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Relations avec Israël : les Émiratis vont plus loin dans la normalisation

Relations avec Israël : les Émiratis vont plus loin dans la normalisation

Dans leur entreprise de rapprochement avec Israël, les Émirats arabes unis vont bien au-delà de la normalisation politique, de l’établissement de relations diplomatiques ou du renforcement des échanges économiques.

Ils portent désormais le rapprochement à la sphère religieuse. Selon le ministre de l’Intérieur émirati, des dizaines de religieux musulmans et hébraïques ont participé récemment à une prière commune afin de prier pour les personnels de la santé qui sont aux premières lignes dans la lutte contre la pandémie de Covid-19.

« Dialogue humanitaire entre des personnalités d’Israël et des Émirats pour une prière pour ceux qui sont aux premières lignes afin de sauver des vies face à la pandémie de Covid-19 dans le monde », a indiqué le ministre Seif Ben Zaid Al Nahyan sur Twitter.

Une première peut-être dans l’histoire des deux religions. L’information a été relayée par le site israélien « Israël en arabe » qui précise que des représentants d’autres religions, des chrétiens et des druzes notamment, ont également pris part à la prière organisée dans le cadre de la célébration de la « journée mondiale de la tolérance ». Les deux sources ne précisent pas si les participants se sont rencontrés dans un lieu de culte précis ou s’il s’agit simplement d’une prière commune virtuelle.

Les Émirats et Israël ont toujours entretenu une coopération dans de nombreux domaines, mais cette relation n’a jamais été assumée publiquement, avant la normalisation de leurs relations diplomatiques.

Le dégel des relations entre les États du Golfe et Israël a commencé à se faire au grand jour ces dernières années dans un contexte d’exacerbation des tensions avec celui qui est considéré dans la région comme étant « l’ennemi commun », l’Iran.

Le processus a abouti l’été dernier, sous l’impulsion du président américain Donald Trump, à un accord pour la normalisation des relations entre l’Israël et les Émirats arabes Unis ainsi que le Bahreïn. Les accords pour l’établissement de relations diplomatiques ont été signés le 15 septembre à Washington, en présence de Trump qui, un mois plus tard, annoncera que cinq autres pays arabes s’apprêtaient à suivre la même voie.

Les religieux à la rescousse

« Un jour historique », avait réagi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à l’issue de la cérémonie de signature. Les Émirats et Bahreïn sont respectivement les troisième et quatrième pays arabes à reconnaitre officiellement l’État hébreu, après l’Égypte (1978) et la Jordanie (1994). Si les cinq autres pays annoncés par Donald Trump, et dont les noms n’ont pas été révélés, franchissent le pas, ce serait quasiment la moitié du monde arabe qui reconnaitrait l’Israël, sans contrepartie palpable pour la cause palestinienne.

La reconnaissance des États de la région est un vieux rêve derrière lequel court Tel-Aviv depuis la création d’Israël en 1948. Après l’occupation des territoires palestiniens en 1967, il avait conditionné leur restitution par sa reconnaissance officielle par les États arabes.

Paradoxalement, c’est dans une conjoncture où l’Israël est dirigé par la droite dure avec sa politique de colonisation qui ne laisse presque aucune chance à la solution à deux États, que les annonces de normalisation avec des pays arabes se succèdent.

La cause palestinienne semble avoir été sacrifiée sur l’autel des intérêts économiques et géostratégiques, du moins pour ce qui est des Émirats qui affiche régulièrement ses ambitions d’influence dans la région et au Maghreb.

Bien entendu, le tabou de la normalisation ne pouvait être brisé sans la bénédiction des religieux, la question palestinienne et le statut de Jérusalem, troisième lieu saint de l’Islam, étant perçus depuis toujours comme une cause sacrée pour tous les musulmans.

Aux Émirats, des cheikhs comme Wassim Youcef se sont attelés à justifier la nouvelle orientation des dirigeants du pays. En Arabie Saoudite,  l’imam de la grande mosquée de la Mecque, Abdul Rahman Al-Sudais, a prononcé début septembre dernier un prêche prônant le dialogue et la bonté envers les non-musulmans, notamment les juifs, expliquant que « les croyances différentes, si elles sont sincères, ne doivent pas être un frein aux relations interpersonnelles et aux relations internationales ».

Un prêche qui avait fait dire à beaucoup que l’Arabie saoudite serait le prochain pays à annoncer sa reconnaissance d’Israël. Rien sur le terrain n’est venu contredire cette prédiction, même si certains estiment qu’avec la défaite de Donald Trump à l’élection américaine, les choses risquent de ne pas se passer tout à fait comme prévu.

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