

La béatification donnera aux religieux assassinés en Algérie durant les années 90 le titre de « bienheureux » qui correspond à une reconnaissance par l’Église catholique de leur « martyre pour la foi ».

Pendant la cérémonie, première en son genre dans un pays musulman, « mémoire sera faite » des 19 religieux, dont les 7 moines de Tibhirine assassinés au printemps 1996, amis également des 99 imams qui ont été assassinés en Algérie pendant les années de violence terroriste, selon un communiqué des évêques d’Algérie.

Henri Vergès et Paul-Hélène Saint-Raymond, premières victimes catholiques

Le 8 mai 1994, a eu lieu le premier assassinat de religieux catholiques en Algérie. Le frère Henri Vergès, alors âgé de 63 ans, est assassiné dans la bibliothèque de l’archidiocèse d’Alger située dans la Casbah et dont il était le directeur depuis 1988. Trois jeunes hommes sont entrés dans la bibliothèque où venaient étudier des centaines d’étudiants algériens et l’ont assassiné, lui et la sœur Paul-Hélène Saint-Raymon, son assistante.

À un jet de pierre de là, à Bab El Oued, deux sœurs espagnoles appartenant à la congrégation des Augustines sont assassinées le 23 octobre de la même année. Sœur Esther Paniagua Alonso et sœur Caridad Alvarez Martín ont été les cibles de tirs en plein jour, alors qu’elles se dirigeaient à la messe, selon Vatican News. Les deux religieuses catholiques travaillaient dans le quartier populaire de Bab El Oued où elles tâchaient, notamment, de dispenser des soins aux faibles et nécessiteux.

L’année 1994 a connu un troisième épisode de violence meurtrière contre les religieux chrétiens. Le 27 décembre, quatre pères blancs, âgés de 36 à 76 ans, sont assassinés à Tizi-Ouzou.

Jean Chevillard, Alin Dieulangard et Christian Chessel, tous trois Français et Charles Deckers, un Belge qui avait acquis la nationalité algérienne sont assassinés en plein jour, dans la maison des pères blancs par des terroristes déguisés en policiers. Les assassins avaient d’abord tenté d’enlever les religieux, mais face à la résistance de ces derniers, ils les ont tués sur place. Tous les quatre avaient choisi de rester en Kabylie, malgré le risque terroriste et les menaces qui planaient sur eux et tous étaient de fins connaisseurs de la région, selon le Vatican News.

« Je choisis de rester… »

Bibiane Leclercq et Angèle-Marie Littlehohn, deux sœurs missionnaires françaises, ont été assassinées le 3 septembre 1995 à Belouizdad, à Alger. Les deux religieuses qui étaient en Algérie depuis près de 35 ans, travaillaient surtout avec les jeunes filles du quartier, elles leur enseignaient notamment la broderie traditionnelle, selon RCF (Radio chrétienne francophone).

« Je choisis de rester pour répondre à la confiance qui nous est manifestée par tous et toutes et pour être une lueur d’espérance dans cette terre d’Algérie », avait écrit Bibiane Leclercq à sa famille, une année avant son assassinat, lorsque la question de quitter l’Algérie ou d’y rester se posait, rapporte RCF.

Deux mois plus tard, le 10 novembre, Odette Prévost, une religieuse catholique française est tuée à Alger d’une balle qu’elle a reçue en plein front. La religieuse travaillait avec des étudiantes algériennes qu’elle accompagnait dans leurs études.

Les moines de Tibhirine

Les sept moines du monastère de Tibhirine enlevés et assassinés au printemps 1996 sont, parmi les 19 religieux catholiques qui seront béatifiés ce samedi, ceux dont la mort a eu le plus de retentissement, sur le plan national et international mais également, ceux qui ont le plus suscité la polémique.

Les moines Luc Dochier, Bruno Lemarchand, Célestin Ringeard, Christian de Chergé, Paul Favre-Malville, Michel Fleury et Christophe Lebreton, étaient tous français. Ils ont été enlevés de leur monastère, situé en zone montagneuse, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Deux moines, de passage dans l’abbaye sont épargnés car leur présence a échappé aux ravisseurs qui étaient, selon des témoignages, une vingtaine.

Les religieux ne reverront jamais Tibhirine. Le GIA qui avait revendiqué leur enlèvement, a annoncé, le 21 mai de la même année, les avoir tués. Ce n’est que 9 jours plus tard que les crânes des sept moines sont découverts près de la ville de Médéa.

L’évêque d’Oran, 19e « bienheureux »

Pierre Claverie a été évêque d’Oran d’octobre 1981 jusqu’à son assassinat devant son évêché, le 1er août 1996. L’attentat à la bombe qui a coûté la vie à l’évêque et à son chauffeur a eu lieu au soir de la visite en Algérie du ministre français des Affaires étrangères, Hervé de Charette qui s’était rendu sur les tombes des moines de Tibhirine.

Trois jours avant son assassinat, l’évêque avait exprimé, sur les ondes de la RCF, sa crainte d’une « recherche d’attentat spectaculaire pour pallier les effets positifs » de la visite du ministre français. Malgré ses craintes, Pierre Claverie avait également déclaré : « Si nous restons en Algérie, c’est pour donner notre vie pour sauver l’avenir, plutôt que de quitter ce pays pour sauver notre vie ».

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