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Rentrée scolaire, reprise des vols et des transports domestiques : l’« ordonnance » du Dr Yousfi

Rentrée scolaire, reprise des vols et des transports domestiques : l’« ordonnance » du Dr Yousfi

Dr Mohamed Yousfi, chef du service des maladies infectieuses à l’EPH de Boufarik, explique dans cet entretien les conditions à satisfaire pour la réouverture des frontières de l’Algérie, la reprise des vols et les transports domestiques…

Comment analysez-vous la situation épidémiologique en Algérie avec la décrue notable des contaminations au Covid-19?

Depuis plusieurs semaines, on assiste à une décrue des contaminations au Covid, lente il est vrai comparativement à d’autres pays, de l’ordre de 5 à 10 cas de diminution par jour. La décrue est lente mais elle est là. Il reste deux wilayas où les contaminations demeurent importantes par rapport aux autres wilayas, Alger et Blida, soit de l’ordre d’une vingtaine si ce n’est une trentaine de cas quotidiens. Il y a une décrue stable, certes lente, avec deux wilayas qui restent encore avec un nombre important de cas Covid.

Parallèlement, le nombre de malades en soins intensifs a aussi nettement diminué. Il est important de signaler que cette décrue, nous l’avions amorcée au mois d’avril et nous étions dans une courbe descendante au courant du mois de mai. C’est le non-respect des mesures barrières qui ont fait que vers la fin du Ramadan et de l’Aïd el Fitr, les chiffres ont explosé. La situation actuelle nous aurions pu la vivre au mois de juin, ce qui veut dire que le non-respect des mesures sanitaires nous a fait perdre 2 mois.

Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui, on amorce une décrue, malgré la réouverture des plages et des mosquées et la reprise de plusieurs activités commerciales. Et l’on a bien vu qu’une bonne partie de la population ne respecte pas les mesures barrières ?

Dans tous les pays, l’épidémie évolue avec une tendance haussière, puis un plateau pour ensuite amorcer une décrue. C’est dans tous les pays du monde. En termes d’évolution, c’est clair qu’elle dépend des mesures barrières prises et de leur respect. Je l’ai dit, on aurait pu avoir la décrue fin-mai et début juin, mais parce qu’on n’a pas respecté les mesures barrières, on assiste à cette décrue au mois de septembre. On aurait pu se retrouver aujourd’hui avec des cas gérables.

La situation épidémiologique actuelle permet-elle une reprise du transport aérien et une rentrée scolaire et universitaire sans grands risques ?

Il y a lieu de distinguer deux volets à ce sujet. D’abord, au plan interne. Nous avons dit depuis plusieurs semaines qu’on doit passer par le déconfinement progressif pour arriver au déconfinement total. A condition de respecter les consignes sanitaires, il est clair que du point de vue social et économique, il faudra qu’on libère progressivement tous les secteurs. Il reste à savoir comment appliquer les mesures barrières. Oui, c’est possible d’envisager la rentrée scolaire et universitaire, à condition de respecter les mesures de santé et à la condition que les pouvoirs publics et les départements concernés soient capables d’appliquer le protocole sanitaire qui a été arrêté depuis plusieurs semaines en collaboration avec le ministère de la Santé. C’est aussi le cas pour les activités sportives. Là aussi, si ce n’est pas le huis clos, il faudrait prévoir un nombre réduit de spectateurs dans les stades.

Pareillement, on peut d’ores et déjà entrevoir la reprise du transport interurbain qui pose un grand problème pour les citoyens. Les gens sont en train de souffrir. Cela m’amène à aborder aussi la question du transport aérien domestique qu’il va falloir également sérieusement l’envisager. Il suffit que le protocole sanitaire soit bien appliqué, et surtout il doit y avoir un contrôle. Il ne s’agit pas d’ouvrir et de laisser « à l’appréciation » des usagers et des transporteurs, il faudra contrôler et prendre les mesures nécessaires.

Concernant la reprise des lignes internationales, cette question ne dépend pas uniquement de nous. Elle dépend de la situation épidémiologique en l’Algérie et dans les autres pays. Il ne faut pas aussi occulter l’aspect lié à la réciprocité. La décision de la réouverture revient au gouvernement mais du point de vue épidémiologique, il est clair qu’il va falloir mettre sur la balance la situation dans les pays avec lesquels ou ouvre. C’est au cas par cas.

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