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En France, le Sénat enquête sur la radicalisation

En France, le Sénat enquête sur la radicalisation

Qu’est-ce que la « radicalisation » et comment prévenir cette notion imprécise que l’on assimile à une disposition à passer à l’action violente ?

C’est à cette question qu’a tenté de répondre une commission d’information sénatoriale française soucieuse de comprendre comment le pays a pu être frappé au cœur par des enfants qui ont grandi dans son propre giron.

Le rapport sur « les collectivités et la prévention de la radicalisation » constate que les attentats ont été perçus parfois comme « une remise en cause des fondements de la société par l’islamisme radical ».

Alors que la lutte contre le terrorisme relève des fonctions régaliennes de l’État, le document veut doter les collectivités locales d’« éléments d’information pour comprendre la radicalisation ». 

Par les chiffres, ce phénomène se traduisait au 1er mars dernier par 17.993 individus inscrits au « Fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste ».

Parmi eux, 7.400 ont été signalés par les préfectures via les états-majors de sécurité, 546 par le public et 5.799 ciblés par les services de police et de gendarmerie. Ceux qui ont été identifiés sur une zone de guerre en Syrie ou en Irak étaient au nombre de 2.046. Parmi eux, 249 sont présumés décédés.

Le rapport observe une « très forte correspondance entre le nombre de départ de djihadistes en Syrie et en Irak et les lieux d’implantation salafistes » que cela soit en France, en Belgique et dans les autres pays d’Europe.

Donc la lutte vise en priorité, voire exclusivement « la radicalisation islamique et les individus en lien avec les cellules salafistes ».

La commission d’information admet que la notion même de « radicalisation » est « ambiguë » et qu’elle est « mal cernée par les acteurs locaux ».

Entre les experts qui privilégient les critères religieux et ceux qui s’appuient sur les facteurs sociologiques, l’écart est large et le désarroi aussi grand. Et les conceptions anglo-saxonnes et françaises de la « radicalité » ne concordent pas tout le temps.

Chez les Anglo-Saxons, « une opinion extrémiste ne peut être combattue tant qu’elle n’occasionne pas de préjudice physique ». Londres a dû attendre d’être frappé en 2005 pour réagir.

En France, on a introduit la notion de « radicalisation cognitive » qui se traduit « en-deçà des actes » violents « par des modes de pensée, de perception et de relation au monde ».

Mais cela pose problème : un risque de suspicion généralisée sur les musulmans alors que la « radicalisation cognitive ne se traduit pas forcément par une radicalisation comportementale ».  

Pour autant, « la tentation de considérer le salafisme comme une variante au fond inoffensive a pu contribuer à retarder les efforts de vigilance ».  

Et donc il vaut mieux prendre en compte sa « radicalité potentielle » qui s’exprime par exemple dans les milieux de la délinquance et en prison. Elle apparaît ici comme une « voie pieuse » et une « occasion de se racheter par une cause sacrée ».

Malgré ces difficultés conceptuelles, les Collectivités locales sont appelées à s’impliquer dans la démarche de prévention car le phénomène a pris de l’ampleur, sans avoir à se substituer à l’État.

La commission d’information leur fournit une série de recommandations. Par exemple, désigner un « référent » radicalisation au niveau politique et administratif, inscrire la radicalisation à l’ordre du jour des conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance, informer les maires lorsque les situations à risque se profilent ou encore renforcer le contrôle des écoles privées hors contrat avec l’État. Cela vise, sans le dire, les écoles musulmanes nombreuses à avoir ouvert ces dernières années.

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