search-form-close
Réactions au retour de Nezzar : entre prudence et lectures politiques

Réactions au retour de Nezzar : entre prudence et lectures politiques

L’information n’a été confirmée par aucune source officielle, mais n’a pas été démentie non plus. Le général à la retraite Khaled Nezzar est donc, jusqu’à preuve du contraire, rentré en Algérie le 11 décembre, comme l’a rapporté le quotidien El Watan dans son édition du 21 décembre.

Si beaucoup d’acteurs de la scène politique attendent une annonce officielle ou une apparition publique du concerné pour réagir, d’autres n’ont pas hésité à s’exprimer sur la question.

Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), a estimé que le droit international ne reconnaissait pas les mandats d’arrêt émis par des juridictions militaires.

Interrogée par Radio M., Mme Assoul a émis le souhait que la haute hiérarchie de l’ANP, « qui a maintenant compris que l’affaire a été montée de toutes pièces par Gaïd Salah, applique la même règle avec tous les détenus politiques et d’opinion. »  

La présidente de l’UCP a dû s’exprimer une seconde fois pour expliquer ses propos, mal compris, selon elle.  Dans une déclaration au site Tariq News, elle a expliqué qu’elle n’était pas l’avocate de Khaled Nezzar, qu’elle ne le connaissait pas et qu’elle ne l’a jamais rencontré.

Sa déclaration à Radio M. constitue, précise-t-elle, une manière de défendre les détenus d’opinion et de demander qu’ils bénéficient du même traitement si réellement le commandement de l’armée compte aller vers un politique d’apaisement, au moment où on évoque l’éventualité d’acquitter toutes les personnes impliquées dans l’affaire de « la réunion ».

C’est sa présumée implication dans cette affaire qui a valu au général Nezzar une condamnation à 20 ans de prison par contumace par le tribunal militaire de Blida.

Karim Tabbou, coordinateur de l’Union démocratique et sociale (UDS, non agréé), se veut plus prudent.

« Je ne peux me prononcer que sur des faits vérifiés et avérés. Est-ce vrai que Nezzar est rentré ? Comment et par quel biais ? Est-ce qu’il y a eu réellement un mandat d’arrêt international contre lui ? », s’est-il d’abord interrogé, toujours sur Radio M.

L’ombre de Gaïd Salah

« La situation de Nezzar comme celle d’autres affaires liées aux personnes influentes au sein du système, ne relève pas du droit mais de la politique et du fonctionnement obscur des institutions de l’Etat (…) Tout se fait contre la démocratie et l’espoir des Algériens à mettre en place un Etat démocratique et de droit », estime-t-il.

| Lire aussi : Toufik, Saïd, Tartag, Nezzar et Louisa Hanoune condamnés : chronique d’un procès pas comme les autres

Pour Tabbou donc, « les différents clans du système pourraient passer des accords, établir des réconciliations et un consensus contre le changement et contre le Hirak (…) Tous ces clans ne cherchent que leurs intérêts et non celui de l’Algérie et du Hirak. Il y a un consensus à l’intérieur du système pour l’empêcher de réaliser de la rupture ».

Mystère

Une lecture politique de l’affaire, c’est ce que fait aussi Saïd Sadi. Dans un post sur sa page Facebook, le membre fondateur et ancien président du RCD évoque également le rôle de l’ancien chef d’état-major de l’ANP dans l’emprisonnement de nombreuses figures du système.

« Le général Khaled Nezzar vient de retrouver l’Algérie de façon aussi mystérieuse qu’il fut obligé de la quitter. Des indices annoncent qu’un autre officier, le général Mediene (dit Toufik), serait sur la voie d’être élargi pour des raisons aussi opaques que celles qui ont provoqué son internement », écrit Said Said.

Pour lui, désormais, Khaled Nezzar et Mohamed Mediene dit Toufik pourraient être blanchis. « Sans préjuger du contenu des dossiers des uns et des autres et en attendant de connaître les dessous et conséquences de ces tractations, on peut supposer que la justice qui fut activée par Gaïd Salah pour éliminer ses adversaires se soumettra avec la même docilité devant les nouvelles instructions qui pourraient blanchir des personnages qui furent ses victimes hier encore. Et l’idée de relancer à nouveau la noria de la violence et de l’opacité risque de séduire les revenants ou leurs délégués si tant est que l’occasion de peser sur les événements leur est donnée », avance-t-il.

| Lire aussi  L’affaire Toufik, Tartag, Saïd Bouteflika et Louisa Hanoune sera rejugée

  • Les derniers articles

close