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Ramzy, deuxième martyr de la révolution

Ramzy, deuxième martyr de la révolution

Deux mois de manifestations, deux morts. Le bilan n’est pas trop lourd pour une révolution, mais la perte d’une seule vie humaine constitue un drame. Elle l’est encore plus lorsque la victime est un jeune homme qui n’a pas encore vingt ans, la tête pleine de rêves.

Deux drames donc n’ont pas pu être évités malgré le pacifisme inégalé des manifestants, leur vigilance, leurs slogans de fraternisation avec les forces de l’ordre, bref leur comportement exemplaire depuis le début de la contestation le 22 février dernier.

Le premier décès avait été enregistré dès la deuxième journée de grande mobilisation, le 1er mars. Toute l’Algérie avait été choquée par la mort atroce de Hassan Benkhedda, la soixantaine, dans une bousculade au niveau de la place Addis-Abbeba, et frappée par la symbolique qu’elle représentait : Hassan était le fils de Benyoucef Benkhedda, le président du gouvernement provisoire déposé en 1962 par un coup de force de l’armée des frontières qui donna naissance au système que les Algériens veulent aujourd’hui dégager.

L’ironie du sort a voulu que le deuxième martyr de la révolution populaire survienne un vendredi qualifié de plus calme depuis deux mois. Le 19 avril, alors que les rues d’Alger retrouvaient l’ambiance festive des premières manifestations, le jeune Ramzy, 19 ans, rendait l’âme à l’hôpital Mustapha, après une semaine dans le coma.

Le vendredi d’avant, le plus violent en deux mois, Ramzy avait été touché gravement à la tête. Ceux qui l’avaient acheminé à l’hôpital avaient indiqué au personnel médical qu’il avait reçu un violent coup de matraque sur la tête. La hiérarchie de la police, d’habitude si prompte à apporter des mises au point, ne l’a pas fait concernant ce cas.

On ne sait donc toujours pas avec exactitude ce qui s’est passé le 12 avril vers 19 heures au niveau de la station de Tafourah, dans le centre d’Alger. On sait juste que Ramzy est mort le jour où le pouvoir a testé la manière forte pour tordre le coup à la contestation.

On sait aussi que des vidéos avaient été postées sur les réseaux sociaux, montrant des policiers en train de lancer des gaz lacrymogènes à Tafourah précisément, au moment où les manifestants revenaient de la marche pour rentrer chez eux. Quelques heures plus tôt, la police avait chargé les manifestants au centre d’Alger pour la première fois, utilisant le camion à eau et à son et gazant une foule compacte à la place Audin, à la Grande Poste et même dans le tunnel des facultés. Le courage des manifestants qui n’avaient pas paniqué, avait évité des bousculades et des drames certains. Mais l’irréparable a eu lieu au moment où tout semblait fini.

Ramzy est-il victime d’une violence inutile ? Une enquête sérieuse doit être diligentée pour déterminer les circonstances de ce drame. Le jeune homme a-t-il reçu le coup de matraque sur la tête au moment où il rentrait chez lui ? Qu’il soit victime de la répression ou de l’intrusion de casseurs, il appartient à la police de le déterminer et à la justice de châtier les auteurs. Leur raison d’être, on l’oublie parfois, c’est d’abord de protéger le citoyen…

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