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Rencontre avec le rappeur Fianso : « Je préfère ça que Berçy, le Zénith et la France entière devant moi »

Rencontre avec le rappeur Fianso : « Je préfère ça que Berçy, le Zénith et la France entière devant moi »

Le rappeur franco-algérien Sofiane Zermani, alias Fianso, a chanté pour la première fois à Alger, dans la soirée du mardi 20 juin. Le concert gratuit, qui a eu lieu sur l’esplanade de la Grande Poste, était organisé en partenariat avec l’APC d’Alger-centre dans un but caritatif. L’événement a permis de récolter des dons qui seront redistribués par le Croissant-Rouge algérien.

Entre 20.000 et 25.000 personnes ont assisté au spectacle, indiquent les organisateurs. La soirée a été marquée par quelques mouvements de foule et débordements lorsque des fans ont souhaité s’approcher du chanteur pour se prendre en photo avec lui alors qu’il était sur scène.

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Amine Zemam, directeur de l’Office de promotion culturelle et artistique à l’APC d’Alger-centre, explique : « Ce sont des jeunes qui étaient surexcités de voir une star juste à côté d’eux. Ça peut arriver un peu partout dans le monde. Quand il s’agissait des Beatles, il y avait même eu des morts ».

Répondant aux critiques sur le nombre de policiers sur place, il poursuit : « Il ne faut pas oublier qu’il y avait des événements un peu partout dans Alger dont les deux matchs de foot, la sortie du Premier ministre et l’APN (où a été présenté le plan d’action gouvernemental, NDLR). Je rends un grand hommage aux policiers qui ont quand même pu gérer cette jeunesse surexcitée. On n’a pas vraiment pu savourer la soirée, mais il n’y a pas eu de dégâts, juste des chaises cassées. C’est une expérience acquise et on espère que la prochaine fois ce sera mieux ».

À l’issue du concert, qui a duré un peu plus de 45 minutes, TSA a pu s’entretenir avec le chanteur Fianso, encore ému par l’accueil réservé par un public venu de plusieurs villes algériennes. Entretien

C’est ton premier concert en Algérie ? Qu’est-ce que tu ressens ?

Oui, c’est ma première fois. Je peux arrêter la musique demain, j’ai réalisé tous mes rêves.

Tu t’attendais à ce genre d’accueil ?

Non jamais. Personne ne s’attend à ça. Je n’ai pas fait un concert pour un public. J’ai fait un concert pour un peuple. Ça n’a rien à voir. C’était le concert de ma vie. Je n’ai jamais vécu ça.

Est-ce qu’il y aura d’autres dates en Algérie ?

On va en faire mille. Je ne sais pas quand mais très rapidement. Mieux organisées, dans des salles.

Pourquoi avoir accepté de faire ce concert ?

C’est une décision conjointe avec les acteurs de la vie culturelle ici, l’APC d’Alger, le Croissant-Rouge et tous les partenaires. Nous sommes venus gratuitement et on voulait que ça se passe en public et en plein air.

On voulait le faire à l’occasion de la fête de la musique (le 21 juin, NDLR) mais comme ça tombait le 27e jour du ramadan, on a décalé au 20 juin. Il y a eu beaucoup de bonne volonté, sans enjeu d’argent. On était tous là avec notre cœur. Des partenaires sont restés toute la journée pour monter la scène.

Cette soirée a été faite en accord avec le Croissant-Rouge avec une récolte vouée à être distribuée pendant l’Aïd ou à d’autres occasions. Il y a eu des cadeaux, des jouets, des vêtements qui ont été collectés et qui vont être donnés à des associations ou à des orphelinats pour les nécessiteux. C’est pour cela que nous sommes venus et qu’on l’a fait.

Tu regrettes de ne pas avoir pu finir ton concert ?

Il y a eu de petits arrêts et des conversations mais nous sommes quand même restés 45 minutes sur scène. Les DJ n’ont pas pu mixer avant et après mais il n’y a eu que deux chansons que je n’ai pas pu faire. La sécurité a essayé de me sortir mais je suis revenu plusieurs fois car je ne voulais pas que cela s’arrête comme ça. Sur douze titres, on en a fait dix. On a fait le concert au complet. En vérité, rien n’a été arrêté car à deux chansons près nous avons fait le concert.

Est-ce que tu viens souvent en Algérie ?

Je venais régulièrement, mais là ça faisait quatre ans que je ne suis pas revenu. Cette fois, j’ai eu la chance de visiter la Casbah, de rencontrer tout le monde. Je suis encore sur scène…

Un commentaire sur le public algérien…

C’est le meilleur du monde. On est plus fiers de ce concert que d’un concert à un million d’euros à Berçy. Même avec tout ce monde, même avec la sono qui tombe, je préfère ça que Berçy, le Zénith et la France entière devant moi.

Un mot sur la jeunesse algérienne. Est-ce que tu penses qu’elle partage les mêmes problèmes que les jeunes issus de l’immigration en France ?

Je pense que c’est plus dur pour eux (les jeunes vivants en Algérie) parce qu’en France, il y a plusieurs communautés, il y a les Noirs, les Arabes, les Yougoslaves, les Pakistanais. On est tous mélangés. En Algérie, c’est très dur pour un jeune qui ne trouve pas de travail. Je ne compare pas car on n’a pas les mêmes moyens, ni le même vécu. Nous aussi en France, il y a de la misère, des problèmes, la France ne nous regarde pas mais c’est différent. En Algérie, il y a des histoires différentes… Pour moi, un jeune qui s’en sort ici a plus de mérite qu’un jeune qui s’en sort en France.

Quel message veux-tu faire passer aux jeunes algériens ?

L’Algérie, c’est un drapeau, un peuple. Il n’y a pas de différences, pas de communautés, de kabyle, de sahraoui, chaoui. Pour moi, aujourd’hui on l’a prouvé. Il y avait des gens de partout, des cars qui sont venus de Tizi, de Béjaïa, d’Oran…

La réalisation de clips en Algérie est à la mode chez plusieurs artistes. Il y a eu l’Algerino, The Blaze, Léa Castel. Est-ce que toi aussi tu envisages de tourner un clip ici ?

Bien sûr ! Cette fois, on n’a pas eu le temps de s’organiser. C’est allé très vite, il y a eu beaucoup de journalistes, de médias à voir et à rencontrer. On a visité un orphelinat et on est devenu ambassadeur du Croissant-Rouge. Il nous est arrivé des choses incroyables. On n’a pas eu le temps mais oui j’aimerai beaucoup organiser ça.

Est-ce que tu envisages de travailler avec des artistes ou rappeurs algériens ?

Bien sûr. J’envisage de travailler avec des rappeurs, des chanteurs de rai, de chaâbi, des peintres, des sculpteurs. C’est le début d’un grand chapitre qui ne s’arrêtera pas. On a beaucoup de respect pour ceux qui ont écrit l’histoire de la culture en Algérie et pas seulement les rappeurs. Du respect pour tous ceux qui se battent pour continuer d’avoir des événements culturels en Algérie.

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